Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2015 > mars > 2

Grèce : le jeu truqué de la Troïka

Après des négociations marathon entre le gouvernement grec et l’Eurogroupe, Tsipras, par sa lettre d’engagement du lundi 23 février, s’est résigné à abandonner son programme anti-austérité et s’est engagé à des réformes qui ressemblent à celles de ses prédécesseurs.

Les pays de l’Eurogroupe, France et Allemagne en tête, n’ont pas voulu entendre parler d’augmentation à court terme du salaire minimum ; en revanche, les privatisations en cours doivent reprendre, le « contrôle des dépenses de santé » (asphyxie des hôpitaux et non couverture d’un tiers de la population) doit continuer, la « réforme du marché du travail » doit permettre plus de « flexibilité » et de « compétitivité ». Seule minuscule concession à Tsipras, un petit paragraphe sur les « mesures humanitaires » (dont le rétablissement de l’électricité et de l’eau aux plus pauvres...) à condition toutefois qu’elles n’aient « aucun effet fiscal négatif ».

Les « institutions » ne lâchent rien…

Contrairement aux allégations des dirigeants européens (désormais baptisés « institutions » au lieu de « troïka »), ce n’est pas la Grèce qui est sous perfusion : ce sont les banques européennes qui se sont dopées, d’abord aux emprunts puis aux privatisations grecs. Les banques et les grandes entreprises, pour l’essentiel allemandes et françaises, ont d’abord incité à l’endettement (JO, armements), avant de percevoir des intérêts à des taux colossaux, de racheter les entreprises publiques bradées…

En fait, les gouvernements de l’Eurogroupe ont refusé de laisser la moindre marge à Tsipras. Il fallait montrer à tous que les intérêts du grand patronat européen priment sur ceux des peuples.

Les véritables alliés du peuple grec

Face aux requins de l’Eurogroupe, Tsipras n’a pas fait le poids… et ne pouvait pas le faire en se contentant de batailler sur le terrain « économique » avec plus forts que lui, c’est-à-dire dans le cadre du jeu truqué du système capitaliste. S’il a fait constater au peuple grec que… les requins sont des requins, il n’a pas tenté de s’appuyer sur la seule chose que peuvent craindre les capitalistes, la mobilisation des peuples. Car, dans toute l’Europe, le peuple grec a des alliés naturels : les travailleurs qui, partout, subissent les politiques d’austérité. Bien sûr, préparer cette mobilisation n’est pas si simple. C’est en tout cas moins illusoire qu’essayer d’obtenir de rapaces qu’ils renoncent volontairement à leur proie !

Comment sortir de ce système pourri ?

La seule partie qui reste du programme de Syriza, est la lutte contre la fraude fiscale… déjà au programme de tous ses prédécesseurs. Mais ce sont les plus riches (en particulier les armateurs ou l’Église orthodoxe) qui ne paient quasiment pas d’impôt !

Tsipras, le nouveau Premier ministre grec, peut-il, ou veut-il, faire enfin payer les riches ? Ce ne sont pas quelques fonctionnaires qui pourraient traquer les fraudeurs. Il faudrait, entre autres, mobiliser tous les employés de banque pour qu’ils dénoncent les combines des patrons dont ils ont forcément, connaissance puisque tout passe entre leurs mains. Sans participation active des travailleurs, Tsipras ne réussira même pas à assurer les rentrées fiscales dont le pays a pourtant bien besoin.

Pour réaliser ne serait-ce que les mesures sociales contenues dans le programme de Syriza, il faudrait une mobilisation pour imposer un contrôle des travailleurs sur tout ce que font les patrons.

Il faudrait mettre sous séquestre les biens des armateurs qui font le chantage à la fuite de leurs capitaux en garantie du rapatriement de leurs avoirs spéculatifs dans les paradis fiscaux et du paiement de leurs impôts. Il faudrait confisquer purement et simplement les biens de l’Église pour les transformer en biens publics au service de la population. Bref, il faudrait ne plus obéir aux règles catastrophiques du système capitaliste.

Un tel élan pourrait s’exporter dans toute l’Europe et là, seulement là, nous aurions une chance de mettre un terme aux méfaits de ceux qui saignent le peuple grec et tous les peuples d’Europe.

Mots-clés : | |

Imprimer Imprimer cet article