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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 73, janvier-février 2011 > DOSSIER : L’Europe de la crise : Mêmes attaques, mêmes colères

DOSSIER : L’Europe de la crise : Mêmes attaques, mêmes colères

Portugal : un gouvernement socialiste détesté

Mis en ligne le 29 janvier 2011 Convergences Monde

Le 25 mars, le gouvernement portugais a fait voter à l’Assemblée son plan d’austérité, surnommé PEC (Programa de Estabilidade e Crescimento – Programme de Stabilité et de Croissance) qui prévoit de nouvelles coupes budgétaires. Un plan recommandé par la Banque Centrale Européenne et approuvé par seize chefs d’État de la zone euro. Réduction du budget de la santé, des prestations sociales, attaque sur les retraites (passage de 65 à 67 ans). Le gouvernement socialiste de José Socrates n’en est pas à sa première charrette de mesures anti-sociales. Depuis le retour de la gauche au pouvoir en 2005, il les a enchaînées, à l’instar de Sarkozy : remise en cause des conventions collectives, possibilité pour les patrons d’aligner les CDD sans limite, remplacement d’un seul fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Le serrage de vis s’est accentué en 2007. La TVA est passée de 19 % à 21 %. Restructurations dans la santé publique, réductions d’effectifs et fermetures de dispensaires dans les banlieues et les petites villes de province. Idem dans l’enseignement, avec l’allongement des horaires des professeurs et leur affectation à toutes sortes de tâches administratives.

Successions de journées de grève : « Toute ma vie en CDD, c’est non ! »

Mai 2007  : journée de grève générale, dont les hôpitaux et les transports, très mobilisés, mais aussi les travailleurs de l’usine automobile Autoeuropa de Setubal. L’un des slogans d’alors « Toute ma vie en CDD, c’est non », a marqué les esprits. En octobre de la même année, à Lisbonne, la plus grosse manifestation – plus de 200 000 manifestants – depuis la révolution des œillets de 1974.

2008   : grèves des enseignants massives, dont, au plus fort du mouvement, une manifestation de 120 000 professeurs sur les 170 000 existants. Exit la ministre de l’Education, mais les principaux sujets de mécontentement persistent.

4 mars 2010  : grève de la fonction publique contre le plan d’austérité actuel. Le secteur hospitalier, infirmiers en tête, est massivement en grève, après déjà un mouvement de trois jours bien suivi en janvier.

À l’annonce du nouveau plan, ce PEC plus draconien que jamais, appel à une grève générale le 24 novembre très largement suivie, non seulement par les salariés des services publics mais aussi par une bonne partie de ceux des grandes entreprises du privé.

Appauvrissement général… sauf pour les banques

Ces luttes se produisent dans un contexte d’appauvrissement, de peur du chômage et de la précarité : Smic toujours à 460 euros, 10 % de chômeurs officiels dont la moitié ne touche rien, plus de 500 000 travailleurs précaires ayant un statut équivalent à celui « d’auto-entrepreneur » instauré par Sarkozy, qui ne cotisent ni pour l’assurance maladie ni pour la retraite le plus souvent. Deux millions de travailleurs en dessous du seuil de pauvreté sur une population de 11 millions. Beaucoup reprennent le chemin de l’émigration depuis une dizaine d’années, après un répit dans les années 1980 et 1990.

Par contre les banques, Banco Espirito Santo en tête, affichent des bénéfices insolents. Ils ont progressé de 13 % entre 2008 et 2009 et le résultat de la Banque Centrale a même progressé de 24 %. Les banques portugaises, certes bien moins puissantes que les banques américaines, anglaises ou françaises, n’en déploient pas moins un réseau, notamment dans les pays d’Afrique anciennement colonies du Portugal, ou au Brésil. Au moment de la crise des subprimes, elles ont bénéficié d’un renflouement garanti par l’État à hauteur de 20 milliards d’euros, dont 1,3 milliard à fonds perdus pour couvrir les pertes frauduleuses d’une seule banque, la BPN.

Aubaine pour les grandes banques et les groupes capitalistes privés : le programme de privatisation des services publics – Poste, Energie, aéroport, ligne aérienne nationale…– censé rapporter 6 milliards d’euros.

Les organisations syndicales, tout en appelant à des journées de grève, n’en tiennent pas moins un discours sur la nécessité d’assainir les finances et de faire des sacrifices. Elles épinglent plus volontiers les augmentations et primes accordées aux cadres supérieurs (à l’occasion d’une grève des cheminots de la CP) ou aux pilotes de ligne, qu’elles ne mettent en avant des revendications offensives pour les travailleurs.

22 janvier 2011

Anne HANSEN

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