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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 60, novembre-décembre 2008

De réforme en réforme : Vers un hôpital public vidé de son personnel et de ses lits… bientôt de ses malades ?

Mis en ligne le 2 décembre 2008 Convergences Entreprises

Avant même la mise en place de la nouvelle réforme HPST (hôpital, patients, santé et territoires) que vient de lancer Roselyne Bachelot, la situation dans les hôpitaux est catastrophique. La quasi-totalité d’entre eux sont en déficit et, sous prétexte de revenir à l’équilibre, plus de 20 000 postes sont menacés sur les 800 000 actuels d’après la Fédération hospitalière de France (FHF).

Depuis 2004, mise en place de la réforme dite T2A, toujours d’après Claude Évin président de le FHF, « les situations déficitaires n’ont cessé de se multiplier et aujourd’hui, même les établissements les plus performants se trouvent confrontés à de graves difficultés financières » . Entre 2005 et 2007, le déficit global des CHU est passé de 24 à 367 millions d’euros, et il devrait approcher les 800 fin 2008 d’après l’Humanité du 10 novembre.

Des restrictions dans le public…

À Besançon, au CTE (Comité technique d’établissement) du 13 novembre, la direction a annoncé la couleur. Comme le déficit du CHU passera de 6 millions d’euros en 2008 à 15 pour 2009, les départs en retraite ne seront plus systématiquement remplacés, bon nombre de collègues en CAE ne voient plus leur contrat renouvelé et l’accord 35 heures devra être renégocié. En juillet, l’ARH (Agence régionale d’hospitalisation) avait déjà bloqué toute nouvelle embauche pour 2008 et 2009. La direction estime tout de même une augmentation de l’activité à plus de 2%.

Dans cette même Franche-Comté 640 postes sont menacés. L’ARH a déjà fermé 300 lits dans la région de Vesoul, Lure, Luxeuil et la maternité de l’hôpital de Gray. Un tiers des ASH ont déjà été supprimés à Lons-le-Saunier. Et l’ARH envisage la suppression de 300 autres lits dans la région de Belfort-Montbéliard et 178 postes sur trois ans.

À Nantes, où le déficit s’élevait à 33 millions en 2007, la direction met en place un véritable « plan social » déguisé et espère le départ volontaire de 200 agents pour économiser quelques 8 millions. Un décret de 1998 permet ces démissions en échange d’une indemnité variant suivant l’ancienneté et plafonnée à 41 800 € nets. L’État préfère débourser pour dégraisser les services, plutôt que pour leur permettre de fonctionner !

L’ensemble des présidents des Comités consultatifs médicaux (CCM) des 40 hôpitaux de l’AP-HP, représentant 15 000 médecins, s’alarment des «  restrictions budgétaires sans objectifs médicaux  » qui aboutissent «  à une paupérisation de nos hôpitaux » . Ils ont adressé un courrier au ministre de la Santé pour dénoncer un « étranglement financier délibéré » de leurs établissements (100 millions d’économie pour 2009, 300 d’ici 2012). En effet, un exemple parmi d’autres : faute de personnel, un service de chirurgie digestive va fermer à Ambroise-Paré (Boulogne) alors qu’il y a trois mois de liste d’attente.

… aux investissements dans le privé

Pendant ce temps, au Havre, où le 8 novembre les hospitaliers du public ont manifesté contre la suppression de 800 postes, la Générale de santé construit un nouvel hôpital privé. À Marseille, 54 millions devraient être alloués à la même Générale de santé pour son nouvel hôpital privé contre 10 pour l’ensemble de tous les établissements de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille. Le taux de rentabilité des entreprises comme la Générale de santé ou le groupe Capio varie entre 17,5 et 19 %.

Il ne faudrait pourtant pas croire que ces investissements vont servir à compenser les défaillances de l’État dans le secteur public. Faits sous le seul signe du profit escompté, ils vont au contraire les conforter. Ainsi l’hôpital privé à mission de service public Saint-Joseph, Paris 15e, annonce la fermeture de 11 lits de médecine infectieuse qui accueillaient des patients atteints du sida parce qu’ils n’étaient pas rentables. Et, d’après l’Humanité cette fermeture fait suite à celle d’environ 100 lits de gériatrie et de pédiatrie et la suppression d’environ 400 emplois, pour les mêmes raisons.

Tous les hôpitaux sont touchés, des dizaines de milliers de licenciements sont annoncés... mais les directions des centrales syndicales restent étonnement muettes, en tout cas sans proposition pour que personnel comme patients puissent réagir ensemble.

20 novembre 2008

Anne FONTAINE


La grogne qui monte

À Besançon, lundi 17 novembre plus de 300 travailleurs du CHU se réunissaient après le travail, à l’appel de l’intersyndicale. Chacun a pu dire ce qu’il avait sur le cœur et ce qu’il pensait de cette politique qui rend les conditions de travail encore plus difficiles et jette dans le chômage des collègues alors qu’on est déjà en sous effectif.

Il a été décidé d’aller au prochain conseil d’administration. Et, jeudi 20, un rassemblement de près de 400 personnes disait leur colère et leur refus de la remise en cause des RTT et du licenciement de collègues contractuels. Une camarade ASH a expliqué qu’elle était seule et avait deux enfants en bas âge. La suppression des 17 RTT, cela voudra dire qu’elle devra trouver une nounou pour s’occuper d’eux et que, vu son salaire d’environ 1300 €, elle ne voyait pas comment elle le pourrait. Le maire PS a bien expliqué qu’il nous soutenait... mais il n’a pas dit quelle attitude il allait avoir pendant le CA.

Rendez-vous a été pris pour être encore plus nombreux pour rencontrer le directeur de l’ARH, jeudi 27 novembre.

A.F.

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