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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 74, mars-avril 2011 > Tunisie, Egypte, Lybie, Algérie...

La révolte libyenne et ceux qui cherchent à en prendre la tête

10 mars 2011 Convergences Monde

La révolte en Libye a commencé comme en Tunisie et en Égypte et pour les mêmes raisons : si les salaires en moyenne y sont un peu plus élevés que dans les pays voisins, le chômage y est considérable et les prix ont monté en flèche. Ajoutez à ça l’absence totale de liberté et la corruption du régime.

À Tripoli, où il a sa garde prétorienne, la répression féroce de Kadhafi lui a permis jusqu’à présent de contenir la révolte. Mais ailleurs, c’est son armée elle-même qui a explosé. Kadhafi avait imposé et maintenu son régime en s’appuyant sur les notables des structures sociales existantes (les tribus dont parle la presse), grandes familles et chefs régionaux, et en ménageant les compromis entre eux, en répartissant les postes, notamment dans l’armée. Ce qui lui a valu dans le passé quelques tentatives de coup d’État de la part de clans rivaux qui s’estimaient mal servis. Aujourd’hui ce ne sont pas que les soldats qui, crosse en l’air, sont passés du côté des insurgés. Ce sont semble-t-il des fractions de l’état-major.

Comme ce sont des politiciens, officiers, chefs tribaux ou communautaires, universitaires et hommes d’affaire qui le 24 février, par-dessus la tête de la population, ont décidé de proclamer ce Gouvernement provisoire dont ils ont confié la présidence à un nommé Moustafa Abdel-Jalil qui venait juste de quitter le gouvernement de Kadhafi. Et quand on voit ressortir le vieux drapeau du roi Idriss, on ne peut pas croire qu’il soit venu tout seul entre les mains des insurgés.

Dans cette guerre, très inégale sur le plan de l’armement, que se livrent en ce moment les troupes de Kadhafi et les insurgés de l’est du pays, le plus grand espoir pour les révoltés serait que, malgré la terreur maintenue sur la ville, la population pauvre de Tripoli se soulève à son tour, contre laquelle même un Kadhafi ne pourrait plus grand-chose. C’est sûrement ce que craignent le plus les Américains qui surveillent l’évolution de la bataille des cabines de commandement de leurs navires de guerre. Mais ce n’est peut-être pas non plus ce que souhaite vraiment le gouvernement provisoire autoproclamé de Benghazi.

Le 6 mars 2011 Olivier BELIN


Travailleurs immigrés surexploités et bannis

La Libye est peu peuplée, 5,5 millions de Libyens, et a fait venir des pays voisins et même plus récemment d’Asie, une nombreuse main-d’œuvre surexploitée, entre un ou deux millions selon les statistiques imprécises puisque plus de la moitié de ces travailleurs étrangers sont sans papiers. À plusieurs reprises, le gouvernement de Kadhafi qui les a fait venir a procédé à des expulsions massives, selon les aléas de ses besoins, ou pour des raisons de pure démagogie interne, vu le fort chômage qui sévit.

Avec les évènements d’aujourd’hui ces travailleurs immigrés cherchent à retourner chez eux. Pour fuir la guerre qui se livre en ce moment entre la partie de l’armée restée aux mains de Kadhafi et les régions rebelles, cela se comprend. Mais ce n’est peut-être pas la seule raison. Quand les reportages nous disent que les travailleurs d’Afrique noire à Benghazi auraient été pourchassés sous prétexte qu’on avait pu les prendre pour des mercenaires de Kadhafi, on a des doutes. Et des craintes : non seulement le régime cultive un racisme ambiant à leur encontre depuis des années, mais ceux qui cherchent à se propulser à la tête de la révolte dans la région de l’est, notables régionaux, chefs des grandes familles traditionnelles ou officiers de l’armée, singent Kadhafi et répandent ces bruits pour organiser des chasse aux immigrés et diviser les pauvres.

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