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DOSSIER : Croissance et mondialisation : des raisons pour une reprise de l’offensive ouvrière

Face à la mondialisation capitaliste, l’internationalisme révolutionnaire

Mis en ligne le 1er avril 2000 Convergences Politique

Financiarisation, mondialisation, globalisation, crise, ces termes dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée, ont pour fonction non pas de caractériser les formes actuelles de la domination du capital et de l’exploitation des travailleurs mais de justifier, de rendre légitime un mode d’organisation sociale que l’on présente comme étant naturel et face auquel il n’y aurait rien à faire, sinon d’en limiter les excès.

Les articles précédents ont montré que la place et l’autonomie accrues du capital financier, qui a notamment pour conséquence un transfert massif de la richesse produite par les travailleurs au profit des classes possédantes et un accroissement considérable des inégalités d’une part entre le Nord et le Sud, d’autre part au sein même de ce Nord, c’est-à-dire des pays impérialistes, est le produit d’une politique délibérée dont les gouvernements des pays capitalistes avancés ne sont pas les victimes mais au contraire un élément actif.

Des mobilisations diverses

De nouvelles mobilisations se sont développées ces dernières années lors des sommets du G7, des négociations de l’AMI ou celles de l’OMC, la dernière en date à Seattle. Quelles que soient les intentions des diverses composantes qui ont participé à ces mobilisations et les revendications avancées (elles aussi extrêmement diverses), elles ont eu plusieurs aspects positifs :

  • de remettre en cause le secret des négociations qui s’y déroulent alors que les conséquences des décisions qui y sont prises retombent sur les conditions de vie du plus grand nombre à l’échelle de la planète ;
  • de populariser, grâce aux organisations syndicales ou aux mouvements de paysans notamment des pays sous-développés qui « s’invitent » à de tels sommets, l’idée qu’il ne faut pas confier aux banquiers, financiers, chefs d’Etat et ministres ces choix économiques ;
  • de mettre en évidence que les institutions internationales, les gouvernements mènent les mêmes politiques dites néolibérales dans toutes les parties du monde avec les mêmes conséquences à savoir une augmentation considérable des inégalités sociales.

Ces aspects positifs ne suffisent pourtant pas pour définir une orientation conséquente. Car effectivement cohabitent dans ces mobilisations des courants très divers. Certains ont comme objectif de démocratiser les institutions internationales comme le FMI, l’OMC ou la Banque mondiale ou de les placer sous un contrôle citoyen, ce qui est totalement illusoire. D’autres sont tentés par un protectionnisme teinté de nationalisme au nom des spécificités nationales, en particulier françaises.

L’absence du mouvement ouvrier

Le problème majeur auquel nous sommes aujourd’hui confrontés, c’est l’absence de toute réponse, même embryonnaire, du mouvement ouvrier face aux nouveaux développements du capitalisme, l’absence de toute perspective anticapitaliste et internationaliste conséquente.

Car au niveau des principales organisations du mouvement ouvrier, c’est le fatalisme qui l’emporte. Ce fatalisme non seulement justifie l’immobilisme mais sert à cautionner la politique menée par les gouvernements sociaux-démocrates : il faut s’insérer dans la mondialisation sinon c’est les autres (entendu les Etats-Unis ou le Japon) qui vont en profiter et « nous » piquer les marchés. Ce qui ouvre la voie aux réponses de type nationaliste qui préconisent une politique protectionniste et chauvine en n’hésitant pas à s’allier ou à reconnaître des convergences avec des secteurs de la droite la plus réactionnaire.

La mondialisation et la financiarisation démultiplient et répercutent au niveau mondial les effets de la logique capitaliste. Il ne s’agit donc pas de lutter contre la mondialisation mais de lutter contre l’exploitation des salariés ou de la petite paysannerie, contre les mécanismes qui permettent aux possédants d’extorquer les richesses produites par celles et ceux qui travaillent, en clair contre le capitalisme tel qu’il se présente aujourd’hui.

Le chantier est vaste et il serait vain de nier les difficultés. Elles sont liées à des situations économiques, politiques et sociales extrêmement diverses, sur lesquelles d’ailleurs les possédants ne cessent de s’appuyer pour diviser les exploités entre eux. Ainsi mener une lutte conséquente contre le chômage, la précarité, la misère implique d’en finir avec la croyance que ce seraient les bas salaires des pays du Sud les responsables du chômage au Nord. Le chômage n’est pas le produit de la délocalisation de la production hors de France, ni de l’envahissement du marché par des produits étrangers. La preuve : depuis plusieurs années, le commerce extérieur de la France est très largement excédentaire et pourtant le chômage, la précarité se sont considérablement développés.

Un programme révolutionnaire

Ces difficultés sont surtout liées au retard considérable d’organisation à l’échelle internationale et sur une base anticapitaliste des travailleurs et des exploités, ce qui est la condition pour élaborer un programme anticapitaliste conséquent et mener une contre-offensive à la hauteur des enjeux.

Car le mouvement ouvrier n’est pas condamné à l’impuissance face à la mondialisation et à la financiarisation. Mais à condition de ne pas hésiter à s’en prendre à la toute puissance des capitalistes et des marchés financiers, à condition de faire de véritables intrusions dans la propriété privée en exigeant par exemple la levée du secret bancaire ou le contrôle des transactions. A condition donc de se redonner une perspective révolutionnaire qui propose aux exploités et opprimés du monde entier le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société socialiste et communiste.

Alors, dans cette perspective, un programme qui propose des axes de mobilisation à l’échelle internationale contre les multinationales, leurs institutions et leurs Etats, mais en commençant à l’intérieur de nos frontières contre nos propres capitalistes nationaux et nos gouvernements, prendrait tout son sens. De ce programme nous ne pouvons ici qu’esquisser quelques lignes, en partant de la situation française (mais mutatis mutandis elle n’est pas si différente ailleurs) :

  • Le refus des fonds de pension et du démantèlement de la Sécurité sociale.
  • Le refus de la privatisation des services publics et des déréglementations qui touchent aussi bien les transports, les télécoms que l’électricité.
  • La taxation des revenus financiers.
  • L’expropriation des entreprises qui licencient à commencer par celles qui font des bénéfices.

Mais aussi :

  • L’annulation de la dette du Tiers Monde. La dette du Tiers Monde a été multipliée par plus de 20 entre 1977 et aujourd’hui. Non seulement une partie importante du revenu de ces pays sert à rembourser la dette et ses intérêts, mais son existence permet aux pays capitalistes avancés de faire pression pour imposer une politique d’austérité drastique et obliger d’orienter la production de ces pays vers le tout exportation au détriment d’une production permettant de satisfaire les besoins des populations.
  • L’annulation de la dette publique des Etats à l’égard notamment des banques ou des fonds de pension. L’endettement des Etats, qui a connu un bond spectaculaire ces vingt dernières années est l’un des principaux moyens permettant ce transfert de revenu de la classe ouvrière vers la rente financière au travers notamment des impôts directs et indirects. Que des gouvernements dit de gauche ne prennent pas comme mesure immédiate élémentaire ne serait-ce qu’un moratoire du remboursement de la dette publique et de ses intérêts montre leur degré de soumission au capital financier.

Léonce AGUIRRE

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Numéro 8, mars-avril 2000