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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 4, juillet-août 1999 > DOSSIER : Travail précaire : les nouveaux habits de la surexploitation

La généralisation du travail précaire

1er août 1999 Convergences Société

L’emploi précaire qui caractérisait avant tout, il y a une vingtaine d’années, des secteurs spécifiques (commerce, grande distribution, textile, hôtellerie-restauration, nettoyage industriel, travail agricole, etc), a gagné aujourd’hui tous les secteurs, y compris les grandes entreprises et tout le secteur public et étatique. « Nous avons 2000 vacataires permanents parfois depuis dix ans et 500 ultra-précaires qui se font jeter tous les trois mois » déclaraient les employés des musées récemment en grève. Un postier sur cinq est déjà un contractuel. Les 20 000 embauches prévues à la Poste dans le cadre des 35 heures (qui ne font que remplacer 20 000 départs) comprennent 14 000 nouveaux contractuels dont seulement un peu plus de 50 % seraient à temps complet en CDI. Les collectivités locales quant à elles ont systématiquement recours aux Contrats Emploi Solidarité, sans compter 30 % d’emplois à temps partiel. La situation à l’Education Nationale et dans la Santé Publique n’est pas plus enviable (voir nos articles).

Pour l’essentiel ces emplois n’ont rien de « nouveaux » mais remplacent systématiquement les postes en fixe. Un seul exemple : en dix ans, l’Office National des Forêts a supprimé 8000 emplois d’ouvriers forestiers sur 14 000 pour prendre 2000 précaires (dont 1800 Contrats Emploi Solidarité, des jeunes qui seront rejetés au chômage).

Les emplois rémunérés en dessous du SMIC, comme les emplois à durée « déterminée » (CDD), donc limitée, connaissent un accroissement spectaculaire. Le nombre des CDD (906 000 en 1998) a quadruplé en quinze ans et représente les trois quarts des embauches actuelles ! Dans le même temps, le nombre d’intérimaires a été multiplié par trois. La France est devenue le numéro deux mondial pour les profits réalisés dans ce qu’on appelle pudiquement les EMO, entreprises de main d’oeuvre, qui tirent exclusivement leurs bénéfices de la location de travailleurs.

La sous-traitance est un moyen très largement employé dans la grande industrie comme dans le bâtiment pour disposer d’une main d’oeuvre flexible, sous-payée et dont on peut se séparer à volonté.

Le temps partiel (le plus souvent imposé bien sûr), sévit chez 80 % des employés de l’aide à domicile, 53 % des agents de nettoyage, 45 % des caissières et 20 % des secrétaires, mais aussi 30 % des agents de service des écoles et des filles de salle des hôpitaux. Il vient d’être institutionnalisé à EDF-GDF où 15 000 pourraient être embauchés sur trois ans payés sur la base de 32 heures, alors que les agents déjà embauchés se verraient proposer 32 heures payées 35.

R.P.


Précaires et chômeurs non-indemnisés

Les travailleurs précaires sont des chômeurs à temps partiel, avec une particularité par rapport aux autres cotisants de l’ASSEDIC : lorsqu’ils se retrouvent sur le pavé, ils ne touchent que rarement des indemnités.

Cette situation découle de décisions relativement récentes.

En 1992, sous un gouvernement socialiste, « l’allocation unique dégressive » (A.U.D.) a remplacé les prestations chômage antérieures. Le principe de l’A.U.D. consiste à appliquer un abattement sur l’allocation au bout de chaque période de 4 mois. La « peau de chagrin » en quelque sorte, qui a encore rétréci sous le gouvernement Balladur qui a succédé à Rocard : un travailleur peut toucher l’indemnité à taux plein pendant quatre mois à condition désormais d’avoir travaillé au moins quatre mois au cours des 8 derniers mois. Ensuite il ne touche plus rien. S’il a travaillé moins de 4 mois dans une période de 8 mois, il ne touche rien, même au départ.

Celui qui enchaîne des missions en intérim ou en CDD entrecoupées de périodes de chômage peut facilement n’être jamais indemnisé par les ASSEDIC. On voit d’où viennent ces « nouveaux pauvres » de « l’ère Mitterrand ».

Evolution du travail précaire en quinze ans

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Sources : INSEE 1999

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