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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 75, avril-mai 2011 > DOSSIER : Le nucléaire en question

Les origines du mouvement antinucléaire en France

Si les premiers écologistes ont commencé à dénoncer le nucléaire – surtout militaire – dès les années 1950, le mouvement prend une ampleur et une direction nouvelles avec le programme électronucléaire de 1974.

À Creys-Malville, la contestation du surgénérateur Superphénix rassemble, le 31 juillet 1977, plus de 50 000 manifestants. La réponse policière fait un mort et plusieurs blessés graves. En 1979, Cherbourg est le théâtre des mêmes affrontements. Conjugué à une agitation ouvrière qui débouche quelques mois après sur une nuit d’émeute dans le centre-ville ; la ville est occupée en permanence par des cars de CRS. Les manifestants s’opposent alors au projet de centrale à Flamanville et au transport de déchets nucléaires à destination de l’usine Cogema, toute proche de La Hague.

Les antinucléaires font le choix d’une campagne d’information conclue par un referendum militant sur le nucléaire. Son résultat, légèrement favorable au nucléaire, comme la faible participation, exprime d’abord la pression du chantage à l’emploi. Localement, le seul employeur important en-dehors de Cogema est… l’arsenal fabriquant les sous-marins nucléaires dont l’armement atomique justifie la production de plutonium.

Dans l’Ouest de la Bretagne, en revanche, un mouvement antinucléaire très populaire se cristallise dès le lancement du programme électronucléaire autour d’un réseau de plus de 80 Comités Locaux d’Information sur le Nucléaire. En sont membres des jeunes, lycéens, paysans, ouvriers, et, last but not least, des femmes de marins. Un contexte de marées noires récurrentes pousse la population à se méfier du cadeau empoisonné que représenterait une centrale. Le mouvement mobilise au travers de fest-noz, de réunions d’information. Il édite sa presse et aura même une éphémère radio. Les militants politiques sont minoritaires dans ses rangs. Ceux du PC y jouent un rôle important jusqu’en février 1979. Mais le secrétaire général du parti, Georges Marchais, vient lui-même dans le Finistère annoncer le soutien du PC au projet ! Après 45 jours d’une enquête publique émaillée d’affrontements quotidiens avec les gendarmes dans un Plogoff retranché derrière des barricades enflammées, le projet de centrale bretonne est enterré.

Après Plogoff

De Lutte ouvrière [1] au PSU, toute l’extrême gauche soutient à juste titre la lutte de Plogoff. Mais le poids des militants révolutionnaires auprès de la nébuleuse écologiste reste très insuffisant pour exercer un contrepoids efficace aux partisans de théories plus ou moins fumeuses, voire réactionnaires. On a entonné des chants révolutionnaires, mais aussi des chants bretons traditionnels et même la Marseillaise. C’est finalement un nouveau parti nettement réformiste, les Verts, qui, en se constituant en 1984, capte les énergies militantes.

M.P.


[1Voir l’article très fouillé du mensuel Lutte de Classe, édité par LO, de février 1981 : « Le nucléaire : pour la population, un risque, pour les trusts, un pactole ».

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