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DOSSIER : Guerre au Mali

Ouvriers, paysans nous sommes

Mis en ligne le 18 mars 2013 Convergences Monde

Dans les mines d’or, en 2003, une grève a arraché le passage de la journée de travail de 12 heures à 8 heures. Une seconde grève a éclaté en juillet 2005 à cause des falsifications des contrats qui privaient notamment les mineurs de leurs primes et de toutes indemnités en cas de licenciement. La police malienne est venue au secours de Bouygues : quelque 500 mineurs ont été licenciés, les « meneurs » syndicaux arrêtés, dont cinq accusés d’escroquerie ! Depuis, cette mine, vidée de son or, a été fermée, laissant 1 500 mineurs sur le pavé et une zone dévastée.

En juillet 2012, en pleine crise politique du pays, c’est dans les mines d’or de Sadiola et Loulo qu’a éclaté une nouvelle grève. 500 mineurs grévistes ont à nouveau été licenciés. « Le gouverne­ment ne se soucie pas de ce qui se passe dans les mines. Il n’a pas de pouvoir réel, c’est juste un organe de transition. Cette instabilité est utilisée par les géants miniers comme Anglogold Ashanti qui profitent de la situation et peuvent licencier dans l’impunité la plus totale », protestait un ancien gréviste de la mine de Morila participant à la défense des nouveaux grévistes.

Ce n’est effectivement pas face aux seuls groupes djihadistes du Nord que le gouvernement malien se montre impuissant. Il l’est bien plus encore vis-à-vis des patrons voyous et pilleurs d’or du sud. Avec une différence : il est complice de ces derniers et ce sont leurs intérêts de classe que l’armée de Hollande est venue protéger.

De l’exportation du coton à l’expulsion des paysans

L’agriculture, principale activité du pays et second poste d’exportation avec le coton, a elle aussi connu de 1990 à aujourd’hui, la même vague de privatisations que les activités industrielles et commerciales. Sous la pression des bailleurs de fonds du Mali (France en tête) et du FMI, l’organisme étatique qu’est l’Office du Niger, censé favoriser les travaux d’irrigation des terres, a changé de braquet : privatiser les terres devenait son nouveau credo.

Et l’Office ne se contente pas d’allouer ces terres irriguées à de petites entreprises agricoles privées, à des communautés de village, voire à des associations d’immigrés qui ont rassemblé quelques économies pour financer des équipements et investir dans la culture du riz de leur village d’origine. Une partie des terres irriguées sont maintenant cédées à des trusts agricoles étrangers. C’est ce qu’on appelle les grands projets de développement agricole du pays… qui éjectent les paysans des terres qu’ils cultivaient jusque-là.

Dans un reportage du 17 décembre dernier, RFI citait les propos d’un paysan chassé des terres qu’il cultivait au profit d’une société chinoise, la Covec, une entreprise du BTP chargée des travaux publics à Bamako mais ne négligeant pas d’autres sources de profits.

Il raconte : « Un jour, ils sont arrivés alors que j’étais en train de travailler dans mon champ. Ils m’ont dit que cet espace leur appartenait, qu’ils avaient fait une demande auprès des autorités et que leur demande avait été acceptée. Ce jour-là, il y avait des représentants chinois de l’entreprise Covec, accompagnés par le maire. Moi, je n’avais été prévenu de rien, je n’avais même pas reçu une lettre. (…) Ils m’ont dit qu’ils me paieraient le prix de mes récoltes pendant une année, mais ils ne l’ont pas fait. Pendant un an, je n’ai rien pu cultiver. Ensuite, c’est grâce à la solidarité des habitants du village voisin que j’ai pu nourrir ma famille… »

Interviewé également par RFI, le ministre de l’Agriculture (colonel de son métier) déclarait : « Il faut rappeler que toutes les terres appartiennent à l’État. Ces dernières années, l’État a procédé à des travaux d’aménagements sur la zone de l’Office du Niger, ce qui a évidemment nécessité le déplacement de beaucoup de villages et la redistribution de terres. Cela a produit un peu de mécontentement, mais nous sommes en train de procéder à des explications et, avec un peu de pédagogie, nous pensons pouvoir résoudre ces questions. (…) Il n’y a pas d’accaparement des terres au Mali, et il n’y a pas de corruption à ce niveau. Cela n’existe pas ».

Merci Monsieur le ministre !

O.B.

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Numéro 86, mars-avril 2013

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