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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 45, mai-juin 2006

Débat : Réponse au Courant intersyndical lutte de classe et antibureaucratique

Mis en ligne le 25 avril 2006 Convergences Politique

Lancé dans la foulée de la journée d’action sans lendemain du 4 octobre 2005 et de la longue grève de la SNCM, l’Appel pour un courant intersyndical lutte de classe et antibureaucratique  [1] reprenait un constat partagé par nombre de travailleurs et de militants syndicaux : la situation sociale, marquée depuis des années par des reculs et l’échec des luttes face à l’offensive incessante du gouvernement et du patronat, mettait à l’ordre du jour la préparation d’une riposte d’ensemble de la classe ouvrière. Or, loin de chercher à faire converger les luttes, les directions syndicales privilégiaient les négociations tous azimuts, éventuellement appuyées sur des mobilisations sectorielles et des journées d’actions sans suite. À l’isolement des militants opposés à cette orientation, l’Appel proposait de répondre par la constitution d’un courant intersyndical fonctionnant comme « cadre commun de débat et de combat », comme « instrument de coordination et d’action » pour aider à l’unification des luttes. Étant évidemment ouverts à un tel débat et, lorsqu’elle est possible, à une coordination des interventions politiques et syndicales, nous avons accepté de participer aux premières réunions du comité constitué sur la base de cet Appel, sans y adhérer.

Nos réserves étaient diverses. Dans la situation actuelle, chercher à construire une telle opposition supposerait pour les militants révolutionnaires ouvriers un investissement quasi exclusif dans l’activité syndicale, au détriment d’un travail politique qui nous semble prioritaire. De toute façon l’organisation d’une opposition syndicale réelle présuppose une implantation dans les entreprises que les uns et les autres nous sommes encore loin d’avoir. Tous nos efforts sont consacrés à l’acquérir. Mais sans cette confrontation permanente avec la réalité du monde salarié le risque est de confondre le militantisme révolutionnaire avec la répétition de quelques formules qui, même justes en soi ou à certains moments, ne peuvent suffire à aider à l’élaboration d’une politique correspondant aux besoins militants de nos groupes tels qu’ils sont aujourd’hui.

Depuis, le mouvement contre le CPE s’est invité dans les débats. Et nos craintes se sont hélas vérifiées. Pendant deux mois, les tracts du Comité ont dénoncé les journées d’actions successives en les opposant à la perspective abstraite de la grève générale, répétition mécanique de ce qui pouvait être dit quand les confédérations se refusaient à donner une suite à la journée du 4 octobre... sans remarquer qu’au contraire, après le 7 février, les échéances des 7, 18 et 28 mars puis du 4 avril ont constitué autant d’étapes, de plus en plus rapprochées, d’une mobilisation croissante. Certes, en changeant de politique, les directions syndicales n’ont pas changé de nature ; elles ne visaient ni à permettre à la jeunesse d’imposer ses revendications justes, ni à entraîner les travailleurs dans une lutte d’ensemble contre la précarité. Ainsi leur refus d’inscrire dans leurs objectifs le retrait du CNE et de la LEC, et plus encore leur dérobade après le 4 avril... en refusant justement de proposer une nouvelle échéance de mobilisation pour aller au-delà du retrait du CPE. Mais en quoi avoir opposé les échéances précédentes à la grève générale, pour la construction de laquelle militait à juste titre une partie du mouvement étudiant, pouvait-il préparer étudiants et travailleurs à la dérobade des confédérations, à la comprendre et à imaginer une alternative crédible ? Surtout après avoir posé que cette grève générale ne pourrait venir que d’un appel des directions syndicales, qu’il fallait exiger d’elles voire leur imposer ? Ce n’est pas ainsi qu’on met en garde contre ces directions. Ce n’est pas plus en hurlant à tout et hors de propos à la trahison qu’on prépare les militants à réagir quand elle arrive.

Au delà de la nécessaire critique des directions syndicales, c’est pour nous sur l’autonomie de la classe ouvrière par rapport aux appareils syndicaux qu’il s’agit de miser que le but soit à court terme de les contraindre ou un jour de les déborder. Il y a sans doute sur une telle politique des débats à mener avec bien des syndicalistes critiques ; nous entendons bien les poursuivre avec les camarades réunis autour de l’Appel.

18 avril 2006

Gérard WEGAN


[1Voir la Tribune libre publiée dans le numéro 44 de Convergences Révolutionnaires par Christian, un camarade LCR appartenant au « Comité pour un courant intersyndical lutte de classe et antibureaucratique ».

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Numéro 45, mai-juin 2006

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