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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 2, mars-avril 1999 > Loi Aubry, Loi piège

Loi Aubry, Loi piège

L’accord à la Poste

Mis en ligne le 1er avril 1999 Convergences Entreprises

Selon le directeur général dans un message aux salariés, l’accord signé le 17 février par FO, la CFDT, la CFTC et la CGC « démontre la volonté de la direction de la Poste d’appliquer la loi de façon exemplaire, à la fois dans sa lettre et dans son esprit ».

La bonne blague ! Logiquement la réduction du temps de travail, pour un effectif total de 300 000 postiers, aurait dû se traduire par 30 000 postes de plus. L’accord prévoit le simple remplacement des 20 000 départs à la retraite au cours des deux prochaines années. Qui parlait de rattraper les 50 000 emplois disparus à la Poste au cours des 15 dernières années ?

Pire ! Pour remplacer les 20 000 postiers fonctionnaires qui partent en retraite seuls 6000 nouveaux seront embauchés comme fonctionnaires. Les 14 000 autres embauchés seront des contractuels, moins payés, sans la même garantie de l’emploi. La Poste pourrait donc s’en débarrasser ensuite, au fur et à mesure des réorganisations qu’elle prévoit. Et une partie de ces 14 000 seront des contractuels actuellement à temps partiel qu’on passerait à temps plein. C’est sans doute le minimum que la Poste doive faire pour eux... mais le nombre réel de nouveaux embauchés sera réduit d’autant.

Les 35 heures, telles qu’elle les conçoit, la direction a déjà commencé à les appliquer, localement, dans des « bureaux pilotes ». Cela annonce la couleur...

Pour les facteurs qui travaillent en région parisienne, adieu les week-ends. Ils travaillaient un samedi sur deux. Le samedi libre est supprimé, et remplacé par un « repos cyclique » (le lundi, le mardi, le mercredi, etc.). Quant aux guichetiers et à tout le personnel d’accueil, l’objectif de la direction est l’ouverture des bureaux tous les samedis après-midi... Sans créer d’emplois. La bonne fée Flexibilité passera par là !

Des tournées sont supprimées et fusionnées, et la sacoche du facteur s’alourdit de quelques bons kilos supplémentaires... Enfin, il y a les nouveaux « barèmes » de travail : un facteur, par exemple, aurait une minute pour monter dans un immeuble, faire signer un recommandé, et redescendre. Ce n’est plus la Poste, c’est les Jeux Olympiques !

Une grève de 41 jours à Clichy (92)

En tout cas le test est fait : dans plusieurs bureaux pilotes, les postiers « cobayes » qui ont eu le douteux privilège d’expérimenter les 35 heures à la sauce Aubry ont tellement aimé... qu’ils ont fait grève contre !

Ainsi à Clichy (92), les postiers ont fait grève à 70 % pendant 41 jours contre les modalités du passage aux 35 heures et pour des embauches. Si celles-ci n’ont pas été obtenues, la direction a dû reculer, mettre de côté son projet de suppression du « samedi sur deux » et de réduction des tournées, renoncer à faire de Clichy un « bureau pilote ». Mais elle annonce déjà un nouveau projet pour plus tard.

Il s’est quand même trouvé quatre syndicats pour signer ! Pas SUD, ni la CGT, non sans quelques hésitations semble-t-il pour la CGT : certains de ses responsables expliquaient, quelques jours plus tôt, qu’on avait déjà arraché 6000 embauches de fonctionnaires au lieu de 3000 initialement prévues, et qu’il ne faudrait peut-être pas abandonner aux autres syndicats le bénéfice d’une telle victoire... en les laissant signer tout seuls !

6 mars 1999

B.R., L.P.

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