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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 16, juillet-août 2001

Infirmières : à qui profite la pénurie ?

Mis en ligne le 1er août 2001 Convergences Entreprises

Au printemps 2000, confrontée à une mobilisation des personnels hospitaliers s’étendant comme une traînée de poudre, Martine Aubry avait cédé environ 2 milliards de francs de moyens supplémentaires consacrés en grande partie au recrutement de personnel afin de remédier aux carences les plus catastrophiques : services d’urgences, remplacements des absences, etc.

Des concessions en trompe l’œil : en effet, du fait de la pénurie de personnels (à commencer par les infirmières) une grande partie de ces postes n’a pu être pourvue.

Ecoles : l’intendance ne suit pas

Une situation qui ne pouvait surprendre le gouvernement : c’est lui qui fixe le quota national de places en formation dans les IFSI (instituts de formation en soins infirmiers). En 1996, alléguant un risque de chômage massif des infirmières pour 2001, il réduisit ce quota de 10%, avec à la clé restructurations et fermetures d’établissements. Lorsqu’il fallut, en 1999, restaurer en catastrophe ces places supprimées, ce fut sans crédits, locaux ni formateurs supplémentaires.

A plus forte raison, les écoles seraient bien en peine d’accueillir les 8000 nouveaux élèves annoncés par le gouvernement suite aux accords de mars 2000 ! Une explosion des effectifs (+43%) sans accroissement significatif des moyens…

La pénurie d’infirmières est devenue l’argument massue des directions d’hôpitaux face aux revendications du personnel surchargé de travail. Un pénurie que les syndicats chiffrent à 15 000 ou 20 000 postes vacants pour 2480 établissements.

Souvent invoqué, le manque d’attrait de la profession n’est pas seul en cause. Les écoles prétendent qu’elles n’arrivent pas à faire le plein de candidats : elles en refoulent pourtant la majeure partie, au terme d’épreuves coûteuses (300 à 1000F de droits d’inscription par concours). En fait l’attribution de notes éliminatoires masque bien souvent la saturation des écoles, bien incapables d’absorber leur effectif théorique d’élèves.

Les candidates d’origine modeste, qu’elles soient issues du contingent professionnel (aides-soignantes) ou lycéennes des filières technologiques et professionnelles (sections médico-sociales, carrières sanitaires et sociales) sont les premières victimes de cette rigoureuse sélection qui s’effectue selon des modalités très académiques, fort éloignées des exigences concrètes de la profession d’infirmière : culture générale et maîtrise de la langue sont au cœur des épreuves.

Pour un plan d’urgence de recrutement

Difficile de dire quelle proportion des 8000 nouvelles places en formation seront réellement créées cette année. Mais quand bien même les 8000 finiraient par se concrétiser (avec au moins un délai de 3 ans, durée de la formation), on resterait bien loin du compte car les départs en retraite massifs des années à venir aggraveront mécaniquement la pénurie.

On mesure donc toute l’hypocrisie d’un ministère qui, d’une main, feint de créer des postes en réponse à la pression sociale, et de l’autre, crée délibérément un goulet d’étranglement au niveau de la formation. Une façon d’imposer le manque de personnel comme une quasi-fatalité…

Alors, pour que ce blocage ne se transforme pas en embolie du système hospitalier, pourquoi pas la lutte convergente des personnels hospitaliers et des candidat(e)s aux concours (aides-soignantes et candidates lycéennes ou étudiantes) pour un plan d’urgence de recrutement d’infirmières accompagné d’un effort financier conséquent en direction des instituts de formation…

Julien FORGEAT

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