Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 88, juin-juillet-août 2013 > DOSSIER : Réforme du ferroviaire : un accord de compétitivité made in (...)

DOSSIER : Réforme du ferroviaire : un accord de compétitivité made in SNCF

Le spectre de 1995 inquiète : chiche !

Mis en ligne le 17 juin 2013 Convergences Entreprises

Depuis la lutte contre la réforme des retraites en 2010, les cheminots, combatifs de réputation, semblent en retrait : journées d’action mollement suivies, pas de lutte à retentissement national. Mais, à y regarder de plus près, les réactions aux restructurations permanentes existent et sont parfois déterminées, même si elles restent toujours isolées, chacun dans son service et chacun sur son site. La réforme du ferroviaire, concoctée nationalement par la SNCF et l’État, vise cette fois simultanément tous les cheminots du public comme du privé. Elle pourrait être l’occasion de cristalliser tous les mécontentements locaux, à condition que des militants saisissent l’occasion pour proposer une perspective à une tout autre échelle.

La défense de la boîte…

CGT, Sud-Rail, UNSA et CFDT appellent le 13 juin à une journée d’action « pour [que le gouvernement] prenne en compte nos propositions pour construire un projet de loi répondant aux besoins de la nation et des usagers à partir d’une entreprise ferroviaire publique intégrée ». Il faudrait donc que les cheminots se mettent en grève pour défendre l’intégrité et l’efficacité de « leur » entreprise. Un discours qui reprend, dans le but de l’amender à la marge, les termes mêmes que ceux qu’emploie le gouvernement pour vanter sa réforme.

Il faut dire que les directions syndicales ont été largement associées à toutes les auditions et négociations qui se sont multipliées depuis des mois. Seul résultat de ces tractations de couloirs : le découpage en trois entités prévoit un conseil d’administration du « pôle public ferroviaire » où les sièges des représentants syndicaux sont garantis. La lutte des places est à son comble !

Les fédérations se font encore plus discrètes à propos du « cadre social harmonisé » (future « convention collective ferroviaire »). Les négociations officielles commencent cet été – on peut supposer que les officieuses sont déjà bien avancées – mais pas un mot aux premiers concernés. Cet accord de compétitivité made in SNCF est, comme ceux du privé, concocté loin des regards indiscrets.

À l’opposé de ces calculs d’appareil, les cheminots doivent exiger le retrait pur et simple de la réforme du ferroviaire.

… ou de nos conditions de travail ?

En découpant la SNCF en trois, le gouvernement espère parcelliser encore les réactions des cheminots et faciliter ses mauvais coups. Diviser pour mieux régner, une vieille tactique ! C’est à ce titre qu’il faut combattre cette mesure. Mais, même si elle passait, les travailleurs n’auraient aucune raison de rester confinés aux frontières imaginaires de leur entreprise. Le fameux « statut du personnel » lui-même a été obtenu en 1921, alors que la SNCF n’existait pas encore, et il était commun aux travailleurs de toutes les entreprises ferroviaires.

Combattre la réforme, c’est s’opposer à la mise en concurrence des travailleurs du Rail. Pas seulement à la prétendue « libéralisation » capitaliste, mais à toutes les divisions artificielles qui ont été créées entre les salariés du secteur et auxquelles les syndicats s’adaptent la plupart du temps.

Une telle convergence ne pourra s’effectuer qu’autour de revendications communes : sur les salaires, bloqués depuis des années et devenus si différents d’une entreprise à l’autre et même d’un service à l’autre de la SNCF ; sur les conditions de travail, notamment les horaires de travail, en ligne de mire de la future convention collective ; et sur les effectifs, car seules des embauches en nombre suffisant pourront mettre fin à la course à la productivité.

Le spectre de 1995

De telles revendications, formulées dans un langage compréhensible par tous les travailleurs, les cheminots en ont accumulées depuis des années. Le combat contre cette réforme serait l’occasion de les mettre en commun pour que les travailleurs du Rail, du public comme du privé, opposent leur propre plan de revendications à celui du gouvernement.

Si une lutte s’engageait sur ces axes (salaires, effectifs, conditions de travail, retraites), elle pourrait, sinon s’étendre, du moins être comprise par les travailleurs des autres secteurs. Ceux-ci subiront les contrecoups de la réforme du ferroviaire en tant qu’usagers, mais aussi en tant que salariés. Car cette attaque contre les cheminots s’inscrit dans la situation générale de reculs imposés à toute la classe ouvrière.

« Surtout ne pas déboucher sur un remake de 1995 [1] », pouvait-on lire le 21 mai dans un article des Échos qui soulignait le risque que la réforme du ferroviaire entre « en collision » avec celle des retraites. La bourgeoisie s’inquiète et les directions syndicales de la SNCF se gardent bien de lier les deux sujets… Voilà une indication de la marche à suivre !

Hollande joue les fiers à bras en menant de front ces deux dossiers. Aux cheminots de relever le gant et d’entraîner tous les travailleurs dans une offensive contre ce gouvernement.

R.P.


[1Juppé, premier ministre, avait lancé une réforme ferroviaire en même temps qu’une attaque contre les retraites. Après trois semaines de grève durant lesquelles les cheminots avaient entraîné d’autres catégories, le gouvernement renonçait à son projet.

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 88, juin-juillet-août 2013

Mots-clés