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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 86, mars-avril 2013

La petite entreprise connaît-elle la crise ? Une question « d’épréciation » chez PSA…

Mis en ligne le 18 mars 2013 Convergences Entreprises

Le 7 février dernier, soit une semaine avant l’annonce officielle de ses résultats annuels 2012, la direction de PSA communique, en « avance, pour ne pas qu’il y ait de malentendu » (?), un résultat déficitaire historique de 5,01 milliards d’euros pour l’exercice qui s’achève. PSA ajoute pourtant par la voix de son directeur financier Jean-Baptiste de Chatillon que ce « résultat très négatif » provient principalement d’une « dépréciation d’actifs (…) opération comptable réversible qui n’a aucun impact sur la trésorerie du groupe, sur ses liquidités ou sur la solidité financière du groupe ». Bref un trou abyssal... sans grande importance ? La direction de PSA a-t-elle perdu la tête ?

En y regardant de plus près il ne s’agit là que d’un jeu d’écriture comptable, qui peut expliquer le sang froid de la direction de PSA, consistant à inscrire au bilan des « charges exceptionnelles », sous recommandations du gendarme, pardon, de l’Autorité des marchés financiers, dont ces fameuses dépréciations d’actif de 3 milliards d’euros pour la branche automobile. Cette valorisation à la baisse du patrimoine de l’entreprise qui comprend usines, terrains, bâtiments, machines, etc. aurait pour but de « prendre en compte un contexte automobile européen fortement et durablement dégradé ». Donc une « valeur » intrinsèque de l’entreprise qui dépendrait aussi des perspectives de rentabilité du marché pour lequel elle produit. Pour relativiser un brin et en faisant abstraction de « ces charges exceptionnelles », le déficit un peu moins virtuel du groupe se monte à 576 millions d’euros. La dette du groupe s’est réduite de 200 millions d’euros sur un an. Enfin il est assis sur un matelas d’oseille de 10,6 milliards d’euros – la direction appelle cela une sécurisation financière. En progression de 1,3 milliards d’euros par rapport à 2011. On est effectivement loin de la banqueroute.

Pour la CGT, le seul syndicat sur six à s’exprimer sur le sujet, cette opération comptable de pertes fictives sert à entretenir la psychose, à « charger la barque » pour justifier un plan de restructuration prévoyant la destruction de 11 000 postes et la fermeture de l’usine d’Aulnay. Cette dernière coûtera par ailleurs 528 millions d’euros au groupe, en monnaie bien réelle celle-là. Quasi toute la presse titre aussi, sans nuance, sur les résultats catastrophiques de l’entreprise. Pour mieux distiller un certain message auprès de l’opinion publique ?

Pour la direction de PSA qui frôle la schizophrénie, il s’agit d’une part de faire avaler les sacrifices aux salariés et de se justifier aux yeux de l’opinion publique, d’autre part de rassurer les marchés financiers. Ces derniers ayant fort apprécié… l’opération comptable. En effet, le cours de l’action en berne depuis de nombreux mois a pris 7 % au moment de l’annonce ! Les résultats de PSA plongent, son cours grimpe…

Par contre, pour les salariés c’est régime sec en 2013 : après la présentation orientée des résultats financiers, la direction de PSA annonce dans la foulée que les augmentations générales seront nulles cette année… « Négociations salariales 2013 : le groupe doit maîtriser ses coûts salariaux » indiquait, solennelle, la communication interne du 20 février.

En attente d’une riposte à la hauteur d’un tel cynisme, histoire de lui faire ravaler sa verve.

Christian COCHET


Les profits de PSA et Renault

Si l’on tient compte des milliards engrangés les années précédentes, PSA aurait largement les moyens de tenir sans licencier. D’autant que l’État a accordé généreusement à la banque de PSA une garantie de 7 milliards d’euros sur trois ans.

Du côté de Renault, on se vante d’avoir réalisé 1,7 milliards d’euros de bénéfices en 2012, en soulignant toutefois que les bénéfices de diverses filiales et sociétés acquises, comme Nissan et Volvo, entrent dans ces comptes.

Si la baisse des ventes de voitures en Europe est réelle, de l’ordre de 18 %, il semble donc qu’elle soit compensée pour le moment par le maintien ou la hausse des ventes sur d’autres marchés comme le marché asiatique. Ni PSA ni Renault n’ont donc le couteau sous la gorge pour fermer des usines et licencier des milliers de travailleurs. Ces restructurations sont avant tout préventives avec l’objectif d’augmenter la productivité et les profits pour partir à l’assaut de nouveaux marchés internationaux.

Quant aux salaires des PDG de l’automobile, ils se portent bien : en 2012, Carlos Ghosn a touché 13,3 millions d’euros au titre de l’exercice de 2011 selon le cabinet Proxinvest, soit 36 400 € par jour. Cela fait de lui le patron français le mieux payé. De son côté, Philippe Varin a presque triplé son salaire en 2010, atteignant 3,25 millions d’euros, ce qui ne le place qu’en 78e position. Enfin la fortune de la famille Peugeot, exilée en Suisse, est estimée entre 1,2 et 1,6 milliards d’euros.

G.R.

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Numéro 86, mars-avril 2013

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