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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 64, juillet-août 2009

Iran : Distinguer le mécontentement populaire et les ambitions politiques

Mis en ligne le 3 juillet 2009 Convergences Monde

Une amie iranienne, communiste révolutionnaire, ayant fui le régime à l’époque de Khomeini et exilée en France, nous écrit à propos des événements d’Iran et leurs répercussions dans la communauté iranienne ici.

En Iran…

(…) Le régime islamique en Iran est composé de factions différentes. Et, depuis trente ans, la lutte pour le pouvoir n’a pas cessé. À l’étranger, on les décrit comme modérés, radicaux, etc. Mais ils sont tous d’accord pour préserver le système capitaliste et piller le peuple. Le premier coup d’État au sein du régime a eu lieu en 1981 pour évincer le gouvernement de Bani Sadr. Celui-ci, ainsi que les Moujahedins (islamistes opposés au régime), durent s’exiler. 

(…) Et depuis la première élection de Ahmadinejad il y a quatre ans, des rumeurs couraient, de plus en plus fortes ces derniers mois et semaines, évoquant l’intention de la faction Khamenei/Ahmadinejad d’organiser un coup d’État pour mettre fin à la République et instaurer un régime islamique « non démocratique ». Dans le sens où les mascarades électorales et autres qui justifiaient un soi-disant régime républicain n’auraient plus lieu d’être.

La faction « opposante » dirigée par Rafsanjani (ancien Président de la République islamique) avec Moussavi comme poulain et candidat n’est pas plus démocrate, ni moins capitaliste…

(…) Moussavi et sa clique espèrent prendre le pouvoir en surfant sur cette vague de protestations. La « révolution de velours » qu’ils espèrent ressemble curieusement aux « révolutions de velours » qu’on a constatées dans les anciens pays socialistes ces dernières années comme la révolution orange en Ukraine. Les méthodes sont les mêmes : on fait courir des bruits de coup d’État avant les élections, on fait courir le bruit que les élections seront truquées, on choisit une couleur représentative de l’opposition, on écrit aux autorités pour dénoncer la fraude et demander de nouvelles élections... Il faut donc être très prudent et bien faire la différence entre le mécontentement populaire, réel, et ceux qui tentent et qui ont prévu d’en profiter pour prendre le pouvoir. Et il y a donc deux niveaux dans les événements de ces jours-ci : la guerre déclarée entre les factions du régime d’un côté et le mécontentement populaire après trente années de dictature islamique noire….

… et même à Paris

Les organisateurs, qui avaient des drapeaux et rubans verts comme les partisans de Moussavi en Iran, scandaient « À bas le dictateur » sans le nommer. C’est la reprise du slogan des manifestants en Iran avant le prêche du « guide suprême » qui a ordonné le massacre des opposants. Depuis, là-bas, les opposants scandent clairement « À bas Khamenei » . Ici, ils étaient dans la ligne de Moussavi qui espère encore obtenir le soutien du « guide ».

Vers la fin de la manif, des opposants de gauche dont je ne connais pas l’appartenance ont scandé « À bas la République Islamique » et « Liberté pour les prisonniers politiques » . Les supporters de la « révolution de velours verte » les ont copieusement sifflés et hués. J’ai discuté avec certains et leur ai dit qu’ils disaient « mort au dictateur » (Ahmadinejad) mais qu’ils avaient une attitude de dictateurs envers les gens qui scandaient « À bas la République Islamique » . On m’a répondu qu’il fallait dire la même chose qu’en Iran. J’ai répondu qu’en Iran, cela fait trente ans que les gens crient « À bas la République Islamique » , que Moussavi a assassiné des milliers de prisonniers politiques. Ils m’ont ordonné de quitter la manif, même si je ne scandais rien et que j’ai uniquement discuté pour montrer mon désaccord avec leur attitude anti-démocratique.

Il y avait beaucoup de discussions et de désaccords tout au long de la manif. Les « verts » n’arrêtaient pas de dire qu’il fallait taire les divisions. Tout comme en 1979, les partisans de Khomeini, avant la prise du pouvoir par ce dernier, empêchaient les gens de discuter.

Voilà, sachez qu’en dehors de l’Iran une partie des porteurs de rubans verts et drapeaux tricolores haïssent les ouvriers et travailleurs iraniens et que même ici, dans les rues de Paris, ils ne supportent pas qu’on ne soit pas d’accord avec eux. Sachez aussi que ces petits-bourgeois ne représentent pas tout le peuple iranien, mais représentent effectivement une partie des classes moyennes et aisées qui ont participé aux manifs de ces derniers jours.

Le 22 juin 2009

F.L.

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