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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 94, juin-juillet-août 2014

Livres

Mis en ligne le 14 juin 2014 Convergences Culture

Polars



  • Le jardin des puissants

Bruno Jacquin

Éditions Les 2 encres, octobre 2013, 264 pages, 18 €.


Un journaliste rencontre par hasard dans un village équatorien un ancien mercenaire britannique malade. En échange de soins, celui-ci va lui raconter une mystérieuse opération à laquelle il a participé. John Woodcock est le seul rescapé d’un commando chargé de massacrer des villageois nigériens présentés comme des terroristes. Après ce forfait, il n’a échappé que de justesse à l’extermination de son groupe par... l’armée française. Témoin gênant, il s’est donc réfugié en Amérique latine. Aidé d’un confrère britannique, le journaliste va donc se lancer dans une enquête dangereuse, qui remet en question la version officielle de la mort des villageois peuls. Ce thriller plutôt bien construit met en lumière le cynisme absolu des trusts qui pillent l’Afrique et de leurs hommes de main.

G. R.



  • Les noirs et les rouges

Alberto Garlini

Traduction de Vincent Raynaud

Éditions Gallimard, janvier 2014, 670 pages, 27,50 €.


Stefano, jeune homme révolté, est recruté et manipulé par des groupes néo-fascistes au cours des « années de plomb » italiennes. Utilisé pour mener des attentats sanglants destinés à déstabiliser l’État, dans l’espoir de provoquer un coup d’État militaire et une répression contre l’extrême gauche, il sera éliminé par des commanditaires cyniques, comme on le comprend dès le début. Garlini s’est efforcé d’entrer dans la psychologie des militants d’extrême droite, qu’il décrit avec beaucoup de talent. Il revient à plusieurs reprises sur la période de la fin de la seconde guerre mondiale, qui fut marquée par des affrontements sanglants entre miliciens fascistes et partisans communistes. Le fossé de haine entre noirs et rouges a perduré jusque dans les années soixante-dix, porté par les chemises noires rescapées qui rêvent de revanche. Toutefois, si l’auteur a su faire vivre les « noirs », les « rouges » n’apparaissent pour l’essentiel que comme des étudiants maoïstes non moins violents, dans un roman dont le mouvement ouvrier est singulièrement absent. En dépit de ces choix et d’une certaine fascination parfois déplaisante pour la violence, ces sept cents pages ont du souffle et tiennent le lecteur en haleine.

G.R.

Un roman



  • La mélopée de l’ail paradisiaque

Mo Yan

Éditions Points/Seuil, octobre 2008, 425 pages, 7,90 €.


L’auteur évoque la révolte des petits planteurs d’ail, qui éclata en 1987 dans un village du Shandong au nord-est de la Chine, suite à la mévente de leur production et à l’arrogance des bonzes locaux. Il raconte aussi l’histoire tragique des deux amants rebelles, Jinju et Gao Ma. Ce récit brosse le terrible tableau d’une paysannerie pauvre, pétrie de superstitions et prisonnière de traditions archaïques. Cette Chine rurale est sous la coupe de responsables locaux qui rançonnent les malheureux, se servant de la loi pour assurer leur impunité et cacher leur incurie.

Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012 et écrivain officiel qualifié par un dissident d’ « apparatchik nobélisé », surprend néanmoins par le contenu subversif de ce roman, achevé en 1987 : un réquisitoire implacable contre la corruption des cadres, la brutalité de la police et les conditions faites aux prisonniers.

Charles BOSCO

Une saga



  • Les rouges

Pascale Fautrier

Éditions du Seuil, avril 2014, 549 pages, 23 €.


Pascale Fautrier, qui milita brièvement dans le courant dit « lambertiste » du mouvement trotskiste, dans les années quatre-vingts, s’est lancée dans une longue saga, qui débute avec les révoltes du Moyen-Âge pour finir avec l’effondrement des partis communistes staliniens.

La plus grande partie de ce pavé est consacrée à des générations de militants socialistes et communistes qu’elle présente comme ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents. La description de leurs conditions de vie et de leurs réactions aux grands événements qui ont marqué l’histoire du mouvement ouvrier ne manque pas d’intérêt.

En revanche, la dernière partie sombre dans un nombrilisme assez ridicule quand elle évoque sa vie personnelle et ses amours déçus avec... Cambadélis (actuel Premier secrétaire du PS), pour qui elle éprouve une sorte de fascination. Toute une partie du livre est d’ailleurs présentée sous forme de dialogues entre « JC » (Jean-Christophe Cambadélis) et elle. La description des mœurs de ses anciens camarades, dont certains ont fait depuis des carrières de ministres, ne manque pas d’humour mais paraît bien anecdotique par rapport au sujet de son livre. Il est vrai que Pascale Fautrier annonce la couleur avec une couverture qui montre un drapeau rouge en berne et illustre ainsi son propre renoncement.

Elle se revendique aujourd’hui de la « vigilance citoyenne » et se réjouit qu’une révolution n’ait pas porté ses anciens amis au pouvoir. En dépit de ses côtés irritants, son gros pavé n’est pas inintéressant.

G.R.

Témoignage



  • Femen

Anna, Inna, Oksana et Sasha, avec la collaboration de la journaliste Galia Ackerman.

Éditions Calmann-Lévy, mars 2013, 270 pages, 17 €.


Cet ouvrage retrace l’histoire individuelle et le combat collectif de ces quatre femmes ukrainiennes à l’origine du groupe international de féministes radicales que sont les Femen, connues pour manifester poitrine nue recouverte de slogans.

Le combat de ces femmes courageuses a commencé sur la Place Maïdan à Kiev, en juillet 2008, pour protester contre les coupures d’eau dans des quartiers entiers de la capitale.... par une baignade collective dans les fontaines de la place. Il a continué et s’est radicalisé. Il a aussi élargi son action pour devenir un combat international contre les religions et les dictatures, en Biélorussie ou en Russie, contre la prostitution et pour le féminisme, y compris en France contre les opposants au « Mariage pour tous » !

En Ukraine même, si les Femen ont vu la « Révolution orange » de Viktor Iouchtchenko d’un œil plutôt favorable et en gardent un « souvenir génial », elles ont déchanté assez rapidement en devenant des opposantes à Ioulia Timochenko (une des figures de la « Révolution orange », oligarque parmi d’autres) et au régime de Viktor Ianoukovitch. Elles semblent actuellement pleines d’illusions sur les bénéfices d’un rapprochement de l’Union européenne avec l’Ukraine.

Ces quatre Ukrainiennes ont été très influencées par le marxisme et la lecture de « la Femme et le Socialisme » d’August Bebel, dans une période où il était de bon ton de rejeter le marxisme après la fin de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine. Elles ont connu la prison et ont craint pour leur vie, surtout en Biélorussie où elles avaient décidé de faire une action le 19 décembre 2011 pour « commémorer l’anniversaire de la répression  » et soutenir les prisonniers politiques biélorusses. Elles considèrent le combat qu’elles mènent comme du « terrorisme pacifique », c’est-à-dire un exemple pour alerter et réveiller les consciences. C’est là aussi une des limites de ce mouvement.

Un livre intéressant, vivant, mêlant leur histoire individuelle et leur parcours politique en Ukraine comme à l’étranger.

Paul GALLER

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