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Turquie

Guerre sanglante contre la population kurde avec la bénédiction des USA

Mis en ligne le 11 février 2016 Convergences Monde

Pendant la campagne électorale de l’automne dernier, le président turc, Erdogan, avait promis la paix et la stabilité. Brandir la peur du chaos était son argument électoral ; l’attentat perpétré le 10 octobre à Ankara, qui avait fait plus de 100 morts, son prétexte. On n’a jamais su vraiment qui étaient les instigateurs de cet attentat-suicide, ni les complicités, voire le rôle des services de la police d’Erdogan, vu que la cible visée par l’attentat était une manifestation contre la guerre menée par le régime au Kurdistan, appelée par les syndicats et les partis d’opposition.

Guerre et répression…

Depuis l’élection il n’a fait qu’intensifier cette guerre contre la population des régions à majorité kurde qu’il mène depuis le mois de juillet dernier, après avoir brutalement mis fin au processus de paix entamé trois ans plus tôt avec le PKK (le parti nationaliste kurde de Turquie). Dans la région Sud-Est du pays, région frontière avec la Syrie, chars et artillerie lourde sont déployés en pleine zone urbaine pour traquer et éliminer les combattants du PKK et ses unités de protection civile (YPS).

Les grandes villes à majorité kurde y sont soumises à des couvre-feux incessants. La capitale de la province, Diyarbakir (1,5 million habitants), subit un siège interminable depuis bientôt deux mois. Cizre (145 000 habitants) et Silopi (88 000 habitants) ont déjà subi plusieurs périodes de couvre-feu : population séquestrée, privée de nourriture, d’eau, d’électricité et de soins médicaux pendant de longues semaines en plein hiver, habitants assiégés dans les ruines de leurs maisons détruites à l’arme lourde, dans l’impossibilité d’évacuer leurs morts.

Des snipers de la police tirent sur tout ce qui bouge, hommes, femmes, enfants, vieillards. Des chars ont fait feu sur des gens agitant un drapeau blanc – comme l’ont dénoncé au parlement les députés du parti HDP (un parti regroupant des militants de gauche et des partisans du mouvement autonomiste kurde), photos à l’appui montrant notamment les exodes de dizaines de milliers de personnes fuyant les zones de combat. Rien que depuis décembre, 610 combattants du PKK ont été tués (selon les chiffres de l’armée), 200 soldats et policiers ont perdu la vie et les victimes civiles se comptent par centaines.

Et le régime d’Erdogan entretient un climat de peur et de lynchage médiatique contre tous ceux qui contestent pacifiquement sa politique : noms et photos des contestataires publiés dans la presse, menaces de mort.

… avec la caution de l’Occident

Il n’en a pas moins reçu, le 23 janvier dernier, la bénédiction du vice-président américain. En visite à Ankara, Joe Biden a tenu à apporter sa caution au président turc en déclarant que le parti nationaliste kurde PKK était « une menace existentielle » pour le pays, « un groupe purement et simplement terroriste », qui ne diffère pas de Daech. Tout au plus s’est-il permis d’être un peu critique à propos de la détention de journalistes et de la répression contre les universitaires demandant la fin des opérations militaires contre les Kurdes.

La base aérienne d’Incirlik, à 12 km de la ville d’Adana, mise à la disposition des avions américains depuis juillet 2015, et l’acceptation de la Turquie de se joindre à la coalition contre Daech valent bien quelques contreparties diplomatiques.

Les graves entorses du régime d’Erdogan aux droits de l’homme (un euphémisme !) ne gênent pas plus les gouvernements de l’Union européenne à l’heure où ils cherchent à s’appuyer sur le gouvernement turc pour endiguer l’afflux des réfugiés syriens en Europe. Le 18 octobre, la chancelière allemande Angela Merkel était allée quémander l’aide d’Erdogan à Istanbul. Le 22 janvier, elle a reçu le Premier ministre turc Ahmed Davutoglu à Berlin avec les honneurs militaires, s’engageant à ce que l’Union européenne accorde trois milliards d’euros à son gouvernement en échange de sa collaboration pour retenir en Turquie les réfugiés syriens cherchant à gagner l’Europe (ils sont déjà 2,5 millions sur le territoire turc). Inutile de dire que la France de Hollande, qui n’a daigné accepter qu’au compte-gouttes des réfugiés sur son sol (quelques centaines par mois tout au plus) est, bien plus que l’Allemagne, aux premières loges pour demander à la Turquie de les garder dans des camps. Autres promesses de la chancelière allemande : la suppression dès octobre 2016 des visas aux citoyens turcs visitant l’espace Schengen et le soutien à la candidature d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Que ne ferait-on pas pour forcer le régime dictatorial de l’islamiste Erdogan à garder la détresse et la misère chez lui.

26 janvier 2016, Charles BOSCO

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Numéro 103, janvier-février 2016

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