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Discussion

Contribution de la Fraction l’Étincelle au Conseil politique national s’étant tenu les 29 et 30 avril 2017 (entre les deux tours de la présidentielle)

Le moment de renforcer et dynamiser le NPA

Mis en ligne le 9 juin 2017 Convergences Politique

Les résultats du premier tour ne sont pas une surprise et somme toute confirment les prévisions des sondages. Sans s’y étendre, car nous sommes tous d’accord là-dessus, on aura donc droit pour le deuxième tour à un non-choix, entre Le Pen et Macron. Donc pas de consigne de vote du parti.

Crise politique ?

Quelques nuances tout de même entre nous sur l’appréciation générale de la situation. Certains camarades voient dans la relégation électorale du PS et de Fillon « le signe d’une grande crise politique » (tract hebdo de cette semaine), voire carrément une crise de régime. C’est plus que forcer la note. La bourgeoisie, les soixante-dix dernières années l’ont montré en France, est très entraînée à recomposer ses diverses représentations politiques à droite comme à gauche… et au centre, y compris à adapter ou modifier ses institutions. Pour qu’il y ait réellement crise politique, il faudrait que l’appareil d’État et gouvernemental soit menacé par une véritable crise sociale, et plus exactement par des mobilisations d’ampleur lui contestant le pouvoir, en tout cas le lui faisant craindre. Et les élections bourgeoises comme les différentes formes « d’alternance » ou de « cohabitation », servent à cantonner le mécontentement voire la colère populaire dans l’inoffensive soupape électorale. Or pour l’heure, comme le constate le même tract hebdo, les classes populaires ont « des difficultés à défendre leurs intérêts ».

L’écho de notre campagne bien au-delà de notre score marginal

En ce qui concerne notre parti, à sa petite échelle, l’essentiel est le succès de notre campagne (et la popularité de Philippe) et les échos qu’elle a recueillis dans les classes populaires et notre camp social, très au-delà de notre mini-score. Ce qui, soit dit en passant (et sera discuté à ce CPN) nous incite fortement, dans la foulée, à prolonger notre campagne politique en participant aux législatives sous notre propre drapeau, comme pendant la présidentielle.

D’autant qu’on a pu constater à nouveau dans cette campagne combien la France insoumise de Mélenchon se soumettait au strict cadre de perspectives institutionnelles et nationalistes, voire anti-immigrés, en prônant un « protectionnisme solidaire » surtout du patronat français, accusant l’Europe pour mieux le disculper de toutes les attaques que les travailleurs ont subies.

Renforcer le parti

Très concrètement, les échos positifs de notre campagne nous donnent l’opportunité de renforcer le parti, d’y organiser sous toutes les formes possibles ceux qui nous ont soutenus, qui ont manifesté leur solidarité, demandé à prendre contact, quand bien même ils auraient cédé à l’illusion « du vote utile ». C’est le moment de prendre l’initiative de réunions politiques en notre nom propre, entre autres dans les entreprises, les quartiers, la jeunesse étudiante et lycéenne.

Et cela, sur le même axe de campagne qui a valu à Philippe sa popularité : une candidature ouvrière, qui a trouvé les mots pour envoyer dans les cordes Fillon et Le Pen, mais aussi une candidature lutte de classe expliquant que tout se jouera non pas sur le terrain électoral, mais par la riposte sur le terrain des luttes sociales contre les nouvelles attaques qui se préparent.

Ce qui signifie renforcer le parti en préparant toutes celles et ceux qui nous rejoignent aux luttes à venir. Car, heureusement, on peut avoir des surprises comme l’an dernier avec l’irruption du mouvement contre la loi travail. Aujourd’hui, l’effervescence d’il y a un an est largement retombée, et en dépit du mécontentement général, nous sommes loin d’assister à une remontée des luttes, même localisées. Mais on a vu que tout peut basculer très vite. Et dans ce cas, il nous appartiendra, surtout si nos rangs se renforcent, d’entraîner nos camarades à avoir une politique propre dans ces mouvements, à susciter des formes d’organisation ouvrière démocratique permettant d’en contester la direction aux appareils bureaucratiques et d’en faire sauter les freins.

Car c’est dans de telles circonstances, même quand nous n’en sommes pas à l’origine, qu’un petit parti comme le nôtre (ou comme LO), est en situation d’exercer une influence majeure, sans rapport avec les décomptes électoraux. Voilà pourquoi il importe aujourd’hui de nous appuyer sur les retombées positives de notre campagne pour dynamiser notre parti, réactiver ceux qui s’en étaient éloignés, encourager, donner confiance et former les jeunes et moins jeunes qui viennent vers nous. En un mot de nous préparer à de futures échéances de la lutte de classe. C’est une tâche politique urgente, loin d’être anecdotique et propre aux révolutionnaires.

Un nouvel outil politique ?

C’est là où une discussion s’engage entre nous : une partie des camarades mettent en avant, comme tâche prioritaire, ce qu’ils appellent la construction « d’un outil politique des opprimés et exploités », ou (tract hebdo), la reconstruction d’« une perspective politique pour les exploités », en insistant sur « l’urgence de reconstruire un parti pour les exploités ». Évidemment, si l’on s’en tient (même tract hebdo) au fait que « nous avons besoin d’un parti qui représente nos intérêts, un outil pour nos luttes quotidiennes, pour en finir avec le système capitaliste, pour porter le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions », nous sommes tous d’accord. On retrouve d’ailleurs peu ou prou les mêmes formulations générales dans la propagande de LO. Bref, comme objectif propagandiste, valable depuis un bon bout de temps, pourquoi pas. C’est incontestable, la classe ouvrière a besoin de son parti…

Mais de la part des camarades qui mettent en avant la nécessité de l’outil en question, il s’agit, semble-t-il, d’autre chose. Il s’agirait de prendre, maintenant, une initiative politique (car il faut faire de « la politique » insistent-ils), qui s’adresserait à d’autres (et pas seulement à ceux qui nous ont soutenus). Mais à qui, exactement ? Là, on ne sait plus trop. S’agit-il de répéter ce qu’Olivier Besancenot avait tenté en 2008… donc d’appeler à un NPA bis ? En supposant que nous serions en meilleure position aujourd’hui ? Bref de changer de nom ? En espérant que ceux qui nous avaient quittés (GA, GU… et autres composantes de Ensemble) soient aujourd’hui plus attirés par nous que par Mélenchon ?

Les camarades expliquent qu’il ne s’agit pas de s’adresser à des appareils (pas de fausses accusations !), mais, disons, très largement, à l’électorat de la France insoumise, de LO, aux abstentionnistes, à ceux qui voudront voter blanc, etc. Alors, « front unique à la base ? », notre petit NPA étant susceptible avec ses 1,1 % de détacher des autres appareils une base en mal de militantisme ?

C’est que l’heure serait grave, disent ces camarades, la banalisation du FN est inquiétante, donc il faut rassembler, voir grand, voir large. Mais de deux choses l’une : ou bien, vu le poids réel de notre parti, cette sempiternelle obsession du « rassemblement » revient à s’accrocher à d’autres sur des bases politiques qui ne sont pas les nôtres (le choix des camarades qui nous ont quittés pour l’ancien FdG il y a quelques années), ou bien cela revient à partir à la chasse aux fantômes, à la quête de regroupements organisationnels introuvables, donc de se payer de mots… et d’être en panne de perspectives réelles, à notre portée, celle de nous redynamiser dont nous avons parlé plus haut. Et rappelons que pour faire pièce à la banalisation du FN, dont la gauche au gouvernement avec sa politique anti-ouvrière, anti-immigrés et sécuritaire, est la principale responsable, mieux vaut miser sur le poids que nous pourrons avoir dans les luttes à venir et sur l’indépendance nécessaire pour le faire.

Donc, en ce qui nous concerne, nous préférons ajuster nos initiatives politiques à la configuration réelle du NPA et de nos forces militantes réelles. Car en la matière il y a beaucoup à faire et à gagner, pour les affrontements à venir. C’est ainsi et à ces conditions que nous pourrons peser sur ceux qui regardent vers nous – de la France insoumise ou d’ailleurs – afin de les entraîner sur la politique que nous avons popularisée pendant la campagne présidentielle.

Les camarades de la Fraction l’Étincelle,élus au CPN

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Numéro 113, juin-juillet-août 2017

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