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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 14, mars-avril 2001 > DOSSIER : France-Afrique : Le pillage continue

DOSSIER : France-Afrique : Le pillage continue

Elf : du sang et des profits

Mis en ligne le 1er avril 2001 Convergences Monde

Un journaliste de M6 : « C’est quand même malheureux que les brazzavillois se soient entre-tués avec notre argent ! »

Réponse d’un conseiller de la présidence d’Elf (Gilbert Rutman) : « Dans ce cas, oui, c’est un gâchis. Mais nous ne sommes pas des sentimentaux. Nous sommes des gens réalistes, qui voulons gagner de l’argent, et au fond nous le faisons : et si nous le faisons avec Lissouba ou avec Sassou-Nguesso, ça nous est égal. L’essentiel est que nous puissions gagner de l’argent… Point. » (diffusé sur M6, Capital, 29/11/1998).

Plus que d’autres entreprises néocoloniales (Rivaud, Bolloré, CFAO…), Elf (Essences et Lubrifiants de France) a joué un rôle pivot pour l’impérialisme français depuis sa création sur ordre du pouvoir gaulliste en 1965, sans que la privatisation de 1994 y change quoi que ce soit. Première entreprise privée française et 4e compagnie pétrolière mondiale depuis la fusion de 1999 avec Totalfina, le groupe réalise aujourd’hui 40% de sa production pétrolière sur le continent africain, sans compter le gaz et les activités de distribution. Avec des niveaux de rentabilité exceptionnels : en 1998, le Golfe de Guinée contribuait à moins de 10 % du chiffre d’affaires d’Elf mais à près du tiers des bénéfices déclarés !

L’activité pétrolière génère ainsi d’importants flux financiers dont il est malaisé de contrôler l’origine et la destination : redevances pétrolières, avances sur redevances, commissions légales et rétro-commissions occultes… Elf, ce sont aussi des filiales opaques comme Elf-Trading, des succursales bancaires comme la French International Bank (FIBA), et de nombreux relais « offshore » qui permettent à la compagnie d’héberger les comptes de présidents africains et de recruter au besoin des mercenaires.

Pour les services français, Elf a le profil idéal pour être la « société à tout faire » de l’impérialisme français, capable aussi bien d’aplanir les difficultés liées à la vente des frégates Thomson-CSF à Taiwan, que d’intervenir dans la guerre civile angolaise, en soutenant simultanément les deux bandes opposées (MPLA et UNITA) comme l’a reconnu l’ancien président Loïc Le Floch-Prigent lors de sa « confession » à l’Express en 1996. Ajoutons à cela des liens privilégiés avec les plus hauts dirigeants français (voir les rencontres Mitterrand - Pasqua dans une villa du groupe), objets d’un arrosage généreux et politiquement éclectique.

En somme, une structure très polyvalente, colonne vertébrale du système néocolonial, impliquée dans pratiquement tous les forfaits de l’impérialisme français, de la sanglante sécession biafraise de 1967 à la recolonisation du Congo-Brazzaville en 1997-1998. Un système qui, après l’absorption par Total, a de beaux jours devant lui.

Julien FORGEAT

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