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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 92, mars 2014

Editorial

Élections Municipales du 23 mars 2014 : Dire non à ce gouvernement des patrons mais oui à l’extrême gauche, et à son programme lutte de classe

Mis en ligne le 8 mars 2014 Convergences Politique

Cette campagne pour les municipales de 2014 sont marquées par le discrédit sans précédent d’un gouvernement qui ne se dit même plus « de gauche », en particulier chez ceux qui avaient voté Hollande aux présidentielles. Les sondages le disent, mais pas seulement. C’est ce que les militants révolutionnaires constatent en allant discuter au porte-à-porte dans les tours et les barres des quartiers populaires. Et, plutôt bonne nouvelle, le plus souvent pas pour dire « on les a tous essayés, alors pourquoi pas essayer le FN… ». Non, nous rencontrons un bon accueil dès que nous dénonçons la politique gouvernementale anti-ouvrière tout en mettant en garde contre la démagogie de droite et d’extrême droite. Cela ne signifie pas qu’il soit facile de compléter les listes d’extrême gauche : il faut de la conviction et de l’assurance pour mettre son nom sur une liste publique quand le plus souvent on a un emploi précaire… Mais la discussion s’engage vite, en oubliant rapidement l’échéance électorale. Et c’est ce qui compte.

Ce que l’on constate, au-delà du ressentiment contre ce gouvernement, c’est un certain désarroi et des questionnements : que faire ? Comment s’opposer à toutes ces attaques ? Comment empêcher les licenciements ? Les sentiments d’isolement sont fréquents. Et la discussion individuelle s’engage facilement, avec beaucoup d’écoute sur les perspectives que proposent les révolutionnaires. Bien au-delà des élections.

Le pacte Hollande-Medef

Le patronat voulait de l’amour et des preuves d’amour de la part du gouvernement, il en a eus ! Au mois de janvier, on a assisté à une cérémonie de renouvellement de vœux entre gouvernement et patronat. Un message envoyé aux classes populaires : le « pacte de responsabilité », ce sera le pacte dûment signé avec le Medef, contre les salariés. Signé, mais sans engagement côté patronat. 35 milliards d’euros de cadeau ? Hollande a beau s’aplatir plus bas que les exécutifs de droite comme s’en amuse le Medef, ce ne sera jamais assez. Il ne faut pas parler de contreparties, « on n’est pas dans la cour de récréation », dixit Gattaz !

On comprend qu’en cette période de licenciements et de paupérisation pendant qu’une poignée de grands actionnaires s’enrichissent de façon éhontée, les illusions tombent en chute libre.

L’UMP dans sa cour de récré

L’UMP ne profite pas (pour l’instant) du discrédit du PS. Engluée dans une guerre des chefs, bien digne d’une cour de récré quant à elle. Les réactions des chefs de file de la droite, sidérés face à la politique du PS qui pille entièrement leur programme à l’annonce du pacte de responsabilité de Hollande, valent le détour : « Avec cette présentation-là, quel est le député de l’opposition qui va être contre ? » (Copé, début janvier). Et ils payent encore (mais pour combien de temps ?) la politique de Sarkozy, vomie dans les classes populaires. Leur seul espoir ? Attendre le retour de leur petit champion en 2017, en espérant que Hollande soit jugé « pire » que lui. En attendant, ils s’accrochent à l’attelage de réacs de « la manif pour tous » tout en ne voulant pas être « tous à poil » – on les comprend.

Les réseaux réactionnaires, sabre au clair

Ceux qui en deux ans de gouvernement socialiste, seront apparus comme l’opposition politicienne la plus résolue, ce sont les homophobes de la manif pour tous, organisés par l’Église catholique. Même si la loi, très partielle et minimaliste, de légalisation du mariage homosexuel est passée, les réseaux obscurantistes ont su mobiliser à nouveau lors de deux manifestations fin janvier : le « jour de colère » qui a rassemblé à Paris 16 000 personnes derrière des slogans ouvertement racistes et antisémites et la nouvelle édition de la manif pour tous, axée sur l’unité de tous les clergés contre la prétendue « théorie du genre ».

La retraite en rase campagne du gouvernement face à l’attelage hétéroclite de tous les réactionnaires n’a pu que les fortifier. Cette extrême droite plurielle, des cathos bon chic bon genre des beaux quartiers aux apprentis nazillons au crâne rasé, en passant par les antisémites fans de Dieudonné, s’est fait la main dans la rue et est parvenue à faire passer sa démagogie, aussi délirante soit-elle (comme le fantasme de l’apprentissage de la masturbation à l’école), sur l’avant-scène politique. Tous ces groupes aux obsessions disparates apparaissent pour l’instant divisés. Mais tous serviront de rabatteurs de voix électorales pour le FN.

Les calculs du FN

Celui-ci n’affiche pas publiquement sa proximité avec les groupes d’extrême droite qui ont repris la rue. Mais personne n’est dupe. Jean-Marie Le Pen, ancien tortionnaire d’Algériens et désormais parrain de la fille de Dieudonné, se veut également son conseiller politique. Marine Le Pen, quant à elle, tient à cantonner les nervis et les « extrémistes » sur sa droite. D’un côté elle sait qu’elle va rafler le soutien de cette « droite de la droite ». D’un autre, la distance qu’elle met publiquement avec ces groupes la renforce dans sa quête de « respectabilité », dans sa volonté d’apparaître comme un parti de gouvernement, capable de gérer les affaires de la bourgeoisie.

Le « système UMPS », comme le FN se plaît à le dénoncer (sans jamais souligner que le gouvernement actuel est bien plus PS-MEDEF), est une façon d’essayer d’agréger derrière le vote FN tous les mécontentements, des différentes couches sociales. Un rejet des politiques menées jusque-là, bien plus qu’une adhésion à la rhétorique du FN. Mais cela contribuera malheureusement à renforcer les préjugés racistes et à dévoyer la conscience d’une partie de la classe ouvrière.

La désertion des centrales syndicales

Le véritable problème politique est que, sur un terrain de classe, l’opposition au gouvernement laisse à désirer. Non pas que les travailleurs restent sans réactions : les luttes de salariés contre les licenciements ou pour leurs conditions de travail sont plus nombreuses qu’il n’y paraît, mais restent localisées et sans liens entre elles.

Les confédérations syndicales s’aplatissent devant les socialistes. Non seulement elles ne « fédèrent » rien et n’organisent pas le mouvement d’ensemble nécessaire – on ne l’attend même plus de leur part – mais même face à des mesures qu’elles auraient dénoncées au moins en paroles sous Sarkozy, elles prônent le « dialogue constructif ». Interrogé pour savoir si la journée d’action du 18 mars serait placée sous le signe de l’opposition au pacte de responsabilité, Le Paon a répondu par la négative, en estimant que ce pacte « était déjà dans le paysage ».

L’électoralisme du Front de gauche

Le Front de gauche semble se déchirer à l’occasion des municipales. Mais Mélenchon et le PCF sont d’accord sur une chose : l’enjeu de l’année 2014 est exclusivement électoral. Il s’agit pour le premier de gratter des voix au PS en tentant de s’allier à sa gauche et aux Verts. Et pour le second de sauver ses élus municipaux, devenus sa seule source de revenu et de reconnaissance, quitte à se mettre à genoux devant le PS en étant sur ses listes.

Résultat : le Front de gauche qui avait fait 11 % des voix à la présidentielle de 2012 passera sous la table aux municipales.

Rien de perdu cependant pour ceux qui attendent des perspectives pour les travailleurs

On l’a vu avec les Bonnets rouges, la colère latente pourrait bien s’exprimer en une vague de contestation sociale dans tout le pays. En espérant cette fois que la classe ouvrière en prenne explicitement la tête. Il y aurait alors beaucoup plus important à discuter que les échéances électorales.

Pour l’heure, aux prochaines municipales, l’extrême gauche sera peu audible. Elle seule aurait pu affirmer l’existence d’une opposition ouvrière au gouvernement socialiste. Mais Lutte ouvrière, qui s’apprête à faire une campagne sur un bon axe de campagne nationale (« Faire entendre le camp des travailleurs »), la fera isolée dans 200 villes, tandis que le NPA a choisi majoritairement de s’allier avec diverses formations du Front de gauche ou de ses satellites, se présentant de fait (et malgré lui) comme la cinquième roue d’un carrosse qui reste dans le sillage du PS.

Une extrême gauche unie aurait pu proposer plus largement une perspective pour la classe ouvrière dans ces élections municipales, sans illusions sur le score qui pourrait en résulter. Cela aurait été préférable, mais n’aurait rien changé fondamentalement à la situation.

C’est bien plutôt du terrain de la lutte des classes que la nouveauté pourrait surgir. Car si l’extrême droite a marqué des points ces derniers temps, c’est bien plus parce que les milieux militants traditionnels de la classe ouvrière restent sidérés et attentistes, déroutés entre autres par la complicité gouvernementale des centrales syndicales, que parce que sa percée réelle aurait contaminé durablement les esprits.

Aux révolutionnaires d’incarner l’opposition ouvrière au gouvernement PS-Medef, en se donnant les moyens de proposer des perspectives radicales dans les luttes qui ne manqueront pas d’éclater sur un terrain de classe.

24 février 2014

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Numéro 92, mars 2014

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