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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 113, juin-juillet-août 2017

Les sous-traités de l’Automobile

Mis en ligne le 9 juin 2017 Convergences Entreprises

La lutte des salariés de GM&S, ça ne vous rappelle rien ? En 2009, les 366 salariés d’un autre sous-traitant de Renault avaient également menacé de faire sauter leur usine, et organisé une manifestation nationale. Sous un soleil de plomb, plusieurs milliers de personnes, dont des dizaines de délégations d’entreprises, avaient défi lé de l’usine menacée de fermeture à la mairie. C’était il y a huit ans : l’usine New Fabris à Châtellerault venait d’être mise en liquidation judiciaire.

En fait dans la dernière décennie, les fermetures de sites et les licenciements parmi les équipementiers automobiles ne se comptent plus : Molex, DMI, Mecaplast, Trèves, TRW, Mahle-Behr, Faurecia, Metal Temple, Visteon, Gestamp, Brose Automotive, Harman...

D’autres sont toujours sur la sellette (et pour certains en lutte), comme les 207 salariés de FVM technologies en Lorraine, une fonderie qui travaille pour Renault et qui est en redressement judiciaire. Ou les 440 salariés de SAM à Viviez dans l’Aveyron, un autre sous-traitant de Renault également en attente d’un repreneur. Il y a aussi Sermi à Annecy, Alfisa en Espagne ou encore Nobel plastiques à Vitry-le-François dans la Marne, où 120 suppressions d’emplois sur 280 sont programmées.

Depuis 10 ans, les grands constructeurs automobiles, qui font la pluie et le beau temps parmi leurs obligés, sont à la manœuvre, bien aidés par les gouvernements successifs. En 2009, ils ont même créé le « Fonds de modernisation des équipementiers automobiles » (FMEA), doté d’une enveloppe de 600 millions d’euros apportée par Renault, PSA et l’État. Pour Renault et PSA, la « modernisation » consiste à mettre en concurrence les équipementiers pour tirer leurs coûts vers le bas. Pour les salariés, c’est bien souvent celle en vogue à Pôle emploi qui les attend.

Les constructeurs ont mis au point toute une stratégie. Ainsi, avant de lâcher un fournisseur pour un autre moins cher, ils pratiquent ce qu’ils nomment le « double sourcing ». Renault ou PSA demandent en secret à chacun des deux fournisseurs de fabriquer les mêmes pièces. Puis ils basculent plus ou moins progressivement leurs commandes de l’un à l’autre. Lorsque les salariés du premier fournisseur se rendent compte que son carnet de commandes se vide et se mettent en grève, il y a alors peu de risque que les usines d’assemblage de Renault et PSA soient bloquées faute de pièces : elles peuvent déjà être livrées par le nouveau fournisseur.

Cette stratégie perfide ne laisse guère de marge de manœuvre aux salariés menacés de licenciement. D’où les bonbonnes de gaz et leurs appels à la solidarité. Le gouvernement et le Medef craignent alors une seule chose : que leur colère se répande d’une entreprise à l’autre, que les luttes s’étendent et convergent. Une stratégie amorcée à l’époque par les salariés de New Fabris, et qui reste plus que jamais d’actualité.

Gilles SEGUIN

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Numéro 113, juin-juillet-août 2017