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DOSSIER : Elargissement à 25, nouvelle constitution : l’Union européenne, une menace pour les travailleurs ?

L’UE : une construction laborieuse

Mis en ligne le 14 mai 2004 Convergences Monde

Ce n’est qu’après 1945 que la mise en place d’une union européenne s’amorce. Timidement, à petit pas, limitée, au milieu des méfiances et des réticences des Etats dont la concurrence a entraîné les deux guerres mondiales. Mais les pays d’Europe sont en pleine reconstruction et leur coopération serait plus nécessaire que jamais.

1951 : la CECA

En avril 1948 se crée l’OECE, l’Organisation européenne de coopération économique, qui s’occupe de la répartition de l’aide américaine fournie par le plan Marshall. Des négociations sont entamées en 1949 pour une collaboration dans les secteurs clés de la production industrielle que sont le charbon et l’acier. Le traité de la Communauté Economique du charbon et de l’acier (CECA) est signé en 1951 entre la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. La mise en œuvre de la CECA coïncide avec la modernisation de l’outil de production. En fait les trusts sidérurgiques continuent à compter avant tout sur les subventions massives de leur Etat respectif. Mais désormais la circulation de leurs produits industriels se développe sans entrave, puisqu’ils sont exemptés de droits de douane et que le coût de leur transport est subventionné. La CECA a donc pour effet d’atténuer la pénurie de charbon qui posait souvent problème à l’époque et influe sur la croissance des six pays signataires.

1957 : la CEE

Dans un deuxième temps les Six vont élargir cette coopération économique avec la mise en place d’un marché commun : le traité instituant la Communauté économique européenne (CEE) est signé en 1957. L’Europe est à cette époque hérissée de barrières douanières : la France taxe de 45 % l’entrée des matières premières, l’Allemagne de 60 % ! Voilà qui ne facilite pas les échanges... C’est pour cette raison que les droits de douane sont peu à peu abaissés pour toutes les marchandises, pour être définitivement supprimés en 1968. Les résultats ne se font pas attendre : le volume des échanges de produits industriels double entre 1958 et 1962.

Par ailleurs la Politique agricole commune (Pac) concilie l’aide aux agricultures nationales, avec un système de prix garantis, et la libre circulation progressive de tous les produits agricoles. Toujours en vigueur aujourd’hui, elle a facilité la constitution d’une agriculture très capitalistique, où les petits producteurs sont évincés au profit des gros : avec la Pac, plus on est riche, plus on est aidé ! La Pac conduit à l’augmentation des rendements et des quantités livrées. L’Europe devient la deuxième puissance agricole du monde, juste derrière les Etats-Unis.

Finalement entre 1958 et 1970, le produit national brut de la Communauté a connu une augmentation de 70 %.

L’Union européenne : 1992

Cette réussite a convaincu d’autres bourgeoisies européennes de s’y associer : la CEE s’élargit, avec l’adhésion de la Grande-Bretagne, de l’Irlande et du Danemark en 1973, de la Grèce en 1981, de l’Espagne et du Portugal en 1986.

Cette union ne s’est pas faite sans heurts, chaque pays cherchant à sauvegarder ses intérêts spécifiques : la France a négocié de pouvoir concilier ses liens avec les Territoires d’Outre-mer et ses anciennes colonies d’Afrique noire avec le marché commun européen. La Grande-Bretagne a longtemps retardé son adhésion car elle était soucieuse de maintenir des relations privilégiées avec les Etats-Unis et toutes ses anciennes colonies réunies au sein du Commonwealth. L’Allemagne n’était pas très favorable à une monnaie unique, qui l’amenait à renoncer à une monnaie forte, le mark...Les négociations sur toutes ces questions ont souvent pris la forme de laborieux marchandages, paralysant l’avancée de la construction européenne durant des mois, voire des années.

Tant bien que mal les Etats européens ont réussi en bricolant à mettre sur pied un espace économique agrandi, jusqu’à une monnaie unique (mais seulement pour une partie de l’UE : 12 sur 15) et l’élargissement de l’Union à 25 ce 1er mai 2004. Cette union de bric et de broc, à vitesses multiples et statuts différents pour les différents Etats, faite d’abord dans l’intérêt des trusts, est encore loin de véritables « Etats-Unis d’Europe ». Les difficultés à se mettre d’accord sur un embryon de constitution politique suffirait pour en témoigner.

Lydie GRIMAL

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