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DOSSIER : Premier recul du gouvernement : le CPE enterré… restent le CNE et la précarité

Mantes la Jolie (Yvelines) : Des émeutes de l’automne au mouvement lycéen du printemps

Mis en ligne le 25 avril 2006 Convergences Politique

Mardi 21 février, un groupe d’une dizaine d’élèves entame la première tournée des classes au lycée Saint-Exupery à Mantes-la-Jolie. Le CPE et le CNE choquent tout le monde. Mais dans les classes technologiques la réaction est plus violente, la conscience de ce que représentent de tels contrats pour leur avenir plus vive. C’est aussi dans ces classes que les émeutes semblent avoir laissé le plus de traces. « Faut brûler des voitures pour se faire entendre  » ou encore « le gouvernement, il s’en fout des manifs  » sont des remarques qui reviennent régulièrement.

La police partout...

À midi une quarantaine de lycéens et d’étudiants quittent le lycée pour partir manifester à Paris, très vite rejoints par une vingtaine du lycée Rostand (lycée technique situé à côté). Le petit cortège défile sur l’avenue principale de la ville. Mais au moment de prendre le train, les manifestants se voient demander les titres de transport par la police ferroviaire qui veut faire descendre ceux qui n’en ont pas, sous la menace que le train ne parte pas. Les usagers s’impatientent et commencent à s’énerver. Finalement tout le monde va devoir prendre un autre train, en retard mais sans soucis. À la manifestation suivante ce seront près de 100 personnes qui partiront pour Paris.

À Saint-Exupéry, la première AG réunit une trentaine de personnes. Assez vite, sur l’exemple des universités et du mouvement lycéen de l’année passée la question du blocage est posée. Il est voté pour la prochaine journée de mobilisation et sera mis en oeuvre également sur le lycée Rostand. Il permettra de rassembler un cortège d’environ 400 élèves des deux lycées. L’objectif de cette matinée est de se diriger vers les autres lycées ou l’IUT de Mantes. Sur le trajet la police encadre le cortège et l’ambiance est du coup plutôt tendue. Et quand un jet de pierre atteint une voiture de police, un policier brandit immédiatement sa matraque, menaçant d’arrêter quiconque recommencerait. Le calme ne revient que sur l’intervention des lycéens eux-mêmes.

Arrivés face à l’IUT tout le monde chante « Lycéens, étudiants, solidarité ! » ou « étudiants avec nous ! », mais le cortège n’obtient que quelques saluts de la main. En fait le directeur avait enfermé les étudiants à l’intérieur de l’IUT. Rejoints par une trentaine de lycéens du lycée professionnel Camille Claudel, les manifestants repartent alors, en train, pour débrayer le lycée Condorcet à Limay, où seule une dizaine d’élèves se rallient. Cette montée sur Condorcet n’a paru avoir aucun effet sur le moment, mais la nouvelle a fait le tour des lycées des environs et va faciliter leur mobilisation à venir.

Revenu à Mantes le cortège prend la direction de la Mairie, terme de la manifestation. Il reste alors une centaine d’élèves encore motivés et une mauvaise plaisanterie fait partir tout le monde devant le supermarché du coin où la tension monte entre les lycéens et les policiers qui, casques et flashballs à l’appui, encerclent les manifestants, qui n’ont été à aucun moment violents. Un policier s’approche d’un petit groupe de jeunes resté à l’écart et leur dit « Allez, dispersez vous ! Vous vous avez l’air bien, partez, nous on va s’en occuper de ces petits voyous ! » Finalement, à l’appel des lycéens eux-mêmes tout le monde se disperse dans le calme.

L’ambiance des cités

La fois suivante ceux de Saint Exupéry, rejoint par les lycées Camille Claudel, Condorcet, Senghor (à Magnanville) et Rostand sont près de 800 à défiler dans Mantes. Sur l’avenue les bus et les voitures klaxonnent, témoignant de leur soutien. L’ambiance est très festive, tout le monde chante les slogans, mais une fois à Paris le cortège se casse en deux dans le métro. Le premier cortège regagne Mantes sans problème, mais une bagarre éclate entre des membres du second et des jeunes d’une autre ville, sur la base des traditionnels contentieux entre cités. Un jeune de 15 ans est envoyé à l’hôpital, assez gravement blessé. Les jeunes s’étaient battus sous l’oeil de la police qui n’interviendra que pour gazer tout le monde au moment de la fermeture des portes du métro. Bien évidemment tout le monde est choqué par cette bagarre qui ne peut que faire le jeu du gouvernement. Mais chez certains, l’envie de vengeance est malheureusement plus forte. À la manifestation parisienne suivante, indépendamment du cortège principal, un groupe d’une trentaine de Mantais parcourent les côtés à la recherche de ceux qui ont blessé leur camarade, ce qui déclenche une nouvelle bagarre. Ces jeunes, qui à aucun moment ne s’en seront pris aux manifestants, rejoindront paisiblement le cortège de Mantes aux autres manifestations.

Le nombre de lycéens aux assemblées générales ne cesse de grimper et des actions en direction des salariés s’organisent. Avec la CGT, les lycéens se rendront devant les grilles de Renault Flins, où l’accueil sera chaleureux : « Lâchez pas !  », « C’est bien c’que vous faites, faut l’faire tomber ce gouvernement !  » lancent des ouvriers. Par la suite, souvent avec la CGT, d’autres entreprises seront visitées comme Dunlopillo, La Poste du Val Fourré, les transports TAM, Selmer ou encore Peugeot Poissy avec des étudiants de Nanterre... Mais les lycées iront aussi à la rencontre des travailleurs par des diffusions de tracts dans les bus, au marché du Val Fourré, en participant au rendez-vous proposé par la CGT, ou bien encore par l’organisation d’un meeting à l’appel des lycéens en lutte.

Sur Mantes le mouvement a permis de faire émerger de nombreuses discussions jusque là difficiles : les émeutes de novembre, la politique, la drogue...Le dégoût de la politique politicienne, tout à fait compréhensible, et qui devient trop souvent un dégoût de la politique tout court, est ébranlé par ces perspectives, politiques justement, de lutte contre le gouvernement et le patronat. À tous ceux qui disaient que les manifestations ne servent à rien, que le gouvernement s’en moquait, le mouvement a montré qu’il était puissant et tout à fait capable de faire reculer un gouvernement aussi dur en apparence que celui-ci.

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Numéro 45, mai-juin 2006