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DOSSIER : Seconde loi Aubry : une nouvelle offensive tous azimuts contre les salariés

Engager la riposte nécessaire

Mis en ligne le 1er octobre 1999 Convergences Politique

« Les salariés n’espèrent rien des 35 heures », pouvait-on lire dans le quotidien La Tribune du 6 septembre, en conclusion d’un sondage dans entreprises. Ce n’est guère une révélation. Dès l’annonce du dispositif, en octobre 1997, et ensuite quand les projets Aubry se sont précisés et négociés, la méfiance, la rogne, voire la colère ont prédominé chez les travailleurs. Il n’a pas fallu longtemps pour que beaucoup subodorent ou constatent que sous couvert de réduction du temps de travail, Jospin et Aubry prenaient le relais de Juppé et Balladur, eux-mêmes précédés de Mauroy et Auroux, et y allaient de leurs propres griffes contre l’édifice déjà lézardé des « droits » et « acquis » des travailleurs.

Des réactions éparpillées

Cette politique au service des patrons n’est pas allée sans réactions. Coups d’éclat, débrayages, manifestations, mouvements de grève (dont celle des roulants de la SNCF en mai dernier – la plus spectaculaire certainement du fait de son audience nationale) n’ont cessé de ponctuer les tentatives de mise en place du dispositif.

Si la combativité ne s’est exprimée à ce jour que par une multitude d’escarmouches, c’est en grande partie parce que la classe ouvrière et ses militants présents sur le terrain se heurtent à des directions syndicales qui sont les principaux truchements de la politique de la gauche gouvernementale. L’arnaque est dans le contenu – pro-patronal – des mesures présentées par les appareils syndicaux comme des « points d’appui », « amendables ». Mais l’arnaque est aussi dans la méthode qui consiste à enserrer les militants et appareils syndicaux dans un filet toujours plus étroit de négociations, concertations, branche par branche, entreprise par entreprise voire établissement par établissement. Le but évident du gouvernement – et des patrons – étant de substituer la palabre à la lutte, les « propositions » à la « contestation » et, en localisant au maximum les négociations, d’émietter, d’éclater, de diviser et d’affaiblir la classe ouvrière.

La CGT sur les rails… contre les grévistes

La grève des roulants de la SNCF de mai dernier a souligné l’hypocrisie des bureaucraties syndicales. En particulier de la fédération CGT, la plus puissante, qui avait claironné la nécessité de la lutte et de l’instauration d’un rapport de forces favorable aux cheminots sur le terrain, mais qui, lorsque ces derniers se sont mis en grève, a spectaculairement barré la route à la grève. Gayssot et Hue, « leaders » de la composante communiste du gouvernement montant au charbon contre les roulants en lutte ! Car ce fut une alerte pour le gouvernement. Les roulants, par leur réseau d’influence national et leur crédit de corporation combative, avaient effectivement les moyens de cristalliser le mécontentement contre l’application de la loi Aubry et d’en entraîner d’autre avec eux. Contagion et généralisation, que la tactique Aubry-Jospin, appuyée par les appareils syndicaux, est précisément destinée à empêcher.

Une réaction commune indispensable

Il est patent que les confédérations syndicales ne veulent pas de la lutte. Et a fortiori de la lutte d’ensemble. Ce serait pourtant la seule perspective à tracer aujourd’hui aux travailleurs. Car c’est maintenant que les prétendus « bons » accords signés à ce jour par les bonzes syndicaux vont entrer en pratique dans les entreprises. C’est aujourd’hui que, parallèlement à la discussion parlementaire, de nombreux travailleurs vont se rendre compte de ce qu’ils perdent concrètement. C’est donc une période où l’on peut s’attendre à de nombreuses réactions, contre les projets à venir comme contre ceux qui sont déjà entérinés. Et c’est là le ferment d’un front uni de tous les travailleurs. C’est pourquoi il est impératif dès maintenant de faire une campagne dénonçant les plans anti-ouvriers du gouvernement.Contre les lois Aubry sur les soi-disant 35 heures qui visent à imposer partout les mêmes régressions, dans toutes les branches, toutes les corporations, dans le public comme dans le privé, la classe ouvrière devra – ce serait la première tâche de responsables syndicaux et politiques dignes de ce nom – dresser un programme commun de lutte.

La réduction générale du temps de travail ? Oui, jusqu’au 35 heures et peut-être moins, mais sans perte de salaire aucun, sans annualisation ni flexibilité, en particulier sans travail imposé les samedis, week-end ou jours fériés, sans soustraire à la durée du travail les congés supplémentaires et les jours fériés, les temps de pause, les usages acquis, les temps de repas ou congés formation. La réduction du temps de travail doit se faire avec embauches correspondantes, de telle sorte que le patronat ne puisse pas récupérer le temps de travail perdu par sa simple intensification.

Cet axe revendicatif commun devrait constituer un ciment soudant les travailleurs de tous les secteurs dans la période actuelle. Les soudant dans la mise en place de structures communes pour préparer les ripostes et les luttes commune.

Mais les lois Aubry ne sont qu’un des volets des attaques anti-ouvrières du gouvernement et du patronat. Et la lutte contre l’intensification du travail va de pair avec la nécessité d’un contre-programme ouvrier pour l’ensemble des travailleurs qui, au-delà de la question des 35 heures, exige :

  • La suppression de tous les cadeaux au patronat, en particulier ces nouveaux 100 milliards prévus de primes ( et encouragement) aux bas salaires.
  • L’utilisation de l’argent de l’Etat pour embaucher directement dans les services publics où du fait de la même politique de surexploitation et de suppression de postes, les conditions s’aggravent pour le personnel et les usagers. L’embauche de centaines de milliers de travailleurs serait nécessaire dans les hôpitaux, les transports, les écoles, la protection sociale, la poste…
  • L’interdiction des licenciements, tout particulièrement dans les groupes, dont Michelin est le plus récent et le plus scandaleux exemple, qui affichent des profits, et réquisition des récalcitrants, contrôle des travailleurs sur leurs comptes et profits.
  • La suppression des statuts précaires, intérimaires, temps partiels et leur remplacement par de vraies embauches.
  • L’arrêt de la « modération » des salaires et leur augmentation, ainsi que des minima sociaux, d’au moins 1500 francs.
  • La préservation de la retraite à 60 ans pour tous et à taux plein.

Une véritable organisation des travailleurs se devrait de mettre en avant ce type de « contre-projet » aux lois gouvernementales et le porter partout à la connaissance des travailleurs. En le soumettant conjointement aux différents patrons dans les négociations ? Aux députés pour que ce programme passe dans la loi ? Pour annoncer la couleur à chacun et commencer à se faire craindre, pourquoi pas !

Mais ce programme ne vaut que s’il est porté par une lutte d’ensemble, par une riposte générale dont tous les travailleurs et militants fidèles à leur classe devront fixer les étapes, en utilisant tous leurs réseaux et canaux.

14 septembre 1999

Michèle VERDIER

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