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Grèce

L’Aube Dorée, la mal nommée

Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Monde

L’ascension politique du parti nazi l’Aube Dorée a été fulgurante. Passé de moins de 0,3 % des voix en 2009 à près de 7 % en 2012, il a obtenu alors 18 sièges au parlement, et est désormais crédité dans les sondages de 13 à 15 % des intentions de vote. L’Aube Dorée doit son succès à la crise économique qui sévit depuis 2009, et aux ressentiments de la population à l’égard du PASOK comme de la Nouvelle Démocratie, partis traditionnels de gauche et de droite qui ont appliqué les mesures d’austérité de la Troïka. Elle le doit aussi au discrédit d’un parti traditionnel d’extrême droite, le LAOS, qui s’est effondré après sa brève participation au gouvernement de coalition, entre novembre 2011 et février 2012.

Des coups de force ciblés

L’extrême droite fait sa pelote en agrégeant les rognes et les grognes, voire le désespoir de chômeurs, retraités et petits commerçants brutalement ruinés par l’approfondissement de la crise. Et en s’affichant du côté du peuple… du moins grec ! Aides aux personnes âgées, distributions de nourriture aux grecs « de souche », dons du sang réservés aux Grecs dans les hôpitaux, ou, dans un autre registre, fermetures intempestives de la frontière albanaise. Voilà qui vaut à l’Aube Dorée l’essentiel de ses gains électoraux. Mais cette formation parade aussi militairement, mène des opérations coups de poings. Elle cible de fait ceux qui subissent ou combattent la crise, et préserve ceux qui en tirent profit. D’où des rondes de commandos dans les quartiers populaires contre les « criminels », des ratonnades quotidiennes contre des travailleurs immigrés, des attaques contre des militants syndicaux, d’extrême gauche ou de la gauche radicale. Jusqu’à l’assassinat de ce chanteur antifasciste, Pavlos Fyssas, froidement poignardé par un tueur de l’Aube Dorée, soutenu par une escouade de 25 autres. Cinq jours auparavant, des militants du PC grec avaient été violemment attaqués pendant un collage dans un quartier ouvrier du Pirée.

Toile tissée en hauts lieux

Ces pratiques de nervis fascistes font de l’Aube Dorée un ennemi déclaré des travailleurs. Ce parti est le seul de l’opposition à avoir soutenu le décret gouvernemental de fermeture brutale de la télé (l’ERT, le groupe audiovisuel public), laissant sur le carreau 2 655 salariés. L’Aube Dorée a ses complicités dans les classes dominantes. Certains patrons n’hésitent pas à faire appel à ses hordes pour faire déguerpir des travailleurs immigrés venus réclamer leurs salaires impayés. Des armateurs financeraient indirectement l’Aube Dorée par diverses combines. L’Aube Dorée a d’ailleurs voté au parlement pour l’exonération des taxes en faveur des armateurs. Et de nombreux liens existent entre cette formation et les différentes institutions de l’appareil d’État (police, justice, armée). Près de 50 % des policiers en seraient électeurs. Mais cela va au-delà du bulletin de vote : un des frères du leader du parti a été l’avocat du dictateur Papadopoulos [1], et sa bonne place aujourd’hui au barreau d’Athènes expliquerait que la plupart des procédures judiciaires engagées contre de petits caïds de l’Aube Dorée échouent. En 2006, un deuxième frère s’est hissé à l’un des rangs les plus élevés de l’armée : premier adjoint du chef général d’état-major. Le jour n’est pas arrivé où une bonne fraction de la bourgeoisie grecque pourrait vouloir hisser l’Aube Dorée au pouvoir. Mais cette dernière agit d’ores et déjà dans l’intérêt de cette bourgeoisie, pour intimider physiquement le mouvement ouvrier et démocratique, voire pour le terroriser… En excitant la corde chauvine évidemment, cet incontournable accessoire du bric-à-brac fasciste.

A.K.


[1Organisateur du coup d’État de 1967 qui a installé la « dictature des colonels », et Premier ministre de 1967 à 1973.

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Numéro 89, septembre-octobre 2013