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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 43, janvier-février 2006

Des CCP à la Banque postale... en marche vers la privatisation ?

Mis en ligne le 13 janvier 2006 Convergences Entreprises

Le 31 décembre 2005, un transfert d’actifs s’est opéré de La Poste, maison mère, vers la Banque postale, afin d’en constituer le capital.

Pouvoir être « une banque comme les autres », c’est ce que réclamaient depuis longtemps les dirigeants de La Poste. Car, du moins en théorie, les services financiers de La Poste faisaient encore partie du service public, attirant une clientèle le plus souvent modeste, et même les personnes à faibles revenus, refusées par les banques. Voilà donc l’affaire bouclée.

« Pas vocation à être la banque des pauvres... »

La Poste gère au total 48 millions de comptes (dont 11 millions de CCP et 22 millions de livrets A) pour 28 millions de clients. Mais, si ses services financiers sont très présents dans la population, ils ne sont pas encore assez rentables pour intéresser les actionnaires.

À La Poste, le Produit net bancaire (équivalent du chiffre d’affaires) par client est près de cinq fois plus faible que celui des banques de détail. Ainsi, plus de la moitié des 22 millions de livrets A ont un avoir inférieur à 150 €. Les voilà ces « mauvais clients », les pauvres qui se voient accusés d’augmenter les frais de gestion parce qu’ils utilisent leurs livrets A comme un « porte-monnaie », en venant plusieurs fois par semaine faire des retraits de petites sommes : 10 €, 20 €, voire moins. Et tout juste s’ils ne se plaignent pas de devoir faire à chaque fois une demi-heure de queue ! (Heureusement, les clients à SICAV sont reçus directement par le Conseiller financier). Voilà pourquoi nos directeurs l’affirment haut en fort : « La Poste n’a pas vocation à être la banque des pauvres ». Même les clients en difficulté doivent devenir rentables : le service bancaire de base, mis en place au nom de la « lutte contre l’exclusion », de gratuit passe à 36 € par an.

Les postiers promus « agents financiers », danger !

En ce qui concerne le personnel, dans l’immédiat, un millier de personnes rejoint la filiale mais, à terme, ce sont les 55 000 agents exerçant une activité financière à La Poste qui sont dans le collimateur, en particulier, les agents des centres régionaux (ce personnel est actuellement en quelque sorte « loué » par La Poste, devenue sous-traitante de la Banque postale). Mais déjà un rapport de la Cour des comptes a dénoncé leur productivité très inférieure à celle des principaux concurrents. Conclusion, pour pouvoir être privatisé, il va falloir faire des gains de productivité. Plus question bien entendu de remplacer les départs. Dans les 19 centres régionaux, où les effectifs sont déjà passés de 36 000 à 18 000 en une dizaine d’années, 2 800 nouvelles suppressions d’emplois sont prévues entre 2005 et 2008.

Pour préparer le passage à la Banque postale, on a mis en place dans tous les centres financiers des services d’« accueil téléphonique » qui n’ont rien à envier aux plates-formes du privé. L’informatique vient à la rescousse en surveillant le nombre d’appels auxquels il a été répondu, le temps passé pour chaque appel et le nombre de propositions commerciales effectuées. Le cadre peut contrôler en permanence sur son écran le suivi de l’activité des agents. Et, à la gestion administrative, chaque agent reçoit désormais en début de journée un nombre de dossiers à traiter, avec à la clé un entretien avec la hiérarchie quand les objectifs fixés ne sont pas atteints.

Première étape

Il est vrai que La Poste n’avait pas attendu d’être reconnue comme une banque à part entière pour développer des produits à valeur ajoutée (SICAV, assurance-vie, etc.) au détriment de sa gamme traditionnelle (mandats, CCP, livrets A), comme elle n’avait pas attendu pour supprimer des emplois, ou recruter des contractuels de droit privé. Et, pour les agents au contact avec le public, le harcèlement commercial était déjà devenu la règle, avec la multiplication des « challenges » pour vendre tel ou tel produit. Mais, avec la création de la Banque postale, le but est de passer à une étape supérieure. En échange de son agrément comme banque, La Poste s’est engagée à améliorer sa rentabilité, pour rejoindre « les normes du marché ». Elle prévoit une augmentation de 4,5 % par an de son Produit net bancaire, pour une hausse des charges de 2,2 % par an.

La Banque postale va donc pouvoir proposer de nouveaux produits sur le marché du crédit et de l’assurance. Ce que le statut de La Poste ne lui permettait pas. Les banques crient à la concurrence déloyale, mais elles espèrent bien bénéficier des retombées de cette opération. Elles demandent, par exemple, la banalisation du livret A, que seules La Poste et la Caisse d’épargne proposent actuellement. Elles espèrent aussi pouvoir rentrer dans le capital de la Banque postale... quand celle-ci sera devenue plus rentable. Car si, dans un premier temps, la Banque postale reste filiale à 100 % de La Poste, la loi de régulation postale prévoit la possibilité d’en ouvrir le capital, à condition que La Poste reste actionnaire majoritaire... D’autres exemples ont montré que ce n’était qu’une façon hypocrite de préparer la privatisation.

5 janvier 2006

Thierry FLAMAND

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Réactions à cet article

  • Oui, en Allemagne la tache est accomplie : la poste est privatisée de la facon décrite dans cet article. Toutes est devenues plus cher, les succursales sont beaucoup moins nombreuses, il y amoins d’employés etc... Mais quand même « nous » avons une banque de plus. « Nous » n’avons pas seulement les trois grandes banques d’antan qui jouent sûr toute la planète comme le Deutsche Bank, le Dresdener Bank, le Commerzbank. « Nous » nous flattons d’avoir une banque en plus qui veut devenir « global player » elle aussi, la Post -Bank. Nous avons aussi une centaine, si ce n’est pas plus, des petites banques, mais nous ne disposons plus d’un service comme la poste qui fonctionnait comme la poste francaise gratuitement .....Quel avantage pour les couches populaires, sauf la minorité des actionnaires supplémentaires

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