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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 46, juillet-août 2006 > DOSSIER : Afghanistan, Irak, Iran, Somalie… l’islamisme face à l’impérialisme (...)

La nébuleuse islamiste

28 juin 2006 Convergences Monde

Partis solidement constitués ici, simples cellules terroristes là, petite armée autour d’un seigneur de guerre ou clan familial ailleurs... Le terme de nébuleuse islamiste correspond bien à la réalité organisationnelle d’un courant qui s’étend sur des continents et comprend une myriade de groupes souvent rivaux et dont il est impossible de tracer exactement les liens. Même si son succès dans les médias occidentaux répond aux besoins de la propagande de nos gouvernements, parce qu’il évoque une menace vague, diffuse et insaisissable : le nouvel ennemi du monde civilisé, y’a pas de doute...

S’il est impossible de tracer un organigramme, il est en revanche facile de saisir les raisons qui ont fait surgir puis se développer ces innombrables groupes et partis, des Frères musulmans en Égypte au Hezbollah libanais, en passant par les partisans de Ben Laden en Arabie, le Hamas en Palestine et tant d’autres : l’échec des régimes nationalistes surgis des révolutions anti-coloniales de la deuxième partie du vingtième siècle, la pauvreté persistante et même aggravée, les différenciations sociales de plus en plus criantes. Il faut ajouter, bien sûr, la mansuétude avec laquelle tous les pays impérialistes couvrent les méfaits d’Israël contre les populations arabes, puis les interventions militaires occidentales, en particulier en Afghanistan et Irak, qui ont fait plus que tous les discours pour regrouper derrière la bannière de l’Islam.

On pourrait se poser la question du pourquoi de ce ralliement de millions de gens s’ils avaient eu le choix. Mais ce n’est pas le cas. Qui d’autre est apparu à la fois échappant à la corruption des pouvoirs en place, préoccupé du sort des plus pauvres et opposant irréductible à l’Occident synonyme de colonialisme et d’impérialisme ?

Dis-moi qui te finance...

Très souvent, ces courants ont été favorisés au départ par l’impérialisme lui-même, et pas seulement américain. Beaucoup de reportages parus à l’époque des attentats de New York contre les tours jumelles ont révélé comment l’équipe de Ben Laden avait été financée et entraînée par les États-Unis, avant que la créature ne se retourne contre son maître. En Afghanistan même, les talibans, symboles aujourd’hui de l’islamisme anti-américain, ont d’abord été appuyés par les États-Unis. Même les groupes extrémistes, comme le GIA algérien, semblent bien avoir été soutenus, au moins un temps, par la CIA, ou encore le Hamas par Israël.

Leur force est d’avoir, en même temps qu’ils acceptaient l’argent et les armes de telle ou telle puissance, continué à développer une rhétorique anti-occidentale. Ou encore, en même temps qu’ils recevaient des fonds des classes dirigeantes musulmanes, y compris des richissimes monarchies du Golfe, de s’en être servi pour implanter des réseaux de militants proches de la population qui s’efforcent de pallier (un peu) les carences des services d’un État se moquant en général pas mal des plus pauvres, en matière de santé ou d’éducation (évidemment obscurantiste) par exemple. Cette action charitable suffit certes à les distinguer de tous les autres partis et politiciens corrompus. Mais si les islamistes ont accès à ces fonds c’est aussi la preuve du jugement que portent sur ces islamistes ces classes dirigeantes et ces milliardaires arabes (ou persans), dont la générosité ne va pas jusqu’à financer des gens qu’ils jugeraient dangereux pour leurs propres intérêts.

Ces liens financiers ne font d’ailleurs que corroborer ce que nous disent les méthodes et les buts politiques des islamistes. Tous ne pratiquent pas le terrorisme aveugle qui montre un intense mépris pour les simples gens. Mais tous se donnent pour but l’établissement d’un État basé sur la charia, réactionnaire, misogyne, sans égard ni aux droits ni aux libertés de la majorité de la population, en particulier des femmes, sous la férule des religieux. Un État en revanche qui ne voit aucun inconvénient à l’existence des riches et du capitalisme. Il n’est que de regarder les exemples donnés par l’Arabie saoudite ou l’Iran.

Laurence VINON

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