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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 97 : janvier-février 2015

La Poste révoque un militant fonctionnaire, une première depuis 60 ans !

28 janvier 2015 Convergences Entreprises

Au premier semestre de l’année 2014, un conflit particulièrement long avait lieu dans plusieurs bureaux de facteurs des Hauts-de-Seine. Parti de Rueil pour la titularisation des précaires, il s’était étendu à La Garenne Colombes/Bois Colombes, Gennevilliers et Courbevoie sur des questions liées aux incessantes réorganisations et suppressions de postes qui touchent La Poste. Pendant les 173 jours que dura la grève, les postiers en lutte se firent militants de leur mouvement et tentèrent de sortir de l’isolement à de nombreuses reprises. Pour la direction de La Poste, c’est inacceptable.

Répression tous azimuts

Pendant et après le conflit, ce ne sont pas moins de douze procédures disciplinaires qui ont été mises en œuvre contre des grévistes ou des représentants syndicaux. En plus des nombreuses suspensions temporaires de fonctions, quatre camarades ont été licenciés avant d’être réintégrés par l’Inspection du travail ou les prud’hommes compte tenu de la légèreté des faits reprochés. Seulement, à La Poste, il existe aussi des fonctionnaires qui, contrairement à la légende, ne sont pas plus protégés que les autres sur le plan juridique. C’est même un peu l’inverse car il n’y a pas de filtre entre la direction et les agents qui, s’ils sont sanctionnés, n’ont d’autre recours que le tribunal administratif, procédure longue s’il en est. Un des animateurs de la grève, Yann, était passé en conseil de discipline le 31 octobre dernier et était depuis en attente de sa sanction. Elle vient de tomber.

Un cap symbolique

Un huissier a sonné à la porte de Yann, mardi 13 janvier pour lui remettre une notification de révocation. Cela ne s’était pas produit depuis soixante ans pour des faits militants. Voici ce que La Poste lui reproche officiellement : prise de parole, « intrusion » dans des établissements postaux, non signature du registre visiteurs, refus d’obéissance et non prévenance des chefs d’établissement lors des prises de parole. On le voit, il ne s’agit que de griefs liés à l’activité dans la grève et aux différentes visites faites aux collègues de La Poste.

En révoquant Yann, La Poste franchit un cap symbolique qu’elle n’avait pas osé passer depuis les années 1950. Si elle le fait aujourd’hui, c’est qu’elle a l’aval de l’État dans une période où les attaques contre les droits des travailleurs sont partout à l’ordre du jour.

Le 9 janvier, au moment même où La Poste imposait une minute de silence à ses agents au nom de la liberté d’expression, elle signait la révocation de Yann. Une belle illustration des conséquences possibles de « l’unité nationale » dont on nous gave aujourd’hui.

19 janvier 2015,Erwan PIAM


PS : adresse de la pétition en ligne : http://reintegrationyann.sudptt.org

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