Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2006 > novembre > 6

Le Medef au pouvoir : un bilan

Depuis le 1er novembre et jusqu’au 16 mars prochain, les expulsions locatives sont suspendues : quelques petits mois de répit pour de nombreuses familles ouvrières.

L’importance de cette « trêve hivernale » pour un nombre toujours plus grand de foyers souligne à quel point se loger est devenu une bataille de tous les jours. Depuis 2000, les expulsions pour loyer impayé ont augmenté de 40 % : presque 100 000 personnes par an sont jetées à la rue par la justice, par un huissier, ou carrément par la police. Une machine à fabriquer des sans-abris.

On ne s’étonne donc plus que parmi les 100 000 personnes qui vivent dans la rue, 30 000 aient un emploi et 40 000 pointent à l’ANPE, donc recherchent activement du travail. Un des signes les plus frappants de la pauvreté qui recommence à augmenter, dans un pays qui s’enrichit.

Plus de 7 millions de salariés perçoivent un revenu mensuel inférieur à 722 euros par mois et se trouvent dans l’incapacité de se nourrir, de se loger ou de s’habiller décemment, de même que leur famille. Plus de 12 millions ont moins de 843 euros. Entre la moitié et les deux tiers des femmes qui travaillent touchent moins de 750 euros.

Alors que les salaires sont bloqués, les prix augmentent. Et même spectaculairement depuis 2001, d’après les estimations du journal Le Parisien - Aujourd’hui en France : de 17 % pour le carnet de timbres à 93 % pour le kilo de pommes ! Pendant que le gouvernement qualifie cyniquement la hausse du coût de la vie de « ressenti », le patronat fixe les prix.

C’est désormais le quotidien pour la plupart d’entre nous : les fins de mois commencent le 15. Alors quand le gouvernement ose se répandre sur les télévisions pour annoncer que « la bataille du chômage est en passe d’être gagnée », parce que le nombre de chômeurs recensés est en baisse de 1,4 % au mois de septembre, on ne sait pas s’il faut rire ou enrager... L’astuce de cette prétendue baisse, la voilà : 30 400 chômeurs en moins, mais 35 000 radiations de l’ANPE. Et pour les autres, des contrats précaires, voire des stages non payés.

La vérité des prix est plutôt du côté des licenciements, qui s’accélèrent à nouveau. Selon le journal L’Humanité, 25 000 emplois sont sur le point d’être supprimés dans le pays, et 20 000 sont menacés à brève échéance. Sans parler des 15 000 départs non remplacés dans la fonction publique, ni des non-renouvellements de contrats précaires dans le privé.

Voilà pourquoi le Medef veut en finir définitivement avec le CDI : pour licencier encore plus facilement. En dix ans, l’intérim a augmenté de 130 %, le nombre de CDD de 60 % et les CDI de... 2 % ! Les patrons n’y seraient pas parvenus sans l’aide des différents gouvernements qui ont rivalisé d’ingéniosité pour inventer de nouveaux contrats précaires aux sigles étranges.

On meurt de froid dans la rue, on s’entasse dans des appartements trop petits, mais les spéculateurs immobiliers s’engraissent et préfèrent garder les logements vides pour pouvoir les revendre rapidement. Certaines familles de travailleurs doivent limiter leur consommation de viande et de produits frais, mais les profits de la grande distribution sont au beau fixe. Les contrats précaires se multiplient, les licenciements se comptent en millions depuis les années 1980, nos salaires sont bloqués, mais les bénéfices des entreprises du Cac 40 crèvent les plafonds, et les dividendes versés aux actionnaires suivent.

L’aggravation de la pauvreté a un pendant : l’accroissement des profits. Toutes les mesures prises par les gouvernements depuis 20 ans, qu’ils soient de gauche (façon hypocrite) ou de droite (façon brutale et cynique), l’ont été dans l’intérêt des plus riches et des exploiteurs.

Ceux qu’ils appauvrissent, ceux qu’ils méprisent, sont pourtant ceux qui produisent toutes les richesses du pays. C’est pourquoi le patronat n’a jamais tant à perdre que lorsqu’éclate la colère de ceux qu’il exploite.

Imprimer Imprimer cet article