PSA Aulnay-sous-bois : organiser la riposte
Mis en ligne le 25 septembre 2011 Convergences Entreprises
L’interview accordée au Figaro par le PDG Philippe Varin, ainsi que les premières mesures touchant l’usine de Madrid, confirment la menace de fermeture de plusieurs sites du groupe (en 2014 des sites d’Aulnay-sous-Bois, Sevelnord près de Valenciennes et Madrid), comme le révélait la note confidentielle datée d’août 2010 révélée par la CGT le 9 juin dernier. Ce plan devait rester secret jusqu’au deuxième trimestre 2012, une fois l’élection présidentielle passée.
À Aulnay, cette annonce n’a pas été un coup de tonnerre dans un ciel serein, puisque les effectifs ne cessent de baisser. Avec la fermeture d’une des deux lignes de montage en juin 2008 et la suppression de l’équipe de nuit en octobre 2010, on est passé de 6 200 ouvriers sur le site d’Aulnay en 2004 à 3 500 aujourd’hui, y compris la sous-traitance. Les rumeurs de fermeture prochaine circulaient donc déjà, mais de nombreux ouvriers ont réagi à la conférence de presse de la CGT par le scepticisme, dans l’attente d’une confirmation de la direction. La tâche des militants de l’usine a donc été à la fois de convaincre que ce n’était pas une rumeur de plus et qu’il était possible de s’organiser pour faire face.
PSA s’empêtre dans des déclarations contradictoires
La CGT de l’usine a organisé seule, pendant tout le mois de juin, des réunions régulières, atelier par atelier, secteur par secteur. La présence a été importante à ces réunions. De leur côté, les patrons de PSA s’empêtraient dans des déclarations contradictoires : affirmant à la fois que la fermeture « n’était pas d’actualité » mais refusant de s’engager à quoi que ce soit, déclarant au maire d’Aulnay que le site fonctionnerait jusqu’en 2016 puis se rétractant...
Petit à petit, au début de l’été, une partie des salariés a pris conscience de l’actualité immédiate de la menace de fermeture. On a aussi pu noter le changement d’attitude de nombreux petits chefs, certainement écœurés d’avoir appliqué « loyalement » la politique de la direction depuis des années, pour se voir aujourd’hui menacés de perdre leur emploi. Quelques-uns assistèrent aux réunions d’information de la CGT.
Au fur et à mesure que s’approfondissait la prise de conscience s’est affirmée une même préoccupation chez une majorité d’ouvriers : agir dans l’unité syndicale. La CGT s’est alors adressée à l’ensemble des syndicats de l’usine pour leur proposer de faire signer un texte commun demandant à la direction de s’engager à maintenir tous les emplois et tous les salaires au moins jusqu’en 2016. Histoire de prendre au mot la direction sur ce qu’elle avait dit au maire d’Aulnay, mais ce n’est évidemment pas pour un simple sursis, mais pour le maintien des emplois qu’on compte se battre. En 36 heures seulement, 2 200 travailleurs ont signé la motion, ouvriers mais pas seulement puisqu’un certain nombre de techniciens, d’employés et même de chefs l’ont également signée. Il semble d’ailleurs que, pour le moment, le milieu des ouvriers professionnels et des techniciens soit peut-être plus conscient que les OS de la réalité de ce plan de fermeture, tout simplement parce que des mesures actuelles de réorganisation de leur travail leur en donnent tous les indices.
Plus de mille ouvriers débrayent le 7 juillet
Cette initiative a été suivie par l’organisation d’une assemblée générale commune, le 7 juillet : plus de 1 100 salariés ont débrayé pendant une heure contre la fermeture du site. Les chaînes se sont arrêtées net et, en grande majorité, les chefs n’ont pas essayé de faire pression pour empêcher les ouvriers de débrayer. Un premier débrayage massif avec l’idée de remettre ça en septembre. Ce même jour, une manifestation était organisée dans le Nord à Valenciennes contre la fermeture du site de Sevelnord. Une délégation CGT de Magneto, fournisseur de tôle d’Aulnay, est montée à ce rassemblement du 7 juillet. Il est dommage que les travailleurs des deux usines n’aient pas pu manifester ensemble dès ce jour-là, mais la lutte n’en est qu’à ses débuts. Tout en continuant à mobiliser sur Aulnay, il faudra établir le maximum de contacts entre les différents sites concernés par le plan de fermeture de PSA — et même plus largement que sur le seul secteur automobile car ce ne sont pas les plans de suppression d’emplois qui manquent actuellement — pour préparer par la suite une riposte collective, la plus massive possible.
14 septembre 2011
Lydie GRIMAL
Mots-clés : PSA