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DOSSIER : Industrie pharmaceutique : les rouages de la machine à profits

Le système des brevets

Mis en ligne le 27 septembre 2007 Convergences Société

Dans leurs bilans financiers annuels, les grands laboratoires pharmaceutiques ont annoncé leurs bénéfices de 2006 : Pfizer (US) a fait 19 milliards de dollars, Glaxo (GB) 7,8, Aventis 4,8 (France) et Merck (US) 4,4. 19 milliards de dollars pour Pfizer, c’est supérieur aux profits historiques de Total la même année (16 milliards). Les résultats nets rapportés aux chiffres d’affaire, qui permettent de mesurer la rentabilité commerciale, sont démesurés : 40 % pour Pfizer, 34 % pour Glaxo, 17% pour Aventis, 20 % pour Merck [1]. Par comparaison, Total, dont on peut difficilement mettre en cause la rentabilité, n’affiche qu’un pâle 8 % (un point de plus que Renault) et fait triste figure à côté des multinationales de la pharmacie. Comment expliquer ces résultats faramineux ?

20 ans de monopole

On peut commencer par souligner que dans ce secteur, les coûts de production rapportés aux prix de vente sont particulièrement bas. Quand on additionne tous les frais de production, des salaires aux produits chimiques en passant par l’eau purifiée et l’électricité pour faire tourner les usines, ils ne reviennent en moyenne qu’à quelques dizaines de centimes d’euros pour une boîte de médicament. Le Mopral d’AstraZeneca, qui traite les problèmes gastriques, est vendu 48,29 euros en pharmacie (en pilulier de 28 gélules de 20 mg) pour un coût de production total estimé entre 15 et 30 centimes d’euros.

Une caractéristique de l’industrie pharmaceutique permet de tels écarts entre le prix de vente et le coût de production : le système des brevets propre à la branche, qui permet la constitution de gigantesques monopoles industriels.

Les brevets pharmaceutiques durent en moyenne vingt ans (un certain nombre de réglementations, notamment européennes, permettent de les prolonger encore de quelques années). Ils sont apposés non seulement sur la manière de faire les médicaments – sur les procédés de fabrication – mais aussi sur les molécules chimiques elles-mêmes, et le plus souvent sur des familles entières de molécules, voire sur les gènes responsables des maladies. Pendant vingt ans, les titulaires des brevets ont donc l’exclusivité sur l’usage de ces molécules. Une fois écoulé le temps de mise au point et de test du médicament pour obtenir l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM* [2]) délivrée par les agences du médicament (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé ou AFSSAPS en France, et Food and Drug Administration, ou FDA aux États-Unis), il reste en moyenne dix à quinze années de monopole total pour les médicaments sous brevets.

C’est à partir de cette AMM et jusqu’à expiration du brevet que sont levées de gigantesques fortunes, parfois plusieurs milliards de dollars par an pour certains médicaments. La promotion, particulièrement agressive, s’effectue alors à coups de campagnes de publicité directement auprès des consommateurs quand la loi l’autorise (comme aux États-Unis) et d’envois systématiques de visiteurs médicaux auprès des médecins (et pharmaciens). Un élément primordial de la machine à profits, c’est le prix exorbitant des médicaments protégés par ces brevets. Dans beaucoup de pays les prix sont dits « réglementés » car l’État les autorise par le biais de commissions des tarifs, mais ils font l’objet d’une surenchère systématique. Les « lois du marché », si souvent évoquées, n’ont rien à voir là-dedans. Tout dépend des décisions politiques, des marchandages des lobbies avec les administrations d’État ou les organismes de santé privés aux États-Unis.

Lucas BRUGHEL


[1Chiffres établis à partir des bilans annuels 2006 de chaque groupe.

[2Se reporter au glossaire pour les mots et sigles suivis d’une astérisque

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