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La manifestation du 9 juin contre les licenciements et suppressions d’emploi : un premier pas pour préparer la suite

Le Parti, le 9 juin et la loi

Mis en ligne le 1er août 2001 Convergences Politique

Robert Hue l’avait proclamé haut et fort dans l’Humanité Hebdo du samedi 2 juin : « On entend dire, parfois, que le texte ne bougera pas ou simplement « à la marge ». Alors, soyons clairs : faire ainsi conduirait tous les protagonistes concernés à hypothéquer gravement le crédit de la gauche plurielle aux yeux de l’opinion. Nous n’imaginons pas cette hypothèse, qui conduirait à une opposition résolue des députés communistes lors du retour à l’Assemblée le 13 juin ». C’était quelques jours après l’annonce du report du vote de la loi Guigou sur la « modernisation sociale » décidé par Jospin le mardi 29 mai.

Las ! Dans la semaine qui suivait, le gouvernement essayait de s’entendre avec les députés communistes sur la base de deux amendements portant sur la définition des licenciements économiques et sur la possibilité pour les CE de faire des propositions alternatives au projet présenté par le chef d’entreprise tout en faisant appel à un médiateur. Le dimanche 10 juin au « Grand jury RTL-Le Monde-LCI », Robert Hue se faisait encore menaçant : « Je suis, ce soir, dans une alternative qui pourrait effectivement se traduire par un vote négatif ». Le mercredi 13 juin, le groupe communiste à l’assemblée (à l’exception de deux députés) votait pourtant la loi Guigou, alors que rien n’était changé de manière significative sur les amendements proposés !

Tout ça pour rien… ou si peu

Le Parti communiste a longtemps essayé de faire croire que lui aussi était contre les licenciements. Ainsi l’Humanité du vendredi 8 juin pouvait titrer : « 49 % en faveur des amendements communistes ». La question était ainsi posée : « Le Parti communiste souhaite que ce projet de loi soit modifié afin d’interdire les licenciements économiques aux entreprises faisant des bénéfices tant que le comité d’entreprise n’a pas donné son accord. Le Parti communiste avait décidé de voter contre le projet, en cas de non-intégration de ses propositions, ce qui aurait entraîné le rejet du projet. Le gouvernement a décidé de s’accorder un délai de réflexion de deux semaines avant le vote du texte à l’Assemblée nationale. Souhaitez-vous qu’à l’issue de ce délai de réflexion, le projet de loi soit adopté après avoir intégré cette proposition du Parti communiste ? ». 68 % des électeurs et sympathisants du PCF répondaient par l’affirmative (20 % étant favorable à sa version actuelle et 8 % pour le rejet du projet de loi). Ce droit de veto n’a jamais été sérieusement défendu et le grand écart est manifeste.

Lors de la manifestation du 16 octobre 1999 contre les licenciements (à l’époque ceux de Michelin), Robert Hue s’était senti assez sûr de lui pour étaler au grand jour sa stratégie : soi-disant du côté des travailleurs en manifestant le samedi tout en déclarant la veille qu’il allait voter le mardi suivant la loi Aubry qui allait permettre de porter de nouveaux coups à la classe ouvrière. Puis il avait gardé la main en annonçant une nouvelle manifestation pour le 11 décembre, qu’il n’avait pas eu trop de mal à enterrer.

Cette fois encore, il aurait pu se sentir à l’aise en convoquant une première manifestation le 21 avril à Calais, puis en annonçant qu’il prendrait une nouvelle initiative nationale, sans garantir qu’il n’allait pas rééditer ce qu’il avait déjà fait le 11 décembre 1999. Mais l’initiative prise par les organisations syndicales et les salariés de LU-Danone, Marks&Spencer, AOM-Air Liberté (survenant dans la foulée des résultats des municipales) l’a contraint à s’impliquer davantage, notamment par rapport à l’extrême gauche. Le PCF a joué le jeu même s’il a mobilisé en dessous de ses possibilités, il s’est cru obligé d’en remonter à Jospin. Mais il n’a évidemment pas tenu la longueur…

Pour couper court aux critiques, la direction du PCF a choisi au lendemain du vote de la loi d’adopter la méthode Coué : ce serait paraît-il une grande victoire ! L’Humanité s’en fait l’écho et le répète sur tous les tons à qui veut bien l’entendre.

Les limites de la mobilisation actuelle peuvent, il est vrai, lui donner un certain répit. Le PCF peut même se payer le luxe d’apparaître offensif pour exiger une application rapide de la loi, alors que le patronat -comme pour les 35 heures- veut bien se donner l’allure d’une victime. Mais à force d’être répété qui ce jeu peut-il duper ?

Le 28 juin 2001, Raoul GLABER

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