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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 57, mai-juin 2008

Editorial

L’unité des révolutionnaires : possible ? En tout cas plus nécessaire que jamais

Mis en ligne le 13 mai 2008 Convergences Politique

En ce printemps 2008 évoquer l’unité des révolutionnaires semble une aimable plaisanterie.

Depuis les récentes élections municipales ne sont-ils pas plus divisés que jamais ? Et, de plus, au moins autant pour des conflits de chapelles que pour des raisons de divergences politiques.

Ainsi Lutte ouvrière a refusé d’envisager aux municipales l’alliance avec la Ligue communiste révolutionnaire au prétexte que celle-ci tente de constituer un Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui ne serait plus trotskiste. C’était pour aller mendier celle d’une gauche, Parti communiste ou Parti socialiste, dont les penchants pour le trotskisme ne sont sans doute plus à démontrer ?

La LCR n’a proposé cette alliance qu’une fois assurée qu’elle serait refusée. Elle avait pris bien soin au préalable de proclamer qu’elle lançait son NPA sans partenaire, c’est-à-dire avec la volonté de faire cavalier seul. Ainsi elle a refait l’erreur de LO après le succès d’Arlette Laguiller aux élections présidentielles de 1995, persuadée à son tour que celui d’Olivier Besancenot en 2007 lui permettait de faire le trou, de distancer sa concurrente d’extrême gauche et se passer d’elle pour construire toute seule un parti plus large. Ne parlons pas du Parti des travailleurs (lui-même ne veut surtout pas être classé dans l’extrême gauche) qui poursuit une politique d’évitement sinon d’hostilité à tous les autres groupes révolutionnaires, politique que le courant trotskiste qui l’anime maintient obstinément depuis Mai 68.

Tous célèbrent le quarantième anniversaire de ce Mai 68. Ils en oublient au moins un des aspects qui ne fut pas le moins marquant : l’importance nouvelle des « gauchistes », courant dans lequel leurs adversaires classèrent alors en vrac tous ceux qui parlaient de révolution, est venue du fait que face à la gauche et à ses partis, dont le plus important était encore le PCF stalinien, ce courant apparut solidaire et uni dans la volonté de développer toutes les potentialités du mouvement.

Certes cette unité entre les groupes, plus nombreux et encore plus idéologiquement divisés qu’aujourd’hui, maoïstes, anarchistes, trotskistes, fut imposée dans l’action et par le mouvement lui-même. C’est l’occupation de la Sorbonne et des autres universités, puis la grève générale qui les forcèrent non seulement à coexister mais à s’entendre… au moins le temps d’un joli mois. Le mouvement retombé, les universités vidées de leurs contestataires et les usines remises au travail, cette entente s’est évaporée. En témoigne l’échec des propositions de Lutte ouvrière de former ensemble ce parti large au sortir des événements. Depuis, chacun des groupes survivants l’appelle de ses vœux mais quand il prétend ou essaie à son tour de le construire (lambertistes du PT dans les années 1980, LO la décennie suivante, maintenant la LCR)... c’est tout seul.

La situation est certes bien différente aujourd’hui de celle de 1968. Il n’y a pas de mouvement qui dépasse et emporte tout, y compris les misérables jalousies des groupes de toute obédience, et impose de ne plus jouer solo mais de se préoccuper d’abord des intérêts du mouvement révolutionnaire et par delà celui-ci du mouvement ouvrier tout entier.

L’unité est-elle donc impossible en dehors de ces périodes exceptionnelles ? Ne serait-elle pas aussi nécessaire dans une période qui l’est moins comme aujourd’hui, alors que le mécontentement s’accroît à la mesure de l’exploitation mais reste sans perspective, avec des travailleurs de plus en plus méfiants vis-à-vis de la gauche comme des directions syndicales ? Et sommes-nous condamnés à voir chacun des groupes continuer à suivre son petit bout de chemin, persuadé d’être tout seul au bout du compte l’embryon du futur parti (et avec le secret et vain espoir qu’un succès quelconque lui donnera l’avantage définitif sur les autres, voire les fera disparaître de la scène politique) ?

Sommes-nous condamnés à faire tout au plus alliance le temps d’une élection, mais pas davantage, comme LO et la LCR l’ont fait parfois ces dix dernières années ? Et comme elles le referont peut-être aux prochaines élections européennes dans 9 mois ? Ce dont la Fraction « l’Étincelle » de Lutte ouvrière se déclare dès maintenant partisan. Ce serait une alliance somme toute plus naturelle que celle avec une gauche qui a rarement été aussi à droite. Plus naturelle aussi qu’une alliance prétendument technique à un second tour… qui de toute manière n’est pas prévu lors de ces élections européennes. Mais si, encore une fois, l’unité des deux organisations ne se fait qu’à l’occasion des élections et dans le seul but de tenter de s’assurer quelques élus, cette unité momentanée n’aura pas plus d’utilité ni de conséquence que les précédentes.

C’est dans les luttes de classe et pour ces luttes que l’unité des révolutionnaires serait d’abord et avant tout nécessaire. L’entrée dans ce mois de mai 2008, si nous en croyons les commentaires des médias, suscite interrogations et inquiétudes dans les milieux patronaux, politiques et même syndicalistes. Pas seulement parce que le quarantième anniversaire d’un autre mai ravive des souvenirs douloureux… ou enthousiastes, c’est selon. Mais surtout parce que les attaques sans précédents et tous azimuts contre les travailleurs provoquent colères et mécontentements et que ceux-ci ont déjà commencé à susciter eux-mêmes grèves et manifestations, chez les enseignants, chez les lycéens, chez les sans-papiers mais aussi dans un certain nombre d’entreprises sur les salaires ou pour la défense de l’emploi.

La simple évocation d’une éventuelle convergence de ces mouvements donne le frisson à beaucoup. Mais ils vont pour l’instant en ordre dispersé, chacun de son côté. Les directions syndicales font tout pour cela, en tout cas rien pour qu’il en soit autrement. Le Parti socialiste leur tourne carrément le dos. Pour pousser dans une autre direction, celle du mouvement d’ensemble, celle d’un nouveau Mai 68, seul susceptible de renverser les rapports de force et d’imposer les revendications essentielles du monde du travail, il n’y a guère que les révolutionnaires.

Ceux-ci pèseraient d’autant plus qu’ils le feraient ensemble, comme une force unie agissant dans la même direction et non simplement chacun dans son coin et son secteur, son entreprise ou sa localité. Centraliser et unifier est bien le premier rôle d’une organisation nationale, à plus forte raison d’un parti ! Si la Fraction a dit « chiche » à l’initiative de la LCR, s’est affirmée prête à explorer la possibilité de mettre sur pied un nouveau parti révolutionnaire (et pas seulement anticapitaliste) et participe aux comités d’initiative pour un NPA, c’est évidemment avec l’objectif, et à la condition, qu’un parti (nouveau ou pas) ne s’en tienne pas à chapeauter un réseau de comités locaux se contentant de servir de couvertures politiques aux contestations locales, ce que les listes de la LCR aux municipales se sont la plupart du temps contentées de faire. 

Les deux principales organisations – mais de plus petites aussi – avancent le même programme et proposent au mouvement ouvrier les mêmes objectifs, et cela depuis des années, depuis que la LCR et Olivier Besancenot ont repris à leur compte le « programme d’urgence » avancée par LO et Arlette Laguiller. Les deux organisations s’affirment partisans du mouvement d’ensemble, de la grève générale et appellent de leurs vœux un nouveau Mai 68. Qu’est-ce qui les empêchent de défendre et proposer cette orientation ensemble ?

4 mai 2008

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Réactions à cet article

  • Tout dépend sur quels bases doient se faire l’unité ? ...Moi personnellement, je suis attaché au programme du communisme révolutionnaire. Le projet de la LCR me semble être clairement flou : il s’agit de d’intégrer des nouveaux adhérents qui sont souvent dans une contradiction : il conteste le système, mais n’ont pas forcément la conscience qu’une révolution est nécessaire pour en changer. Or une révolution, cela ne se réduit pas à un slogan abstrait ! C’est une insurrection de la classe dominée par la violence ! Une violence qui peut commencer par une grêve générale et reconductible avec un but politique, celui de prendre le pouvoir au bourgeois ! Je crois que la méthode n’est pas bonne. Il serait plus judicieux de créer des comités anti capitaliste de militants appartenant à plusieurs organisations ou sans parti, que de diluer des militants qui se déclarent communistes dans une masse informe d’adhérents ayant des sensibilités contestataires, et ou semi-conscients avec le danger évident de se voir développer un opportunisme politique !

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  • Ni le parti révolutionnaire,ni le prolétariat révolutionnaire n’existent aujourd’hui.Bien qu’attaqués de toutes parts,les ouvriers restent réformistes,intoxiqués par la propagande des partis réformistes(dont le NPA s’apprête à faire partie)et des syndicats réformistes,pour ne pas dire collaborationnistes,puisqu’ils n’organisent aucune riposte sérieuse. Les partisans dune véritable lutte de classe doivent,partout où un ras-le-bol se dessine,proposer la formation de comités de grève,ne pas hésiter à s’opposer aux faux amis,démontrer aux ouvriers qu’il est de leur intérêt d’exclure ces derniers des comités,proposer l’extension de la lutte aux autres entreprises et l’organiser contre tous ceux qui ne manqueront pas de vouloir la saboter. Pourquoi ne pas faire apparaître ici une rubrique montrant les efforts dans ce sens,les actions des comités de grève,les divergences qui s’y manifestent ? La dictature de la bourgeoisie ne pourra être vaincue que par un parti semblable à celui de Lénine,qui ne renaitra ou ne se développera que par sa jonction avec des comités de grève révolutionnaires et généralisés,en guerre(comme l’était Lénine)avec les réformistes. On est loin du compte,mais c’est le seul chemin.

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