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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 80, mars-avril 2012

Les travailleurs grecs contre l’austérité

Mis en ligne le 25 mars 2012 Convergences Monde

C’est au son des grenades lacrymogènes lancées sur les manifestants que le parlement grec a adopté, le 12 février, le nouveau plan d’austérité, condition imposée par l’UE, le FMI et la BCE, avant de déclencher les plans dits de « sauvetage » du pays, restructuration de la dette et nouveaux prêts, concoctés par ces trois organismes et une brochette d’experts choisis par les banques.

Si la manifestation a rassemblé tant de monde ce jour-là (80 000 manifestants dans les rues d’Athènes), et révélé tant de colère – certains bâtiments ont même été incendiés –, c’est que ces nouvelles mesures d’austérité sont d’une violence inouïe !

Saignés à blanc

Ainsi, le salaire minimum se voit amputé de 22 % par rapport à son niveau de janvier et passe à 460 euros net. La baisse sera même de 10 points de plus pour les moins de 25 ans établissant le Smic autour de 400 euros. Comment vivre avec un tel salaire alors que les prix sont comparables à ceux pratiqués en France ? Les retraites de plus de 1 000 euros seront diminuées de 20 %. La retraite minimum chute à 392 euros. 150 000 postes seront supprimés dans la fonction publique entre 2012 et 2015 alors que le taux de chômage dépasse les 20 %. L’allocation chômage tombe à 356 euros et ne peut être touchée qu’un an. Dans les entreprises, la flexibilité est accrue. Les dépenses de médicaments seront amputées de plus d’un milliard d’euros ! Et la liste de telles attaques est encore longue.

Des luttes locales et isolées…

En dehors même des grandes journées d’action syndicales, suivies au-delà même des intentions des organisateurs, les réactions du monde du travail sont multiples, dont la presse parle moins, mais qui montrent la combativité.

Depuis octobre 2011, les 400 ouvriers de l’aciérie d’Aspropyrgos dans la banlieue d’Athènes sont en grève illimitée. La direction avait licencié 65 ouvriers refusant le nouveau plan imposant une journée de travail de 5 heures et une baisse de salaire de 40 %, soit 435 euros de moins par mois sur des salaires qui dépassaient tout juste les 1 000 euros. Aussitôt les 400 ouvriers ont débrayé, et la direction a voulu surenchérir en annonçant un plan de licenciement de 180 salariés. La grève a continué. Et le 17 janvier la confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) a appelé, en solidarité, à une grève générale de 24 heures dans la région de l’Attique (la région d’Athènes et du Pirée qui représente à elle seule la moitié de l’économie grecque). En réalité, la confédération avait déjà accepté le fond du projet patronal, ne demandant plus que la réembauche ou la retraite anticipée des ouvriers congédiés. Si bien que, malgré le succès de cette journée, le mouvement est resté isolé. Même le syndicat lié au Parti communiste, PAME, influent dans l’entreprise, n’est pas allé beaucoup plus loin : il voulait faire de cette journée du 17 janvier un moment fort (« Faire de toute la Grèce un Elliniki Halivourgia », le nom de l’entreprise) pour montrer son caractère combatif plus que pour tenter d’étendre le mouvement. Dans la tête des bureaucrates syndicaux se profile surtout la perspective des prochaines élections législatives. Elles devaient avoir lieu en avril.

Pourtant, d’autres entreprises sont concernées par les mêmes mesures : aux chantiers navals de Perama, près d’Athènes, où la direction exige une diminution de 50 % des salaires ; dans les industries textiles où la fédération patronale voudrait revenir sur la convention collective sectorielle, notamment pour modifier le nombre de jours de travail par semaine et baisser de 50 % les cotisations sociales.

…vers une mobilisation générale ?

D’autres luttes sont en cours. Depuis le 22 décembre, les 800 travailleurs de l’entreprise qui édite le journal Eleftherotypia, des journalistes aux techniciens, des nettoyeuses aux employés, sont en grève reconductible parce que le patron ne leur verse plus leurs salaires depuis le mois d’août. Ils éditent leur propre journal.

Dans le nord de la Grèce, ce sont les agents hospitaliers de Kilkis, non payés depuis des mois, qui occupent l’hôpital depuis février. Dorénavant, toutes les décisions y sont prises par les travailleurs en assemblée générale. Ceux-ci appellent à la multiplication et à la coordination de telles initiatives, partout où les travailleurs ne sont plus payés, partout où les patrons aggravent les conditions de travail et où les syndicats n’organisent pas de réaction à la mesure de la situation.

Ce serait bien la seule façon pour les travailleurs grecs de ne pas se laisser écraser par l’avalanche d’attaques dont ils sont la cible depuis le début de cette crise, dite de la dette, en octobre 2009.

14 mars 2012

Arthur KLEIN

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Numéro 80, mars-avril 2012

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