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Face à l’offensive du patronat, préparer la riposte

30 juin 2000

Vendredi 30 juin, le Medef transmettra au gouvernement la rédaction finale de son projet de nouvelle convention de l’UNEDIC.

Cette refonte des allocations chômage est une véritable offensive non seulement contre les chômeurs, mais contre l’ensemble du monde du travail. Pour les travailleurs licenciés, l’allocation chômage ne serait plus un droit : le plan d’aide au retour à l’emploi (PARE) serait un contrat obligatoire, les engageant à accepter la formation et l’emploi qu’on leur imposera. En obligeant ainsi les chômeurs, sous la menace de se voir supprimer leurs indemnités, à accepter n’importe quel travail, à n’importe quel salaire, c’est sur l’ensemble des salaires que le patronat veut faire pression. Il entend par ailleurs profiter de l’occasion pour faire légaliser de nouveaux contrats précaires d’une durée de 18 mois à 5 ans. A cela s’ajouterait la suppression de l’allocation chômeurs âgés (ACA) et de l’allocation de formation reclassement (AFR). En prime, le patronat se mettrait dans la poche quelques dizaines de milliards de francs de baisse de cotisations patronales.

Par avance l’organisation patronale annonce que le contenu de son projet n’est pas négociable avec le gouvernement. D’après Seilllière, ce serait « la tradition républicaine que les grands accords sociaux soient agréés ». Le patronat a reçu le soutien de deux confédérations syndicales, la CFDT et de la CFTC, qui seraient payées en retour par le privilège d’être les seules associées à la gestion des caisses de l’UNEDIC.

Le gouvernement ne semble cependant pas prêt à ratifier immédiatement et telle quelle la nouvelle convention. Il préférerait que le patronat y mette les formes et qu’il accepte un compromis permettant d’associer aussi les autres confédérations. Obtenir la caution des directions syndicales, en particulier de la CGT, pour faire avaler les pires mesures anti-ouvrières, c’est le fondement de la politique de la gauche plurielle au gouvernement.

Mais les déclarations de Martine Aubry sont déjà une approbation des grandes lignes de la réforme du patronat. Le gouvernement partage, a-t-elle dit devant le parlement, les intentions du projet d’utiliser les fonds des caisses de chômage de façon « plus active » pour favoriser « le retour à l’emploi ». Pour ceux qui n’auraient pas compris ce que cette façon « active » de ramener les chômeurs au boulot veut dire, elle a précisé : « il est normal, je le dis clairement, de sanctionner des chômeurs qui n’acceptent pas un emploi correspondant à leurs compétences et qui ne font pas de réel effort ». Quant aux nouveaux contrats précaires, elle n’en a pipé mot sauf pour dire qu’ils étaient du ressort du législateur. Elle connaît les ficelles du métier : les premiers CDD renouvelables jusqu’à cinq ans ont été instaurés par elle dans le cadre des « emplois jeunes ».

Du côté des directions syndicales, le moins qu’on puisse dire est que même celles qui ont refusé de signer le protocole du Medef sont loin de préparer les travailleurs à les combattre. La CGT et FO se contentent de demander la réouverture des négociations et d’en appeler au gouvernement pour son arbitrage. Tout au plus la CGT en appelle-t-elle vaguement à « l’intervention des salariés, actifs, privés d’emploi, retraités » pour aider les négociateurs à « gagner des avancées sociales ». Mais ces confédérations ont annoncé d’entrée qu’elles s’accommoderaient d’un PARE facultatif. Car même la CGT trouve au PARE quelques « points positifs » dans la non-dégressivité des allocations et dans l’allongement de la période de référence pendant laquelle il faut avoir cotisé 4 mois aux caisses de chômage pour être indemnisé. Quant aux sanctions contre les chômeurs accusés de ne pas chercher d’emploi, elles les admettraient à condition qu’elles soient « décidées par la puissance publique » et non par le seul patronat.

Et si les directions syndicales tremblent devant la menace du Medef de quitter la gestion de l’Unedic en cas de rejet de son plan, c’est que le paritarisme qui associe les syndicats à la gestion des caisses, et les nombreux postes qui vont avec, compte pour elles bien plus que la lutte de classe.

Bref tout le monde est prêt aux marchandages. Sauf le Medef.

Face à l’offensive du patronat, ce ne sont pas des renégociations polies qu’il faut demander, ni le gouvernement qu’il faut appeler au secours, lui qui ne fait rien d’autre que de servir les intérêts du patronat. C’est la riposte des travailleurs et des chômeurs qu’il faut organiser.

Il serait du devoir du mouvement ouvrier de dénoncer le scandale de ces nouvelles mesures patronales et d’organiser la mobilisation contre elles. Rassemblements, protestations, dans les entreprises, les localités et les régions, pourraient et devraient préparer la riposte d’ensemble et nationale, à la hauteur de la provocation.

L’extrême gauche, dont le courant auquel nous appartenons, a son rôle à jouer dans la préparation de la réaction nécessaire. Elle doit en appeler à tous les travailleurs, mais aussi aux militants syndicaux (y compris dans la CFDT !), aux militants politiques, aux militants des associations de chômeurs, à tous ceux - et ils sont nombreux - qui veulent rendre au patronat la monnaie de sa pièce.

Olivier BELIN

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