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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 100, juin-juillet-août 2015

Méditerranée : Les dents de la mer et les requins du nord

Mis en ligne le 27 juin 2015 Convergences

En ce printemps, plusieurs naufrages particulièrement meurtriers ont remis les migrants sous les feux de l’actualité, notamment celui du 18 avril dernier où environ 800 personnes ont péri. L’année 2014 avait vu le quadruplement des victimes, soit 3 000 morts au lieu de 700 en 2013. Et de janvier 2015 à fin mai, on a recensé 1 800 morts en Méditerranée.

Après le naufrage d’octobre 2013 au large de Lampedusa qui avait fait près de 400 morts, le gouvernement italien s’était senti obligé de mettre en place un dispositif nommé Mare nostrum – comme si cette mer n’était qu’à « nous » les peuples latins du nord, interdite à ceux qui viennent des côtes sud ou orientales. Ce dispositif était chargé d’intercepter les bateaux des passeurs mais aussi de porter secours aux embarcations en péril. Il a été jugé trop coûteux et laxiste par les dirigeants européens sous prétexte qu’il incitait les passeurs à lâcher leurs passagers en pleine mer sur des embarcations de fortune à la grâce de leur repêchage par les bateaux de surveillance. Il fut supprimé en novembre dernier, remplacé par Triton, un programme renforçant le dispositif de contrôle des frontières maritimes. Les navires de surveillance se sont repliés au plus près des côtes de l’Union européenne. Résultat : en avril, l’Organisation internationale des migrations, c’est-à-dire l’ONU des migrations – qui cherche à les entraver –, disait craindre un bilan de 10 000 morts d’ici la fin de l’année.

L’immense majorité des morts en Méditerranée proviennent d’Érythrée, du Soudan ou de Somalie en Afrique, ou de Syrie et d’Irak. Autrement dit, de pays ravagés par des guerres civiles. Avant que la crise ne frappe l’Espagne en 2010, les principaux points d’entrée entre l’Afrique et l’Europe étaient le détroit de Gibraltar et les enclaves espagnoles au Maroc, Ceuta et Melilla. Depuis l’Espagne a renforcé les murs et barbelés protégeant ses enclaves, sa police ne s’est pas gênée de tuer plusieurs personnes en tirant des balles en caoutchouc sur des migrants qui tentaient de gagner l’enclave à la nage.

Aujourd’hui, les barques partent surtout de Libye. À Bruxelles, lors du sommet d’avril dernier – qui a décidé d’octroyer de nouveaux moyens à Triton –, certains diplomates regrettaient à demi-mot le « bon vieux temps » où Kadhafi, le dictateur libyen déchu, faisait sur son sol la police pour le compte de l’UE, internait les migrants dans des camps, pour une part construits par l’Italie.

Et en ce début juin, au moment où le gouvernement français décidait d’expulser des migrants du campement de fortune où ils s’étaient installés au métro La Chapelle, à Paris, consigne était donnée à la police de renforcer les contrôles à la frontière italienne pour bloquer ceux qui ont réussi, malgré tous les périls, à atteindre les côtes italiennes. Le 12 juin, 240 étrangers, interpellés près de Menton, ont été reconduits en Italie. Sur une semaine, 1 439 migrants illégaux auraient été, selon le journal Le Monde, interpellés dans les Alpes-Maritimes, dont un millier renvoyé en Italie.

12 juin 2015, Mathieu PARANT

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