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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 15, mai-juin 2001

Les directions syndicales apportent leur soutien à la politique anti-ouvrière de Schröder

Mis en ligne le 1er juin 2001 Convergences Monde

Ces dernières semaines, le chancelier Schröder s’est illustré par de nouvelles déclarations contre les classes populaires. Leur niveau de vie serait trop élevé. Il faudrait en finir avec le « droit à la paresse ». Et de préparer ainsi de nouvelles mesures contre les chômeurs qui ressemblent comme deux gouttes d’eau au PARE français. Le chef des patrons, Hundt, précise qu’il faudrait contraindre les chômeurs à aller travailler à l’autre bout du pays (à l’Etat de payer une prime de déménagement), sous peine de perdre leur droit aux prestations. Et le ministre du travail Riester, propose l’éventuelle fusion des systèmes d’indemnisation du chômage et de l’aide sociale, qui aurait pour effet, non d’épargner aux chômeurs procédures bureaucratiques casse-tête, comme il est prétendu, mais surtout de diminuer encore le montant des indemnités.

Travailleurs davantage précarisés

En 1985, le gouvernement Kohl avait permis aux patrons de recourir aux CDD sans aucune justification - alors qu’auparavant il fallait prouver qu’ils remplaçaient d’autres salariés ou palliaient un surcroît momentané de travail.

Kohl a ainsi favorisé la prolifération d’embauches précaires, d’autant que la loi revue et aggravée plusieurs fois, autorisait un patron à garder un CDD pour une durée totale de deux ans (renouvelable trois fois durant ces deux ans) et à le réembaucher ensuite pour une nouvelle période de 2 ans, à condition que 4 mois s’écoulent avant la réembauche. De nombreuses entreprises comblaient ces « trous » de 4 mois en recourant à des intérimaires pour garder à leur disposition le même volant de personnel précaire.

Les sociaux démocrates qui avaient tempêté contre la loi quand ils étaient dans l’opposition, se seraient volontiers fait oublier. Mais la loi elle-même était à durée de validité limitée. D’où la nouvelle législation Schröder qui reconduit l’ancienne, à ceci près qu’il limite les abus… en supprimant la possibilité des 4 mois d’interlude, ce qui se retourne contre des milliers de CDD qui ne pourront plus rester dans une entreprise plus de 2 ans.

Aucune obligation n’est faite aux patrons d’embaucher en fixe au terme de deux ans. Ils peuvent continuer à utiliser de la main-d’œuvre précaire, à la seule condition d’en changer tous les deux ans ! Cette nouvelle réglementation, loin d’empêcher le recours aux contrats précaires, les rend plus précaires encore pour les travailleurs concernés. De grandes entreprises sont précisément en train de les licencier aujourd’hui !

Bureaucratie syndicale davantage protégée

La bureaucratie syndicale, pour s’excuser de n’avoir rien fait contre la réforme des retraites ni contre la nouvelle réglementation du travail précaire, se félicite aujourd’hui de son « génie négociateur » en matière de réforme de la loi organique sur le comité d’entreprise [1]. Il s’agit d’un des fondements du « partenariat social » à l’allemande. Le comité d’entreprise (uniquement formé de représentants salariés élus, syndiqués ou non, en Allemagne) est légalement tenu de respecter la « Betriebsfrieden » (paix sociale dans l’entreprise) et de coopérer loyalement avec la direction.

L’actuelle réforme ne change que des broutilles. Elle simplifie la procédure électorale, favorise l’existence de permanents dans les petites entreprises, accélère les procédures d’arbitrage, en cas de désaccord… en faveur des patrons (entre autres en laissant moins de temps pour une réaction ouvrière). Bref, les comités d’entreprise seront encore plus intégrés et coupés des travailleurs du rang.

Mais qu’importe pour la bureaucratie syndicale qui y trouve pour elle-même des broutilles. Elle confirme ainsi son adhésion pleine et entière au « partenariat social », pourtant destiné à lier les poings des travailleurs dans leur lutte contre le patronat.

Décidément, au pays de Marx, l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes !

Le 8 Mai 2001

Toni ROBERT


[1Betriebsverfassungsgesetz, loi organique sur les comités d’entreprise ou loi sur l’organisation du travail dans les entreprises, qui régit la « cogestion » au niveau de l’entreprise, depuis le début des années 1950.

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