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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 58, juillet-août 2008

Des « polars » pour l’été

Mis en ligne le 1er juillet 2008 Convergences Culture

Le roman noir est un genre que des écrivains utilisent pour dénoncer l’injustice sociale et pour certains d’entre eux, plus rares, évoquer les luttes ouvrières. Sans renoncer aux plaisirs procurés par le mystère et le suspense, ces auteurs mettent en lumière les conditions de vie des humbles, le cynisme et la férocité des puissants qui n’hésitent pas à recourir à la violence contre ceux qui contestent leurs privilèges ou leurs magouilles.


Nous ne sommes rien, soyons tout

de Valerio Evangelisti

Rivages Thriller, 385 pages, 23 €

Valerio Evangelisti fait vivre les luttes des dockers et marins de San Francisco lors de la dépression des années trente, en suivant Eddie Lombardo, un petit truand italo-américain piteux qui se met au service des patrons et des bureaucrates syndicaux. Ceux-ci vont l’utiliser sans scrupule contre les communistes et les militants les plus combatifs. Eddie poursuit son ascension dans la bureaucratie syndicale jusqu’aux années cinquante, où il essaie encore de se rendre utile dans la chasse aux rouges menée par les maccarthystes. Mais ses maîtres n’hésitent pas à en faire un bouc émissaire lorsqu’il devient trop encombrant.

Valerio Evangelisti est déjà l’auteur d’ Anthracite , roman social traité à la manière d’un western, qui se déroule à l’époque de la révolution industrielle dans les mines de Pennsylvanie.

Anthracite, vient d’être réédité en poche (Rivages Noir, 10 €).


Passé parfait

de Leonardo Padura

Points Seuil, 277 pages, 7 €.

Un cadre modèle d’une entreprise cubaine a mystérieusement disparu. L’improbable inspecteur Mario Conde est chargé de le retrouver. Son enquête suit l’itinéraire de ce personnage « exemplaire » qui a commencé sa carrière… en dénonçant ses camarades dans un camp de jeunesse. L’auteur, Léonardo Padura, rédacteur en chef d’une des rares revues littéraires de son pays, pose un regard ironique et un peu blasé sur la société cubaine. On relève sa prudence à s’attaquer au parti et critiquer Castro, mais il montre tout de même l’envers du décor et dénonce l’hypocrisie officielle.


La quatrième plaie

de Patrick Bard

Points Seuil, 282 pages, 7 €.

Une cargaison de médicaments destinés à des ONG a disparu en Ouganda en même temps qu’un médecin. Un autre médecin part à sa recherche et découvre une population terrorisée par une armée d’enfants soldats. Patrick Bard, qui a parcouru tous les continents comme photographe, connaît bien l’Afrique.

Il est aussi l’auteur de La Frontière , roman sur des assassinats de femmes employées par des entreprises américaines implantées à Ciudad Juarez pour exploiter une main-d’œuvre mexicaine bon marché. ( La frontière, Points Seuil, 384 pages, 7 €).


Chères toxines

de Jean-Paul Jody

Seuil, 352 pages, 20 €.

Un grand labo pharmaceutique s’apprête à lancer un nouveau médicament, le Zépam. Pour motiver ses cadres, ses patrons organisent un séminaire en Thaïlande. La description du comportement des cadres du labo, de leurs relations avec leurs patrons, les « communicants » et la population locale est hilarante. La chute et les méfaits du Zépam sont moins drôles.


Le très corruptible mandarin

de Qiu Xiaolong

Éditions Liana Levi, 374 pages, 19€.

Qiu Xiaolong est un écrivain chinois vivant aux États-Unis, où il a fait ses études, qui se présente comme fils de victimes de la révolution culturelle. Il écrit en anglais. Sa vision de la Chine est marquée par ses sympathies pour le capitalisme américain. La psychologie de son héros, l’inspecteur Chen, évoque celle des flics des romans américains. Toutefois, Xiaolong est bien informé et sait faire découvrir la société chinoise contemporaine. Dans son dernier roman, comme le titre l’indique, il s’en prend à la corruption qui ronge l’administration. Ses supérieurs incitent Chen à se contenter « d’écraser les moustiques sans se soucier des tigres » , car de puissants pontes du parti sont mouillés dans une sale affaire.

Le meilleur livre de Xiaolong reste Mort d’une héroïne rouge , qui raconte l’itinéraire d’une ex égérie de la révolution culturelle ( Mort d’une héroïne rouge, Points Seuil, 464 pages, 7 €).


La couleur de la peau

de Ramon Diaz-Eterovic

Métailié, 240 pages, 18 €.

Le racisme sévit aussi en Amérique latine, non seulement entre Blancs descendant des conquistadores et Indiens rescapés du génocide, mais entre métis et Indiens, et même entre ressortissants de diverses nationalités. Alberto Coiro, un jeune Péruvien venu chercher du travail à Santiago du Chili, va en faire l’amère expérience et disparaître. Pour tenter de le retrouver, son frère engage Heredia, détective qui évoque beaucoup Marlowe, le privé du romancier américain Chandler. Ensuite, nous découvrons les bas fonds de Santiago, l’univers de la misère, de l’émigration et du racisme.


Les bâtisseurs de l’Empire

de Thomas Kelly

Rivages Thriller, 426 pages, 23 €.

L’édification de l’Empire state building, véritable symbole de la puissance américaine bâti dans les années trente comme un défi à la crise économique, a fait beaucoup de victimes parmi les ouvriers employés à sa construction. Leur nombre exact reste inconnu, d’autant que beaucoup n’étaient pas déclarés. Le romancier Thomas Kelly met en scène son chantier gigantesque où se mêlent des milliers de travailleurs de toutes origines que la menace du chômage contraint à accepter des conditions de travail épouvantables. Mais, à côté de ceux qui triment, il y a ceux qui s’enrichissent d’innombrables trafics, car le chantier engloutit non seulement des vies humaines mais des capitaux colossaux. Le héros est un ouvrier irlandais qui hésite entre refaire sa vie aux États-Unis et retourner poursuivre le combat républicain en Irlande. En tentant d’acheter des armes pour les Républicains, il tombe sous la coupe de la maffia.

Ce roman vient après Le ventre de New York qui décrit notamment les conditions de travail hallucinantes des perceurs de tunnel, sous Reagan. L’auteur, Thomas Kelly, a lui-même exercé ce métier et les chantiers le fascinent. À un demi siècle d’écart, la situation de certains travailleurs manuels a moins changé qu’on pourrait le croire… (Le ventre de New York, Rivages Noir, 400 pages, 10 €).


La femme du ministre

de Gérard Delteil

Éditions de l’Archipel, 364 pages, 20,95 €.

Quand la politique spectacle mène au crime. Johanne Desroches, jeune journaliste un tantinet arriviste travaillant dans la presse féminine, accepte un travail de commande bien rémunéré et susceptible de booster sa carrière : rédiger la biographie de Renaud Chambon, ministre de l’Intérieur et candidat à l’Élysée. Tout se gâte quand la femme dudit ministre se lance dans une aventure susceptible de ridiculiser un politicien qui cherche à vendre l’image d’une famille unie. Johanne ne fait pas preuve de la souplesse attendue et, un matin, on retrouve son cadavre carbonisé dans le parc des Buttes Chaumont. Le roman introduit dans les coulisses du pouvoir, de ses services de communication et de ses barbouzes.

Du même auteur : KZ , qui a pour cadre un camp de concentration où une organisation clandestine dirigée par des communistes allemands prépare une insurrection à l’approche des troupes soviétiques. ( KZ , retour vers l’enfer , Éditions Métailié, Poche, 5,70 €).

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