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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 73, janvier-février 2011

La Poste : l’ouverture à la concurrence : un épouvantail contre les travailleurs

Mis en ligne le 29 janvier 2011 Convergences Entreprises

Le 1er janvier 2011, la fin du monopole public sur le courrier de moins de 50 grammes a été la dernière étape dans l’ouverture à la concurrence des activités postales. L’opération est passée quasiment inaperçue, et pour cause : aucune véritable concurrence ne se profile à l’horizon.

Des attaques en boucle contre les postiers

La pseudo-menace de la concurrence sert en fait à justifier les suppressions d’emplois et les fermetures de bureau. Depuis 2003, 64 000 emplois ont été supprimés et La Poste prévoit d’en éliminer 50 000 autres d’ici 2015.

À la distribution, les sacs de courrier sont de plus en plus lourds et les tournées de plus en plus longues. Aux guichets, les horaires sont rallongés et, avec le nouveau « look » des bureaux, des postiers doivent rester debout toute la journée derrière leurs stands. Au tri, les centres ferment, les cadences s’accélèrent et les nouveaux horaires de nuit ruinent la santé.

Les fermetures de bureaux pèsent lourdement sur la vie des salariés, comme à Lauzet, un petit village des Alpes, où les facteurs sont en grève depuis novembre contre un regroupement de bureaux qui les obligera à faire 95 kilomètres supplémentaires chaque jour sur des routes de montagne pour aller chercher le courrier le matin et ramener la voiture de service après la distribution.

Les quatre souris de l’école des cadres

À réorganisations successives, techniques de conditionnement de la hiérarchie. En témoigne un diaporama de formation à destination d’encadrants, révélé fin décembre par le journal Médiapart. Il raconte l’histoire de quatre souris, Flair, Flèche, Baluchon et Polochon, dont le fromage « disparaît sans raison ». Flair et Flèche « s’adaptent » et partent aussitôt trouver un nouveau fromage. Baluchon se lamente, mais finit par se lancer lui aussi, tandis que Polochon se sent vieux, n’a pas envie de changer ses habitudes et reste sur place en pleurant sur son fromage disparu. Morale de l’histoire ? « Celui qui refuse le changement creuse sa propre tombe » et Polochon a une attitude « suicidaire ». Tout est dit !

La stratégie du salami

Les luttes collectives sont fréquentes. Mais La Poste a depuis longtemps une stratégie d’étalement. Les restructurations, et du coup les grèves, se font bureau après bureau.

Profitant de l’isolement des grévistes, La Poste mise de plus en plus sur le pourrissement des luttes. Exemple, depuis novembre, le bureau de distribution du 2e arrondissement de Marseille est en grève à 100 %, cadres compris et, malgré plus de 100 jours de grève, la direction refuse toute négociation.

La Poste n’hésite pas non plus à multiplier les provocations verbales et physiques pour sanctionner les grévistes et les militants. Dans les Hauts-de-Seine, après deux grèves dures en 2009 et 2010, la direction a demandé le licenciement d’un syndicaliste contractuel (refusé par l’inspection du travail, mais en recours auprès du ministre du Travail) et mis à pied deux autres pour un et deux ans, dont six mois avec sursis.

À Paris, un permanent de SUD vient également d’être mis à pied pour deux ans, dont six mois avec sursis. En cause : prises de parole dans un bureau (à la pause), distributions de tracts « non au­to­ri­sées » et solidarité avec les grévistes des Hauts-de-Seine et d’Alternative Post, c’est-à-dire des activités syndicales rien de plus normales !

Au bureau de distribution du 11e arrondissement de Paris, La Poste a voulu bafouer le droit de grève en sanctionnant les grévistes par une cinquantaine d’avertissements (sur la grève, lire Convergences Révolutionnaires n° 71). La direction a dû les retirer face à la mobilisation, mais un gréviste a été licencié et les facteurs continuent de se mobiliser pour défendre la secrétaire CGT menacée de mise à pied.

Dans ses murs, La Poste a tout pouvoir et les conseils de discipline ne sont que des parodies de procès. Les recours juridiques prennent des mois ou des années, durant lesquels La Poste active son rouleau compresseur.

La seule solution reste de compter sur la combattivité des postiers et de les convaincre que la coordination des luttes et leur détermination sont leur seule force.

18 janvier 2011

Maurice SPIRZ

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