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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 5, septembre-octobre 1999

L’alliance LO-LCR à l’épreuve de la nouvelle offensive anti-ouvrière

Mis en ligne le 1er octobre 1999 Convergences Politique

Prises de positions communes des cinq députés élus en juin, décision d’adhérer ensemble au même groupe des Gauches Unies Européennes, constitution au sein de celles-ci d’une fraction de fait : contrairement à ce que certains espéraient — ce qu’attestent quelques entrefilets fielleux parus cet été dans la presse proche du Parti Socialiste — l’alliance LO-LCR, nouée à l’occasion des élections, ne s’est pas brisée au soir de celles-ci.

Elle se maintient au Parlement européen. Quand on s’est fait élire ensemble sur une même liste et sur une profession de foi commune, c’est sans doute parfaitement normal et logique. Cela vaut tout de même d’être noté car c’est aussi la preuve que l’alliance des deux organisations n’était ni fortuite ni imposée par les seules modalités du scrutin mais repose sur les bases politiques bien réelles qu’elles ont en commun, quelles que soient leurs différences, elles aussi bien réelles, par ailleurs.

Au-delà des élections

Pourtant, maintenant, en cette rentrée, la LCR et LO vont avoir à livrer d’autres combats, et la solidité de leur alliance est confrontée à d’autres défis, que le parlement... ou les élections.

Certes celles-ci sont déjà dans la tête de tous les politiciens et même à l’agenda de tous les partis. Ce fut le thème, la plupart du temps fort explicite, de tous les « universitaires d’été » que deviennent régulièrement l’espace d’un mois d’août tous nos politiciens. Quelle tactique pour les municipales ? Et si les satellites du Parti Socialiste dans la gauche plurielle ont ferraillé entre eux, Verts contre MDC, PCF ou Radicaux de gauche et vice-versa, tous d’accord d’ailleurs apparemment pour éviter de s’en prendre trop violemment au PS, et surtout jamais à Jospin lui-même, c’est pour préparer les alliances ou les fâcheries provisoires qui décideront de la constitution des listes en mars 2001.

L’extrême droite fracturée, la droite divisée en de plus nombreux morceaux encore et avouant franchement être à la recherche non seulement d’un chef mais même « d’idées » — c’est dire !— la gauche n’en a donc plus qu’une : comment se placer au mieux dans et autour de ce gouvernement, grappiller éventuellement tout de suite quelques strapontins ministériels, mais surtout récupérer quelques mairies aux prochaines élections. Celles-ci n’ont pourtant lieu que dans deux ans ou presque. Qu’importe pour ces politiques, pour qui il n’y a pas de vie hors des urnes.

Confirmé aussi, bien qu’il n’y en ait guère eu besoin : à gauche ce gouvernement n’a pas d’opposants, pas même de candidats au rôle d’opposants de sa majesté. Ce grand vide politique trace le chemin à suivre pour l’extrême gauche : faire de la politique au niveau de l’ensemble de la population laborieuse et de ses problèmes immédiats, sans se soucier de tous les cénacles politiques, petits ou grands, de gauche comme de droite (le problème des alliances à nouer aux municipales viendra en son heure et en suite logique de la politique menée par les uns ou par les autres d’ici là).

Les objectifs du plan d’urgence toujours valables

Confirmé également : parmi les forces politiques il n’y a que l’extrême gauche à ne pas être dupe ou à ne pas feindre de croire aux prétendus résultats du gouvernement et leurs heureuses conséquences pour les travailleurs.

Même si l’embellie économique se poursuivait, ce que rien ni personne ne peut assurer, les grandes lignes du « plan d’urgence » avancé par Lutte Ouvrière depuis 1995, ne demeurent pas moins valables parce qu’il y aurait quelques centaines de milliers de chômeurs en moins (et sans doute autant de précaires en plus). Il n’est pas moins nécessaire d’imposer un programme de mesures d’urgence qui permettrait à la classe ouvrière de faire face aux conséquences désastreuses pour elle à tous les niveaux, et pas seulement à celui de l’emploi, de l’existence de millions de chômeurs et de précaires dans ce pays, Et c’est donc tout aussi vrai du programme de la liste LO-LCR aux européennes dont l’actualité reste pleine et entière.

Il est donc plus nécessaire que jamais de faire campagne pour ces objectifs, de les proposer à l’ensemble des travailleurs, y compris évidemment en-dehors des périodes électorales, et en particulier dans les semaines et les mois qui viennent. De toute manière ce n’est pas un résultat électoral, aussi bon pour l’extrême gauche et aussi encourageant pour les travailleurs combatifs puisse-t-il être, qui pourra les imposer, mais seul un mouvement d’ensemble, un véritable soulèvement du monde du travail.

Certes les contre-offensives nécessaires, même partielles, des travailleurs ne dépendent pas immédiatement ou directement de l’extrême gauche et de l’activité de ses militants. Mais même en l’absence de véritables mobilisations ouvrières — qui peuvent aussi se présenter sans crier gare, car après tout c’est bien quand patrons, gouvernement et médias nous répètent que tout va mieux, que ce serait le moment pour les exploités de réclamer leur dû... et même beaucoup plus — l’extrême gauche peut au moins faire campagne pour son programme, ses solutions, en opposition radicale aux politiques des capitalistes et de leur gouvernement.

Une campagne toujours nécessaire

Dans l’immédiat la deuxième loi Aubry, dans la foulée de celle-ci les réformes entamées ou annoncées des hôpitaux, de la santé, de la sécu ou des régimes des retraites, et encore et toujours l’annonce de nouveaux plans de suppressions d’emplois dans les grandes entreprises, suscitent la plus grande inquiétude chez de nombreux travailleurs, mais aussi parmi les militants des partis de gauche, des syndicats et des associations. Une campagne large, publique, systématique et commune de LO et de la LCR contre ces projets, leur opposant un programme de mesures d’urgence, s’adressant à tous les travailleurs, ne pourrait manquer de toucher bon nombre de ces militants. Avec ce but en tête elle pourrait contribuer à rassembler tous ceux qui refusent ces projets et sont conscients qu’il faudra organiser la lutte, dans l’immédiat si c’est possible, un jour ou l’autre de toute façon.

Meetings, tracts, affiches, journaux, de l’une, de l’autre ou des deux organisations, mais aussi rencontres militantes, d’abord dans les entreprises, mais aussi dans les quartiers et les localités, ouvertes à tous ceux, individus, partis, syndicats ou associations, qui sont préoccupés de mettre sur pied et organiser la contre-offensive : au-dessus des forces de LO et de la LCR, et du courant révolutionnaire en général, qui ne sont certes pas énormes ? Les récentes européennes ont pourtant encore montré qu’une véritable campagne nationale n’est pas hors de portée des deux organisations, surtout alliées, même si elles n’auraient pas cette fois les moyens inhabituels que procurent les périodes électorales. Elles pourraient de plus sans aucun doute s’adjoindre pour la circonstance une bonne part des groupes et des militants et ex-militants d’extrême gauche.

Cette campagne permettrait d’opposer clairement la politique révolutionnaire, qui se fait au niveau des entreprises et de la population elle-même, à celle de l’établissement politique bourgeois, confinée aux parlements de toute taille et de toute nature ou au mieux aux périodes électorales.

Elle permettrait surtout de faire vivre et grandir une force politique d’extrême gauche, préparée à jouer son rôle lors des futurs mouvements, parce qu’elle aura justement, par toute sa politique, contribué à les préparer.

Le 12 septembre 1999

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