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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 35, septembre-octobre 2004

La cohésion sociale selon PSA

Mis en ligne le 30 septembre 2004 Convergences Entreprises

L’accord sur « la diversité et la cohésion sociale dans l’entreprise », signé le 8 septembre dernier par la direction de PSA et les syndicats CFDT, CGC, CFTC, FO et GSEA, a de quoi conforter le ministre Borloo, écrit le journal La Tribune. Dithyrambique, Le Monde voit, lui, dans cette « promotion des différences » proclamée par PSA rien moins que « à son échelle, une véritable révolution »  ! La révolution se limite à quelques phrases ronflantes et à la mise en place d’un « observatoire de la diversité et de l’égalité » où les syndicalistes signataires auront leur place. Un petit siège en échange d’une caution.

La CGT, avait signé les accords précédents, sur « l’égalité des chances entre les hommes et les femmes » et sur « le droit syndical », qui n’ont réduit ni les écarts de traitement hommes-femmes, ni les entraves au droit syndical et pressions sur les ouvriers (habituelles notamment dans les usines Citroën). Elle a cette fois réservé sa réponse. Devant les réticences d’un certain nombre de ses militants, elle a décidé de lancer une consultation avant d’apposer ou non son paraphe. Mais la plume la démange donc encore un peu.

Et pourtant il n’y a dans cet accord aucun engagement de PSA. Sauf celui de satisfaire ses propres besoins.

Testing pour les travailleurs

Côté recrutement, le « testing » serait paraît-il garant de non-discrimination à l’embauche : par contrat entre l’entreprise et des agences ANPE, ont été mis au point des tests d’habileté manuelle, de réflexes ou rapidité pour sélectionner ceux que l’ANPE va proposer aux usines Peugeot ou Citroën. Une présélection dite « objective », tout bénéfice pour PSA.

Côté diversité de l’encadrement, PSA se félicite de recruter, y compris pour ses usines en France, des ingénieurs et cadres étrangers. Rien de bien osé quand on sait que pour l’instant les cadres étrangers embauchés (un dixième des embauches d’ingénieurs et cadres en 2003) viennent essentiellement de pays où PSA a des usines et tient à en former, en partie, les futurs cadres auprès de la maison mère.

Côté promotion sociale, le groupe se propose de diversifier son encadrement. En invoquant pompeusement « la déclaration universelle des droits de l’homme » et les « conventions de l’ONU sur l’élimination des discriminations raciales », il promet de recruter une partie de sa maîtrise parmi « les diplômés issus de zones urbaines sensibles » ou d’origine immigrée. Pour faire marner la main-d’œuvre des banlieues, mieux vaut en effet avoir quelques chefs qui la connaissent. (Dans les années 60 les usines Citroën avaient déjà ainsi leurs chefs d’équipes portugais, yougoslaves ou marocains).

Rééducation pour les cadres

PSA, comme Renault, a besoin, pour remplacer les départs en retraite, d’embaucher un grand nombre de jeunes. On les recrute sur place, dans les quartiers ouvriers et banlieues. « Nous avons vu débouler dans l’usine les problèmes des banlieues environnantes », déclarait en septembre 2003 au journal L’Entreprise le DRH de l’usine PSA de Poissy (en banlieue parisienne). Ses agents de maîtrise auraient été « désemparés ou exaspérés » face à ces jeunes qui leur répondaient et ne se laissaient pas faire. Mais PSA a plus besoin de garder ces ouvriers que de conserver les vieilles habitudes de ses chefs. Et notre DRH d’expliquer qu’il a fait appel à un spécialiste en éducation et en vie des banlieues, pour rééduquer... ses cadres. A l’en croire, ceux-ci auraient appris à être moins susceptibles et à se dire que, quand ils se font envoyer sur les roses, ce n’est pas à eux qu’on en veut mais à « l’autorité ». Ainsi les choses iraient moins mal. Parole de patron ! Car les chefs en question continuent les pressions sur les travailleurs, les sanctions, les menaces à l’emploi.

La direction de PSA affirme, dans son accord, que le recrutement ou la promotion interne de chefs « représentatifs tant des quartiers sensibles... que des différentes ethnies » serait la meilleure façon d’assurer la « cohésion sociale » dans l’usine.

Certes, entre l’ethnie des beaux quartiers, prédominantes dans les directions, et celle qui parle le langage des banlieues le courant passe difficilement. Mais un PDG, qui touche 166 fois le salaire de ses OS payés au SMIC, peut recruter tous les intermédiaires qu’il veut : il prépare la collision sociale. Celle qui crée entre travailleurs la vraie cohésion.

Olivier BELIN

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