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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 71, octobre 2010 > Luttes contre les licenciements et les suppressions d’effectifs

Luttes contre les licenciements et les suppressions d’effectifs

Grève à La Poste Paris 11 : ras-le-bol du sous-effectif

Mis en ligne le 23 octobre 2010 Convergences Entreprises

Les facteurs du 11e arrondissement de Paris ont décidé de réagir contre le sous-effectif. Marre de la charge de travail qui augmente au fil des suppressions d’emplois, marre d’assurer au pied levé le boulot des collègues en congé ou partis à la retraite sans être remplacés.

En effet, en prévision d’une nouvelle restructuration annoncée pour février 2011, la direction ne remplace plus les départs. Alors depuis quelques mois, sur certains secteurs, la double charge pour les facteurs est de plus en plus fréquente. Longtemps accumulée, la colère a fini par éclater.

Le débrayage est parti d’un secteur où, depuis cinq mois, des factrices supportaient la « marguerite » (bien joli nom pour désigner le partage des postes vacants entre les présents). Elles ont posé le sac, excédées, et ont appelé leurs collègues à arrêter le travail. Un rassemblement s’est formé, puis tout le monde est parti faire débrayer l’étage du dessus. Pendant plus d’une heure, tout le bureau (plus de 170 facteurs) s’est arrêté pour exiger des embauches. Le directeur, avec son mépris habituel, mais aussi sa peur viscérale des rassemblements dans le bureau, a fait le mort et envoyé les chefs pour déclarer grévistes ceux qui étaient encore en assemblée générale. La soixantaine de grévistes a donc décidé de réitérer le lendemain pour obtenir gain de cause. Après une assemblée à la prise de service, une quarantaine de facteurs sont allés trouver le directeur pour exiger une réponse sur les embauches demandées. Celui-ci a répondu par une fin de non-recevoir, par de la provocation et a même menacé de licenciement un contractuel.

Les grévistes ont donc décidé de préparer une grève pour la semaine suivante, en se donnant le temps de convaincre tous leurs collègues. Cette grève offensive pour des embauches serait en même temps l’occasion de se battre contre la restructuration prévue, au moment où elle pouvait profiter de l’élan donné par le mouvement contre la réforme des retraites.

La direction séquestre un gréviste

Face à la contestation, le directeur s’est empressé d’embaucher des intérimaires et CDD pour trois mois, tout en continuant à provoquer les facteurs, leur affirmant qu’ils étaient en sureffectif.

Mais la provocation ne s’est pas arrêtée là. Après les deux jours de débrayage, le collègue contractuel qui avait été menacé de licenciement a été convoqué dans le bureau du directeur. Ce dernier n’avait pas supporté que ce travailleur ose revendiquer ouvertement ses droits. Épaulé par ses cadres, le directeur a voulu lui faire signer une mise à pied et, lorsque ce salarié a voulu aller demander conseil à un représentant syndical, les cadres lui ont barré la route et ont fermé la porte à clef. Ainsi, à La Poste du 11e, c’est la direction qui séquestre les grévistes ! Il a fallu que deux collègues, venues à la rescousse, tambourinent sur la porte pour le faire enfin sortir.

Ces méthodes d’intimidation, de plus en plus systématiques à La Poste, surtout lors de grèves, ont choqué les facteurs du bureau, d’autant que beaucoup avaient vu la veille le reportage d’Envoyé Spécial sur les sales méthodes de « management » à France Telecom. Ils se sont donc organisés, avec l’aide des syndicats, pour faire entrer leur collègue dans le bureau et lui permettre de travailler, malgré les cadres et vigiles à l’entrée qui voulaient l’en empêcher. Le directeur en était tellement retourné que, le deuxième jour, rouge de rage, il s’est jeté sur ce travailleur, le plaquant contre la porte, à la grande indignation de tous les facteurs présents.

Au final, grâce à la solidarité de ses collègues, le facteur sanctionné a pu travailler encore trois jours, avant de recevoir le recommandé lui notifiant sa mise à pied. À l’intérieur, les cadres rasaient les murs et n’osaient pas le virer de peur des réactions. Mais le jeudi 7 octobre, s’il n’est plus rentré travailler, c’est que la grève démarrait et il était donc sur le piquet.

Deux jours pour relever la tête

La grève pour exiger des embauches mais aussi, du coup, l’annulation de la mise à pied du collègue, a duré deux jours avec 40 % de grévistes le premier jour et 25 % le deuxième. En réalité beaucoup de postiers du 11e avaient déjà fait les grèves contre la réforme des retraites des 7 et 23 septembre (et ce à plus de 70 %). Beaucoup se réservaient aussi pour le 12 octobre. Les grévistes ont donc décidé de reprendre le travail en attendant le 12, pour gagner encore du monde à la perspective de la grève et inscrire leur lutte locale dans le mouvement général contre la réforme des retraites.

11 octobre 2010

Anne HANSEN et Maurice SPIRZ

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