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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 112, mars-avril 2017

PSA Poissy

« Partie de chasse » anti-ouvrière

Mis en ligne le 5 avril 2017 Convergences Entreprises

La chasse anti-CGT continuait à PSA Poissy à la veille des élections professionnelles du 16 mars dernier. Fin 2016, la direction s’était attaquée à six militants de la CGT (menace de deux licenciements et quatre sanctions, au final il y a eu un licenciement et cinq sanctions). Puis la direction a menacé neuf militants CGT de licenciement (dont huit candidats aux élections).

Les faits : vendredi 17 février, une délégation de la CGT est venue au secours d’un salarié sous restriction médicale. La délégation est allée s’entretenir avec son chef pour expliquer qu’il fallait à ce salarié un poste adapté. Le chef en a profité pour se prétendre « séquestré », les neuf cégétistes ont reçu une lettre de licenciement. Parmi eux, le salarié en restriction médicale n’était pas protégé par une présence sur la liste électorale. Il était donc celui qui risquait le plus le licenciement, c’était l’objectif de la direction : décourager tout syndiqué de demander un quelconque soutien des militants CGT.

Avant les élections du 16 mars, le syndicat patronal local FO de PSA Poissy (ex-CSL syndicat encore qualifié de « porte-flingue » en 1999 par le journal Libération), était le premier syndicat du site et au collège ouvrier (42,3 % sur le site et 38,8 % au 1er collège ouvrier devant la CGT qui obtenait 34,2 %, aux élections de 2013). La direction pressentait que son syndicat allait baisser face à la CGT, c’est pourquoi elle a lancé son opération. Mais un autre événement est venu troubler ses machinations.

Un pour tous, tous pour un

8 mars : deux salariés (dont un adhérent CGT) ont une embrouille verbale à l’Emboutissage, une histoire de rien du tout. Le chef de service ne se donne même pas la peine de faire un rapport d’incident. Par contre la direction saute sur l’occasion : deux entretiens préalables à licenciement. Il s’agit d’intimider et de détourner la CGT de sa campagne électorale. Le lendemain : tout l’Emboutissage se met en grève.

10 mars : la direction qui, en tapant trop fort, s’est pris les pieds dans le tapis, ravale sa morgue et s’engage à ce qu’il n’y ait aucun licenciement.

Son dossier pour séquestration du chef étant vide, la direction se résout à requalifier les faits en « isolement et intimidation » et abandonne l’accusation contre quatre militants. Furieuse de la grève de l’Emboutissage, elle continue néanmoins à s’acharner contre les cinq autres. Avec les résultats des élections du 16 mars, elle ne décolère pas.

L’intimidation n’a pas marché

C’est que la CGT est passée premier syndicat chez les ouvriers (premier collège) sur tout le site avec 35 % des voix, devant FO (31,5 %). Tous collèges confondus, FO reste toutefois premier syndicat du site avec 34 % des voix. La direction n’avait pourtant reculé devant rien pour intimider les ouvriers : harcèlements, militants CGT suivis, provocations verbales à leur encontre, dans certains secteurs on empêche de porter un badge CGT sous prétexte que ça raye les véhicules, dans d’autres la hiérarchie passe dans les ateliers pour dire aux ouvriers quoi voter et les accompagnent à quelques mètres de l’isoloir, des militants FO rodent autour et dans les bureaux de vote… Tout cela après des irrégularités constatées sur la préparation des votes par correspondance pour les 2e et 3e collèges…

République bananière…

Le résultat du vote n’a pas plu à la direction. Elle a donc décidé de faire recompter les bulletins, cinq jours après les votes, sans l’accord d’un juge et en l’absence du syndicat CGT bien sûr. À noter que, une semaine après les élections, la direction refuse toujours de donner les procès-verbaux des bureaux de vote aux syndicats !

L’objectif est de donner la représentativité (et les avantages qui vont avec) au nouveau syndicat UNSA qui s’est monté il y a moins d’un an. Fondé par des vieux bureaucrates de FO, c’est un syndicat chargé de rattraper les brebis égarées de FO. Au final, la direction a réussi avec son recomptage à trouver comme par magie plus de 10 % à l’UNSA qui devient ainsi représentatif d’extrême justesse.

… mais l’ambiance a changé

Malgré ses tripatouillages (contestés par la CGT), l’ambiance dans les ateliers est transformée. Le lendemain des élections et les jours suivants, les ouvriers ont chaleureusement félicité les délégués CGT en leur disant « on a gagné ! », des délégués FO se sont fait chahuter. La hiérarchie fait la grimace. Cet enthousiasme pour les scores de la CGT ne remplacera pas une riposte contre les attaques de la direction mais sera utile pour l’organiser. Car elles arrivent en cascade : menaces de réorganisations avec le rachat d’Opel par PSA, suppression de beaucoup de postes prévue pour octobre, possibilité de passer l’équipe de nuit en temps partiel (avec 400 euros par mois en moins), quasi-blocage de salaire depuis cinq ans avec volonté de la direction d’augmenter fortement les prélèvements de la mutuelle obligatoire, etc. En république bananière comme ailleurs, ce qui va compter, c’est le rapport de force que les travailleurs réussiront à imposer.

Le 24 mars 2017, Hersh RAY

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