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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 99, mai-juin 2015

Fédération de la santé CGT : Agitation ? Révolution ?

Depuis le début de l’année, la CGT vit des heures agitées. La démission de Thierry Le Paon, après les révélations sur la rénovation de son appartement et son bureau, a-t-elle délié quelques langues et donné un peu d’air à ceux qui critiquent la politique confédérale ou a-t-elle, de façon malheureusement plus limitée, attisé les bagarres internes entre dirigeants des fédérations ? Peut-être un peu les deux, à en juger par la fronde au sein de la fédération CGT de la Santé et de l’Action sociale qui s’est manifestée lors de son congrès, du 23 au 27 mars derniers à Reims.

Au point de départ, la signature en janvier, par 24 membres de la Commission exécutive, d’une déclaration fustigeant le « déni de démocratie ». Raison : le fait que la secrétaire de la fédération ait soutenu la candidature de Philippe Martinez comme nouveau secrétaire général de la CGT alors que sa fédération lui avait donné mandat de voter contre cette candidature. C’est un peu court pour juger ce que proposaient ces opposants-là.

Le congrès s’est donc tenu dans une ambiance explosive : rififi à la tribune pour obtenir le micro que le bureau de congrès refusait à ses contestataires, désaveu de la direction sortante par le rejet du rapport d’activité présenté (56,3 % de voix contre) et même du bilan financier, et pour finir l’éviction de l’ancienne secrétaire Nathalie Gamiochipi au profit d’une des frondeuses de ce congrès, Mireille Stivela, une aide-soignante qui jusque-là représentait la CGT dans une instance paritaire nationale, l’Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier.

Les opposants ont gagné une manche. Mais quels opposants ? Sur quoi ? Et pour faire quoi ?

Dans ce genre de foire d’empoigne du congrès, minoritaire mais plus marquant de notre point de vue a été le fait que quelques congressistes ont exprimé leurs critiques sur le manque de combativité de la fédération santé de la CGT, dénoncé le refus de la fédération de soutenir le mouvement pour la « Convergence des hôpitaux en lutte contre l’hôstérité » initié au printemps dernier par les grévistes de l’hôpital psychiatrique de Caen, visant à faire le lien entre les luttes éparses qui se déroulent dans les hôpitaux contre les suppressions de postes, les restructurations avec baisse des effectifs et suppression de jours de RTT. Car la consigne avait été donnée alors à ses sections par la fédération CGT de ne pas se rendre aux réunions de coordination des luttes que proposait ce collectif qui rassemblait des militants venus d’autres hôpitaux, d’autres syndicats, notamment des militants CGT ayant envie d’une lutte d’ensemble [1].

Quelle sera demain la politique de la nouvelle direction de la fédération santé ? Il serait hasardeux et béatement optimiste de croire qu’elle sera bien différente de celle de la direction précédente. La nouvelle situation offrirait-elle la possibilité d’une « tendance lutte de classe » au sein du syndicat, voire de se « réapproprier le syndicat » en en faisant « l’enjeu du congrès confédéral qui aura lieu en avril 2016 », se demandent des camarades du secteur santé du NPA ? La nécessaire riposte aux attaques gouvernementales contre le secteur hospitalier demanderait déjà de ne pas se fixer de perspectives trop lointaines... Mais surtout, si des militants d’extrême gauche, satisfaits à juste titre d’avoir trouvé une certaine écoute au congrès de la CGT, veulent transformer l’essai, c’est d’abord en redoublant d’efforts d’organisation à la base du syndicat et parmi les travailleurs et travailleuses du rang. Entre autres en animant des structures ou réseaux qui ne se limitent pas aux seuls syndiqués : coordinations, collectifs, comités de vigilance... qui cherchent à se rassembler et entrer en contact les uns avec les autres, de service en service et d’hôpital en hôpital, en lien étroit évidemment avec les militants syndicaux combatifs. Une chose est certaine : nombre de militants CGT dans les hôpitaux sont visiblement insatisfaits de la politique suivie par leur fédération, voient bien qu’aucune politique ne leur est proposée qui permettrait que les luttes menées ne restent pas isolées et vaincues les unes après les autres. Ils voient bien que les sommets de l’appareil qui siègent à des tables rondes, au niveau du ministère ou des grandes structures comme l’AP-HP à Paris, ne font qu’entériner les reculs.

La colère du milieu hospitalier est indéniable et donne probablement des opportunités d’intervention, qu’il faut néanmoins aller chercher avec les dents ! Et c’est avant tout par des initiatives réussies d’« en-bas » qu’on décidera certains opposants au sein des appareils syndicaux à s’y mettre vraiment.

P. G.


[1Pour plus de détail sur cette grève à l’hôpital de Caen et la création de ce collectif « Convergence des hôpitaux en lutte contre l’hôstérité », voir nos articles dans CR n° 93 (avril-mai 2014) et n° 94 (juin-juillet 2014).

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