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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 26, mars-avril 2003 > Chômage et licenciements

Chômage et licenciements

Education nationale : un nouveau trou de 20 000 emplois jeunes et pions

Mis en ligne le 23 mars 2003 Convergences Politique

À la rentrée scolaire 2002, le ministre de l’Éducation Nationale Luc Ferry annonçait la suppression de 5 600 postes de surveillants, chiffre correspondant au nombre de ceux ayant atteint la limite d’âge. Parallèlement, afin de compenser ces départs ainsi que la mise au chômage des 20 000 emplois-jeunes de l’éducation (dits « aides-éducateurs »), une nouvelle catégorie de précaires était créée : les assistants d’éducation. Comme aux emplois-jeunes licenciés et aux pions en fin de contrat s’ajoutent des surveillants - nombreux - qui démissionnent avant d’y être obligés cela fait un total de 28 000 à 30 000 départs. Pour les remplacer, il n’y aura que 16 000 assistants d’éducation, dont 6 000 détachés à la prise en charge des handicapés, mesure certes nécessaire, mais qui porte à presque 20 000 les effectifs manquants.

Les futurs pions se verront imposer des contrats de trois ans, et forcément à mi-temps. Ils travailleront davantage pour un salaire moindre (trois heures de plus par semaine, entre 30 et 100 euros de moins par mois par rapport à un mi-temps de pion actuel). Actuellement, les pions sont embauchés par les rectorats, et parmi les étudiants les plus modestes. Leurs successeurs seront recrutés par les chefs d’établissement, et le choix d’étudiants n’est qu’une « priorité », pas une contrainte.

Une colère qui ne se dément pas

À partir de la fin novembre, des collectifs se sont créés progressivement dans l’Ouest, la Corse, Paris et Toulouse. Ils regroupent la plupart du temps pions et emplois-jeunes d’une même région. L’éclatement géographique rend la mobilisation difficile. Les pions sont rarement plus de dix dans un même établissement. Quant aux emplois-jeunes, la plupart travaillent seuls.

Néanmoins, les grèves ont été suivies de façon majoritaire dans bon nombre d’académies, qu’il s’agisse de journées ponctuelles, de périodes d’une semaine, voire pour les académies en pointe, de plusieurs mois, comme en Corse ou en Bretagne. Lorsque le soutien des lycéens ou des autres catégories de personnels le permettait, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu, comme à Nantes, Angers, avec les travailleurs menacés de licenciements d’ACT, ou Brest. Les rectorats, les déplacements en province des ministres ont été la cible d’actions et d’occupations.

Enfin, depuis janvier, le mouvement s’est étendu dans pratiquement toutes les académies, et une manifestation nationale de Paris le 6 février a rassemblé pratiquement 3 000 personnes, ce qui correspond à presque un pion sur quinze à l’échelle du pays.

Le problème crucial : l’extension du mouvement

Les organisateurs savaient dès le début qu’il faudrait élargir le mouvement à d’autres pour gagner. Et en particulier aux profs, dont le poids dans le secteur enseignant est déterminant. Il a fallu pourtant de longues discussions, dans les collectifs et en réunion de coordination, pour convaincre les collègues de s’adresser aux syndicats de profs. En effet, ceux-ci ont témoigné envers des collectifs, jugés incontrôlables, et comprenant souvent des militants d’extrême-gauche, au mieux de la défiance, voire une franche hostilité. Toutefois, la mobilisation des pions aidant, tous ont fini par se prononcer à l’unanimité pour le retrait du projet gouvernemental lors d’un vote au Conseil supérieur de la fonction publique.

La journée de grève en demie-teinte du 28 janvier a malheureusement montré que la vapeur n’était pas encore assez forte pour faire basculer les enseignants dans le mouvement.

Une tentative parallèle s’est fait jour pour rejoindre des chômeurs, précaires et intermittents du spectacle. L’accueil de ces derniers est certes plus enthousiaste, mais avec eux, malheureusement très isolés, les perspectives de victoire encore plus incertaines.

Or, le temps presse. La discussion du projet de loi au parlement débute le 19 mars. La veille, la plupart des syndicats appellent à une journée de grève et d’action tous les personnels de l’Éducation Nationale. Elle risque d’être décisive.

12 mars 2003

Mathieu PARANT

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