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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 71, octobre 2010

Ensemble sur les rails

Mis en ligne le 18 octobre 2010 Convergences Entreprises

Tout a été tenté par le pouvoir et ses sbires pour minimiser le conflit à la SNCF. Intox d’abord, sur les cheminots « pas concernés » par la réforme. Un mensonge éhonté, repris en chœur par la grande presse. Les salariés des régimes dits spéciaux (qui n’ont plus grand-chose de spécial) subiront exactement le même sort que tous les autres. Avec un décalage de quelques années qui n’est pas dû à une quelconque mansuétude ou à du favoritisme, mais au fait que la contre-réforme qu’ils ont subie en 2007 est encore en cours.

Intox toujours à propos des taux de grévistes. La CGT a déniché cette note de la direction en date du 12 octobre : « Le nombre de grévistes et le pourcentage afférant doivent être fournis à la Direction nationale pour transmission à l’Élysée avant toute communication à la presse ou aux organisations syndicales. L’Élysée donnera par la suite les chiffres à communiquer officiellement ». Des chiffres « bidons » relayés par les médias, qui annoncent jour après jour que le trafic redeviendra normal le lendemain. Bien entendu, les taux de grévistes n’atteignent pas tous les jours les sommets des journées d’action. Mais ils se maintiennent autour de 30 % d’après la CGT, ce qui est plus qu’en 1995. Les centaines d’assemblées générales de grévistes réunies quotidiennement sur tout le territoire ont presque toutes reconduit la grève jusqu’à lundi, toujours à une quasi-unanimité. À l’heure où nous écrivons, la grève s’est ancrée à la SNCF.

Toutes les journées d’action depuis le 7 septembre avaient été très réussies. Dès le 23 septembre, de nombreux militants syndicaux (dans Sud-Rail mais aussi largement dans la CGT) étaient convaincus de la nécessité d’une grève reconductible. Une pression à laquelle la direction de la fédération CGT a fini par céder, en y appelant à partir du 12 octobre. Dès que cet appel a été popularisé, il était clair qu’il correspondait à la volonté de nombreux travailleurs, au-delà des rangs syndicaux. La crainte répandue d’être le seul secteur en grève s’est peu à peu effacée devant l’envie d’en découdre… et devant l’évidence que les cheminots n’étaient d’ores et déjà pas seuls.

Dans la région parisienne (pas le fer de lance), si les assemblées générales sont moins nombreuses que lors du précédent mouvement sur les retraites de 2007, certaines se sont renforcées entre le mardi 12 et le vendredi 15 octobre, comme celle de la Gare du Nord, passée de 60 à 200 grévistes. Malheureusement, seuls des militants aguerris y prennent souvent la parole. Mais cela pourrait changer rapidement, sachant que bon nombre de jeunes cheminots font leurs premières armes dans un mouvement de cette ampleur.

Globalement, la politique proposée par le syndicat le plus influent, la CGT, a consisté à développer le mouvement, en lui donnant nettement une coloration « interpro ». Bien entendu, les politiques menées varient énormément d’un endroit à un autre. Selon les rapports de force, certains chefs syndicaux tentent de protéger leur pré carré en maintenant quelque cordon sanitaire avec les autres services de la SNCF, ou autres secteurs, en particulier jeunes et enseignants, comme ils l’avaient fait dans les précédents mouvements de 2003 et 2007. D’autres « lâchent la bride », n’ayant guère envie d’être débordés et en espérant bien garder le contrôle.

Par-delà les petits calculs d’appareils, et en gardant à l’esprit qu’ils peuvent changer extrêmement vite, le succès des initiatives interprofessionnelles dans les assemblées générales est frappant. Et cela ne se limite pas seulement à des déclarations ronflantes : la fin de la semaine dernière a été une période d’agitation, où les grévistes les plus militants de la plupart des gares, ateliers et dépôts sont allés à la rencontre des jeunes et des salariés : ceux de Gare du Nord à Paris se sont réunis avec des postiers et ont manifesté vers la Gare de l’Est ; ceux d’Austerlitz ont rejoint un rassemblement de profs et de lycéens devant le Medef jeudi et un meeting interpro très réussi du XIIIe arrondissement vendredi ; ceux de Melun, en plus des contacts avec les lycéens ont joint les « Total » de la raffinerie de Grand Puits (77). Et on pourrait multiplier les exemples sur tout le territoire.

Le mouvement est encore fragile et il s’agit encore de contribuer à ancrer la grève, à convaincre les camarades non grévistes ou ceux qui ont repris le travail de s’y mettre. Mais la popularité et le succès des initiatives de convergence des luttes est le signe que ce que veulent les cheminots comme beaucoup de travailleurs, c’est la grève générale. Pour cela, il faudra que les grévistes s’organisent, y compris à une échelle plus large : si les rassemblements et manifestations nombreuses qui ont eu lieu dans bien des villes jeudi et vendredi ont mis une ambiance de mouvement d’ensemble, il s’agit que les secteurs les plus en pointe – dont les cheminots font partie – coordonnent réellement ces initiatives.

17 octobre 2010

Raphaël PRESTON

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