Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 89, septembre-octobre 2013 > Grèce

Grèce

Nouvelles attaques contre les classes populaires, nouvelles réactions

Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Monde

Rentrée des classes ? Non, rentrée sociale puisque l’Éducation et des administrations publiques étaient en grève la semaine du 16 septembre. Reconductible pour 5 jours dans le secondaire et pour 48 heures dans les écoles privées. Les deux premiers jours, la participation s’est élevée à 90 %. Un succès à la mesure de l’ampleur du plan de mobilité et de licenciements prévu. Les universités aussi ont été touchées et, à l’annonce des 1 655 « mises en disponibilité » dans le secteur, il a été décidé que la grève serait prolongée d’une semaine encore. Grève aussi du 17 au 19 septembre dans le secteur hospitalier, où le budget de l’État a été réduit de 25 % en 2010 et 2011, avant une nouvelle amputation de 30 % des dépenses de médicaments. Des travailleurs d’autres secteurs se sont joints à ces mobilisations. Sans compter le mouvement d’indignation contre l’odieux assassinat du chanteur antifasciste Pavlos Fyssas, qui a réuni 30 000 personnes.

La reprise des grèves

Les élections législatives de 2012 avaient relégué grèves et manifestions au second plan mais elles reprennent de la vigueur, sous l’impulsion des employés en lutte de la chaîne télévisée ERT. Fermée brutalement pour manque de crédits ! Le 16 juillet, plus de 20 000 fonctionnaires (enseignants, mais aussi employés municipaux ou employés de police qui connaissent eux aussi les mises en disponibilité) étaient en grève et manifestaient. Fin juillet, des centaines de salariés du secteur laitier de l’Épire se réunissaient devant la porte de la laiterie Dodoni et affrontaient la police pour exiger que leur soient payés leurs quatre derniers mois de salaires. Médecins et infirmières étaient déjà en grève le 23 août.

Les appels des grandes confédérations syndicales ne sont pourtant pas à la mesure de la situation : l’ADEDY, confédération du secteur public, a appelé à une grève de 48 heures les 18 et 19 septembre, tandis que la GSEE, confédération du secteur privé, appelait à une mobilisation de 4 heures le 18 septembre. Depuis quatre ans maintenant, ces journées de mobilisations se succèdent, souvent massivement suivies. Mais c’est précisément parce qu’elles le sont qu’elles souffrent de ne pas s’inscrire dans un plan de lutte plus ambitieux.

Pendant que les travailleurs réagissent à ces attaques, le dos au mur, sans mettre leurs forces tous ensemble en action – public, privé, et jeunes des classes populaires et de la petite-bourgeoisie dont les espoirs aussi sont ruinés –, d’autres s’activent à avancer leurs pions politiques, au service de la bourgeoisie.

Les jeux politiciens aussi

L’extrême droite d’abord (voir notre article sur l’Aube Dorée, p.27). Plus la crise écrase les classes populaires, plus les apprentis fascistes s’enhardissent à proposer leurs services musclés aux classes possédantes pour décourager toute mobilisation ouvrière susceptible de mettre un tant soit peu en danger les profits des possédants. « Quand nous deviendrons forts, nous serons sans pitié ! S’il le faut, nous salirons nos mains ! Nous ne sommes pas des démocrates ! », avait déclaré en 2011 le leader de l’Aube Dorée. Il se propose aujourd’hui pour les sales tâches.

À gauche on se prépare aussi, comme d’habitude… mais pour des élections ! Au congrès de juillet de Syriza, coalition de gauche dite radicale, Alexis Tsipras a demandé aux tendances réputées gauchistes de sa coalition de se dissoudre dans un vrai parti plus aseptisé et breveté par la bourgeoisie. Car, si Syriza veut gagner les élections et gouverner ensuite, il lui faut nouer des alliances (en la circonstance plus à droite), et édulcorer son programme en conséquence… On voit bien ce que les politiciens de Syriza, comme nos apôtres en France de la « révolution par les urnes », peuvent gagner à ce genre d’opération : gouverner pour, à leur tour, imposer l’austérité aux travailleurs, se discréditer à leurs yeux, fournir de nouvelles billes à l’extrême droite…

Les dangers sont donc grands, qui menacent les travailleurs.

Sans compter qu’une nouvelle délégation d’huissiers de la Troïka débarque le 23 septembre à Athènes. Ces messieurs vont faire de l’audit ! Vérifier que les attaques contre les fonctionnaires sont bien sur rails, qu’on ne lambine pas à privatiser ou brader les services publics ! En échange, une nouvelle tranche d’« aides » d’un milliard d’euros serait débloquée, qui gonflera encore la dette grecque, accroîtra la misère des classes populaires mais renflouera les caisses des banques prêteuses – toutes les grandes banques européennes.

La situation sociale et politique ne peut donc que se tendre. Et la course de vitesse s’accélérer entre l’extrême droite et le mouvement ouvrier. Ni les appels timorés des confédérations syndicales ni les perspectives strictement institutionnelles de Syriza, n’y préparent les travailleurs. Pourtant, seules des mobilisations ouvrières hardies pourront barrer la route aux sbires de l’Aube Dorée, qui ne sont encore que des nazillons, mais pourraient grandir vite.

Le 20 septembre 2013

Arthur KLEIN

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 89, septembre-octobre 2013

Mots-clés