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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 14, mars-avril 2001 > DOSSIER : France-Afrique : Le pillage continue

DOSSIER : France-Afrique : Le pillage continue

L’étau de la dette

Mis en ligne le 1er avril 2001 Convergences Monde

Alors que les richesses mondiales ont été multipliées par 7,5 depuis 1960, l’Afrique s’enfonce toujours plus dans la pauvreté et les inégalités se creusent inlassablement.

Y aurait-il une fatalité ?

Comment expliquer que ce continent ne parvienne pas à sortir du sous-développement alors même qu’il ne cesse de bénéficier d’une Aide Publique au Développement (APE) dont s’honorent la communauté internationale et la politique de coopération française depuis les indépendances ?

Il ne s’agit pas ici d’expliquer les raisons profondes du sous-développement de l’Afrique mais de comprendre comment ces anciennes colonies, malgré leur indépendance politique formelle, sont toujours maintenues sous la domination de leurs ex métropoles et de la France en particulier à travers, entre autre, le mécanisme de la dette.

Après deux décennies de politiques économiques concoctées par le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), la dette du Tiers Monde a quadruplé, bien qu’elle ait été remboursée cinq fois pendant cette période. Le service de la dette, c’est-à-dire les intérêts, des Pays En Développement (PED) pour 1999 atteint 350 milliards de dollars, soit sept fois plus que l’Aide Publique au Développement (APD) reçue durant la même période ! A un point tel que le transfert net (différence entre les prêts reçus et les remboursements) est largement négatif pour les pays en développement : 114 milliards de dollars en 1999 !

L’Afrique consacre près de 40% de son budeet à sa dette extérieure. La crise de la dette des années 1980 va permettre au FMI et à la BM de faire appliquer dans toute l’Afrique, en échange de nouveaux prêts permettant... le remboursement de la dette, des Plans d’Ajustement Structurels (PAS) : ceux-ci imposent des privatisations massives, le contrôle des dépenses publiques (licenciements massifs dans la fonction publique, démantèlement de l’éducation, de la santé, de l’agriculture...) et une politique basée sur quelques produits d’exportation. Ainsi le Cameroun consacre 36% de son budget au remboursement de sa dette… pour 4% seulement pour les services sociaux de base !

« La détérioration des termes de l’échange »

Le Tiers Monde et l’Afrique en particulier sont pris dans le carcan d’institutions internationales chargées de réguler le système capitaliste mondial et à l’intérieur desquelles la France pèse de tout son poids de cinquième puissance économique mondiale.

La place qui a été dévolue à l’Afrique est caricaturale : exporter vers le Nord quelques matières premières et importer du Nord les technologies, les produits manufacturés et une partie des céréales de base. Or, les termes de ces échanges entre Nord et Afrique sont de loin défavorables à cette dernière, puisque depuis les années 80 et hormis quelques rares exceptions (comme le boom passager du cacao et du café en 1995-1996), les prix des matières premières n’ont cessé de baisser plus rapidement que les prix des produits manufacturés.

Depuis 1980, la valeur du panier des produits exportés par l’Afrique a ainsi perdu la moitié de sa valeur face aux produits importés : le déficit commercial de l’Afrique subsaharienne passe de 600 millions de dollars en 1990 à 11,5 milliards en 1996, presque vingt fois plus en six ans ! Les pays doivent emprunter pour payer leurs importations, ce qui augmente leur dette extérieure.

Le protectionnisme du Nord

En vertu de l’accord de l’OMC sur l’agriculture, les pays en développement sont tenus d’abaisser leurs tarifs douaniers et de réduire les subventions versées à leur secteur agricole. Mais à l’opposé, les pays riches ont recours à des obstacles pour limiter l’entrée des exportations du Sud. Parallèlement, les exemptions existantes de l’OMC permettent aux pays riches de fournir un soutien direct des revenus aux producteurs agricoles : quelque 350 milliards de dollars annuels ! Les productions subventionnées du Nord envahissent donc les marchés africains au détriment des productions locales. Ce déséquilibre entraîne des pertes annuelles de 700 milliards de dollars au titre des recettes d’exportation pour les pays en développement (PED), dont la majorité sont e Afrique subsaharienne.

Lupita RODRIGUEZ

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