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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 60, novembre-décembre 2008 > DOSSIER : Leur crise... et nos moyens de sauvegarde

DOSSIER : Leur crise... et nos moyens de sauvegarde

« Libéralisme » ou « interventionnisme » : La béquille de l’État, une constante !

Mis en ligne le 2 décembre 2008 Convergences Société

Le développement de la crise actuelle pousse les États des différents pays à intervenir massivement auprès des banques et grandes entreprises. Il ne s’agit pas de solutions nouvelles. D’une façon fondamentale, l’économie capitaliste ne peut survivre que par la béquille étatique. Depuis l’émergence du capitalisme, les bourgeois ont toujours demandé à l’État d’intervenir pour leur assurer des marchés d’État juteux (marché de l’armement par exemple) ou pour prendre en charge des secteurs clés jugés pas assez rentables (éducation, santé, etc.). L’intervention étatique prend une autre dimension et d’autres formes en période de crise majeure. Les interventions économiques des États se font alors de façon quasiment identique, qu’il s’agisse de régimes totalitaires ou se réclamant de la démocratie, de gouvernement de droite ou de gauche, comme le montre l’histoire du XXe siècle.

La crise des années 1930

Il n’y eut pas que les États-Unis, avec le New Deal (voir ci contre), pour pratiquer une politique économique étatique. En Europe, ce furent les pays fascistes, l’Italie et l’Allemagne, qui menèrent la politique interventionniste la plus importante. En Italie, Mussolini créa l’IRI (Institut pour la Reconstruction Industrielle) qui aida les grandes entreprises en difficulté en injectant des sommes très importantes. L’État italien prit par ailleurs le contrôle d’une partie de l’économie : 100 % de la sidérurgie de guerre, 80 à 90 % de la construction navale, 80 % du secteur bancaire. Ce fut l’Allemagne nazie qui connut la plus grande emprise de l’État sur l’économie. Avant l’arrivée des Nazis, l’État allemand avait nationalisé beaucoup d’entreprises et de banques au bord de la faillite. Le gouvernement nazi renfloua ces grandes entreprises, mit en place des sociétés d’économie mixte permettant de transférer les fonds publics vers les capitaux privés, créa des industries d’État (mines de fer, usines métallurgiques non rentables) et privatisa les secteurs redevenus rentables. L’État nazi lança par ailleurs de gigantesques programmes de grands travaux — autoroutes, stades, bâtiments officiels, etc. Mais c’est essentiellement par l’industrie d’armement que les Nazis permirent aux grands bourgeois allemands de sortir de la crise.

Au sortir de la guerre

La France connut une vague de nationalisations juste après la Deuxième Guerre mondiale. Le gouvernement de De Gaulle qui prit en charge la modernisation et la reconstruction de l’industrie française en mettant sous le contrôle de l’État le secteur bancaire, certaines infrastructures (chemin de fer, électricité) et une partie de l’appareil industriel du pays. Les nationalisations furent très importantes, toutes faites avec de fortes indemnités pour les propriétaires des entreprises (Banque de France, GDF et EDF, SNECMA, Renault, les entreprises de charbonnages, etc.). Pour faire payer cette politique aux travailleurs, De Gaulle put compter sur les quatre ministres du PCF. Les slogans du PCF étaient alors « produire d’abord, revendiquer ensuite ».

La Grande-Bretagne, également fragilisée par la guerre, nationalisa la banque d’Angleterre, le gaz et l’électricité, les chantiers navals, l’aéronautique et d’autres industries. L’Italie, qui avait déjà nationalisé pas mal de secteurs sous Mussolini, continua dans ce sens.

Les décennies d’après guerre

En 1974 la sidérurgie française connut par exemple une crise sévère. Ce fut un homme politique de droite, Raymond Barre, qui fit de l’État un actionnaire majoritaire d’Usinor et de Sacilor et transféra à l’État les dettes énormes de ces entreprises. Au début des années 1980, le gouvernement de Mitterrand procéda à des nationalisations, permettant d’injecter dans les industries nationalisées des fonds pour moderniser ces industries à une époque où les investissements privés étaient très faibles. Le journal pro-patronal The Economist écrivait en mars 1986 : « Les géants industriels nationalisés par le premier gouvernement Mitterrand ont gagné en marge de manœuvre et ont pu dégraisser davantage que lorsqu’ils appartenaient au secteur privé sous les gouvernements de droite » . Ces mêmes géants industriels, devenus rentables, étaient fins prêts pour la vague des privatisations qui a suivi.

Reagan, en même temps qu’il prônait, pour juguler l’inflation, une politique d’austérité et de réduction des dépenses publiques, lançait à partir de 1984 sa « guerre des étoiles », un vaste plan de dépenses militaires destiné à booster les industries de pointe en leur fournissant un miraculeux marché. C’est « l’ultralibéral » Bush qui a mené la politique actuelle de soutien massif aux entreprises américaines en difficulté. C’est Sarkozy qui vient d’annoncer son « fonds souverain » au service des grandes entreprises françaises. À l’inverse, c’est le gouvernement de gauche de Jospin qui privatisa le plus dans les dernières décennies en France, avec un ministre PCF (Gayssot) qui amorça la privatisation d’Air France et de la SNCF.

Alors, étatisation ou privatisation de l’économie ? Tout dépend de qui contrôle l’État ! Dans le Programme de transition écrit en 1938, Trotsky posait comme mot d’ordre l’expropriation des banques, en ajoutant : « Cependant, l’étatisation des banques ne donnera ces résultats favorables que si le pouvoir d’État lui-même passe entièrement des mains des exploiteurs aux mains des travailleurs » .

André Lecluse

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Réactions à cet article

  • Très bon rappel. Mais il convient de préciser que l’économie d’armement nazi n’a sorti la bourgeoisie allemande de la crise que provisoirement. Comme dit en conclusion de l’article sur le New Deal, seule la guerre a sauvé le capitalisme, et non l’économie de guerre elle-même. Dans la perspectivve actuelle, il est important de rappeler combien la guerre est à terme une nécessité pour l’économie capitaliste, afin de détruire les forces productives excédentaires.

    A signaler qu’au même moment où l’économie de guerre se développe dans les pays fascistes et que le New Deal s’impose aux États-Unis, un autre pays met en branle une économie de guerre : l’URSS. Il ne s’agit pas là évidemment d’intervention de l’État dans le marché capitaliste, mais il est intéressant de remarquer que là aussi il y a militarisation de l’économie, autour des plans quinquennaux, avec l’accent mis sur l’industrie lourde, l’accentuation de la dictature au détriment des éléments d’autonomie de la classe ouvrière qui pouvait encore subsister, et l’effort idéologique pour unir toute la population derrière l’État en écrasant toute opposition.

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