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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 67, janvier-février 2010

Freescale : un patron coincé… par le zèle antigrève de ses propres cadres

Mis en ligne le 16 février 2010 Convergences Entreprises

À Freescale, l’heure est aux débrayages, qui démarrent sans prévenir, durent un temps très variable et s’égrainent au fil des cinq équipes de semaine et du week-end. Les 150 travailleurs qui forment le « noyau dur » ont fait un jour de grève le 15 janvier puis ont décidé de ce type d’action. Et en mettant fin à la mission d’un intérimaire qui « causait trop avec les grévistes » (sic) le patron a relancé l’envie d’exprimer ainsi le refus de sa politique !

Rappelons que, malgré cinq semaines de grève en septembre et octobre, le directeur refuse toujours de discuter des revendications. Il a aussi essayé de licencier pour faute lourde un des principaux dirigeants du comité de grève, mais l’inspectrice du travail a refusé fin décembre le licenciement de ce délégué CFDT (en même temps qu’elle refusait le licenciement « économique » d’un délégué CGT).

Ayant abandonné l’idée d’un « accord de méthode », rejeté par tous les syndicats, le patron a lancé la négociation d’un « Plan de Sauvegarde pour l’Emploi » afin de liquider les 821 emplois liés à la production. Le Comité d’entreprise, dirigé par FO, a fait appel au cabinet SECAFI pour expertise. Le rapport, qui s’est fait pourtant attendre, s’avère n’être qu’un copié-collé de l’argumentaire du patron pour justifier la fermeture ! Il ne pointe que des défauts mineurs dans la proposition de PSE ! Ce que souhaitait sans doute FO.

Ce n’est donc pas autour du tapis vert que les choses risquent d’avancer : le patron espère toujours boucler son PSE début février avec l’accord des syndicats « majoritaires ».

Quand un chef travaille comme quatre…

L’ennui pour lui, c’est qu’il a besoin de continuer à produire. Or il y a un absentéisme important pour maladie. D’autre part des travailleurs sont partis en formation dans la perspective d’une reconversion. Enfin, on comprend bien que les travailleurs encore présents mais menacés d’être licenciés manquent de motivation. Avec, en plus, cette série de débrayages, Freescale n’arrive à « lancer » que 70 à 75 % de ce qu’il souhaiterait. Et puis les lots [1] « lancés », qui doivent normalement suivre un parcours sur des semaines, restent en attente à différents stades. A tel point que, pour de nouveaux lancements, il manque des boîtes destinées à contenir les plaquettes, alors que dans la zone de production les stocks intermédiaires s’entassent.

Certains chefs essaient de remédier à cela en remplaçant eux-mêmes les grévistes, alors qu’ils ne sont pas habilités à le faire. L’un d’eux s’est même surpassé le 15 janvier en travaillant comme quatre et en ne respectant aucun des protocoles. Ce qui jette le doute sur la qualité de la production. Or cette production s’intègre dans des systèmes d’airbags, d’ABS… et nécessite une habilitation du site. Habilitation qui doit être renouvelée en mai prochain ! Le patron a donc du souci à se faire, d’autant que l’affaire a été sortie dans les médias, à la suite d’un premier article de Siné-hebdo ! Et les travailleurs ont bien l’intention d’en profiter : pour qu’une production de qualité recommence à sortir il va falloir que le patron lâche beaucoup de lest !

Le bras de fer continue donc, démontrant qu’annoncer des années à l’avance une fermeture ne permet pas pour autant aux patrons de s’assurer une sortie « en douceur » ! Les « Freescale » n’ont pas dit leur dernier mot.

5 février 2010

Félix RODIN


[1Il s’agit de lots de 24 plaquettes de silicium sur lesquelles sont gravées les puces électroniques.

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