Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 63, mai-juin 2009

OTAN en finir… avec toutes les menées impérialistes

Mis en ligne le 30 avril 2009 Convergences Monde

À l’occasion du sommet tenu à Strasbourg et Kehl les 2 et 3 avril derniers, Sarkozy a annoncé à grands renforts de trompette un « retour de la France » dans l’alliance.

Elle n’en était en réalité jamais vraiment sortie. Même si les notables du gaullisme avaient fait du coup d’esbroufe franchouillard de leur chef de file en 1966, le retrait du commandement de l’Otan, un signe d’indépendance et grandeur de l’hexagone.

En 2007, la France finançait 7,5 % du budget total de l’alliance, soit la 5e contribution sur 26 États. Avec les bombardiers Mirage qui ne reviennent jamais à leur base de Kandahar sans avoir largué leurs bombes, le porte-avions Charles-de-Gaulle, ou de simples soldats – tels les 10 morts en août dernier dans une embuscade talibane – l’impérialisme français apporte depuis 2001 sa part de moyens militaires à la guerre d’Afghanistan. Une implication appréciée car l’Otan ne possède pas d’armée propre, mais monte ses opérations avec les armées nationales.

Les seuls programmes auxquels la France ne participait pas jusqu’ici étaient une escadre d’avions radar Awacs, la force de frappe nucléaire et le fameux commandement intégré. Alors quoi de changé ? Le prix, un peu : la contribution française va passer de 138 à 220 millions d’euros annuels. 850 officiers devraient se faire une place parmi l’armée mexicaine de l’Otan (une bureaucratie d’environ 15 000 officiers pour 60 000 soldats sur le terrain). Et l’armée française va apprendre l’anglais.

Une casquette parmi d’autres pour combattre les peuples...

C’est que l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) créée en 1949 sous la houlette des USA comme alliance militaire contre l’URSS (en pl’issueleine guerre froide), a survécu à l’effondrement de l’URSS en 1991. L’ennemi officiel a disparu… mais l’appareil militaire demeure. L’alliance s’est même étoffée depuis qu’ex-démocraties populaires et États baltes s’y sont joints, et qu’Ukraine et Géorgie postulent à en être membres. Sarkozy ne pouvait tout de même pas être en retard sur Saakashvili !

Mais cette alliance militaire n’est pas la seule, et n’a plus forcément le rôle privilégié de ses 40 premières années, en tant qu’alliance des grandes puissances occidentales. Selon la configuration du conflit, selon les alliés qu’elles mettent de leur côté, ou les concurrences d’intérêts entre elles, le chapeau utilisé pour leurs guerres par les grandes puissances, en premier lieu par les USA, change. C’est sous casque de l’Onu qu’elles étaient intervenues en Yougoslavie en 1992. Puis sous le drapeau de l’Otan que l’impérialisme américain l’a fait au Kosovo en 1999, après avoir bombardé la Serbie 4 ans plus tôt et à nouveau cette année-là. Mais c’est en représentant de l’Onu, qu’à l’issue de cette opération militaire de l’Otan, Kouchner a été promu gouverneur de la province. Et si c’est à nouveau la carte de l’Otan qui est utilisée en Afghanistan depuis 2001, l’intervention en Irak en 2003 ne s’est pas faite sous son égide, l’alliance atlantique n’y mettant qu’après coup son petit doigt, chargée de former sur place la nouvelle armée irakienne.

Et ne parlons pas des multiples opérations de guerre en Afrique que les grandes puissances, et en premier lieu la France, mènent directement avec leurs propres armées, ou par le biais de forces de l’Union africaine.

... et une mangeoire

Petit épisode du jeu diplomatique, le come-back de la France dans le commandement de l’OTAN pourrait avoir quelques retombées économiques : outre le marché des armées nationales européennes ou de la future armée commune à l’Union Européenne, Sarkozy escompte peut-être que son geste ouvrira davantage les marchés militaires des autres États membres de l’Otan aux marchands de canons français, dont certains de ses amis proches, comme Lagardère. D’autant que les dépenses d’armements dans le monde font un nouveau bond en avant (un montant record de 1 340 milliards de dollars en 2007 selon le Sipri, soit + 50 % en 10 ans) et qu’au nom de la modernisation et de la mise aux normes de l’Otan des armements des nouveaux membres, les USA imposent aux États d’Europe centrale l’achat d’armes produites par leurs trusts, et font main basse sur une partie de leurs industries militaires.

Otan et au-delà

Alors en quoi le « retrait de la France de l’Otan » changerait quoi que ce soit à l’affaire ? L’armée française serait-elle plus démocratique, humanitaire ? La « France » moins sanglante quand elle agit pour son propre compte (qu’on se rappelle, sans remonter aux guerres coloniales d’Indochine et Algérie, le génocide du Rwanda) que lorsqu’elle le fait sous l’égide américaine ? Les opérations militaires sous « casque bleu » moins à la solde des puissances impérialistes, contre les peuples ?

Heureusement à Strasbourg, les milliers de manifestants qui ont déferlé dans les rues étaient dans l’ensemble bien plus antimilitaristes en général, écoeurés des guerres d’Afghanistan ou d’Irak, quelles que soient la provenance ou la couleur des casques, comme des guerres de la France en Afrique, que ne laissaient entendre les mots d’ordre officiels « anti-Otan » de la manifestation.

Mathieu PARANT

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 63, mai-juin 2009

Mots-clés